En Bundesliga, Schalke (le club de la ville de Gelsenkirchen) n'est pas un géant. Juste un club régulier, plutôt dans la première moitié de tableau depuis quelques saisons. Mais il s'enorgueillit d'avoir formé quatre champions du monde 2014 au Brésil : Manuel Neuer (Bayern Munich), Mesut Özil (Arsenal), Benedikt Höwedes (Juventus) et Julian Draxler (Paris SG).
Son centre de formation est surnommé en Allemagne "la forge des mineurs". En référence à l'histoire de la région, où la population a longtemps été majoritairement constituée de mineurs de charbon. Parmi les dernières pépites, Leroy Sané (21 ans) est parti à Manchester City, Joël Matip (26 ans) joue à Liverpool et Sead Kolasinac (24 ans) à Arsenal.
Le prochain à émerger pourrait bien être un Américain de 19 ans du nom de Weston McKennie, que beaucoup voient comme un futur pilier de la sélection de son pays.
"Le talent est important, mais ce n'est que le premier pas" sur la voie du professionnalisme, explique Norbert Elgert à l'AFP. "La puissance athlétique et la capacité à s'intégrer dans une équipe sont aussi importants, et il y a aussi des éléments que l'on néglige trop souvent, comme le caractère, la personnalité, la volonté de progresser".
"Il faut avoir confiance en soi et jouer des coudes pour gagner sa place dans un effectif de 25 ou 30 joueurs, mais en même temps il faut être un team player", poursuit cet éducateur, toujours passionné malgré ses 60 ans, et fier de garder des liens avec ceux qui sont devenus des stars.
'Bienvenue à la maison'
Pendant l'interview, un message arrive sur son smartphone. Elgert, qui forme des jeunes depuis 1996, montre fièrement le nom qui s'affiche sur son écran : "Özil, Mesut".
"Je l'avais supervisé lors d'un test de détection des U17", se souvient-il, "certes il avait une formidable technique, mais surtout, il avait une impressionnante capacité à lire le jeu. Il regardait toujours la position de ses partenaires et prenait les bonnes décisions".
Retenu à Schalke, Özil a intégré l'équipe professionnelle en 2006, avant de partir deux ans plus tard pour Brême pour cinq millions d'euros. Plus tard, ce sera le Real Madrid, et Arsenal, qui déboursera 47 millions pour s'attacher ses services.
Manuel Neuer est un autre de ses favoris. "Je connais Manu depuis qu'il a 10 ou 12 ans, à l'époque il n'était pas fixé sur le poste de gardien, il était joueur de champ (...) Lorsqu'il est arrivé en U19, son ambition a commencé à être visible. Il était deuxième gardien de l'équipe, un autre était devant lui. Je lui ai dit : 'Manu, avec ton talent, il n'appartient qu'à toi de devenir titulaire'. Il est rapidement devenu le meilleur de notre équipe U19, et même de l'équipe nationale."
Elgert en est certain, si Schalke avait pu garder tous les talents qu'il a formés, "nous aurions pu concurrencer le Bayern Munich. Mais c'est le passé, et le club en a tiré profit financièrement".
"Quand ils partent, ça fait mal au coeur", avoue-t-il, "Sead (Kolasinac) par exemple, a beaucoup progressé ici. D'un autre côté je suis content pour lui".
"Mais ceux qui partent, comme Manu, auront toujours une petite part de Schalke au fond d'eux-mêmes", veut croire Elgert : "Et lorsqu'ils viennent jouer ici, je les accueille toujours en leur disant "Bienvenue à la maison".