Ce n'est peut-être pas en visionnant les derniers matches de Saint-Etienne avant la trêve que Paul-Georges Ntep ou Yann M'Vila ont décidé de rallier le Forez. Comme Neven Subotic cette semaine, les deux internationaux français ont choisi ce club pour son histoire, son prestige, son atmosphère. C'est un risque. Mais les deux renforts des Verts, comme trois autres joueurs cadres, peuvent donner une autre tournure à cette saison pénible. Gros plan sur cinq Bleus qui peuvent aider Saint-Etienne à reverdir.
Paul-Georges Ntep, le détonateur
Un an après son départ de Rennes, Paul-Georges Ntep fait donc son grand retour dans l'Hexagone. Son expérience en Allemagne, à Wolfsburg, a été tronquée par des pépins physiques et un temps de jeu insuffisant. L'ailier formé à Auxerre était dans le viseur de nombreux clubs français (Nice, Nantes, Bordeaux notamment). Il n'a pas fait le choix de la facilité, et l'assume. "J'ai choisi Saint-Etienne par rapport aux discussions avec le coach et parce que je voulais revenir dans un groupe que je connaissais" , a-t-il expliqué lors de sa présentation officielle, avant de lancer un appel mobilisateur : "Il va falloir que chacun prenne ses responsabilités. Que chacun se donne à 100, voire même 200%".
Le motif d'espoir : son pouvoir de percussion. Paul-Georges Ntep est connu pour ses jambes de feu, déjà. Et son tempérament. S'il retrouve l'intégralité de ses moyens, l'ancien Rennais a la vitesse, la puissance et la palette de dribbles nécessaire pour enflammer le Chaudron et créer des brèches dans les défenses. Dans un club qui souffre depuis des années d'un manque de créativité, son arrivée peut être salvatrice.
L'interrogation : ses sensations. Comme tous les attaquants de son profil, l'international français est aussi dépendant de sa condition physique. En Allemagne, mais aussi à Rennes les années précédentes, il a fréquemment été freiné par des blessures. Son style, fait de changements d'appui et de coups de rein, est très exigeant.
Yann M'Vila, le stabilisateur
Le football français avait un peu perdu de vue Yann M'Vila ces dernières années. L'ancien milieu du Stade Rennais a beaucoup bourlingué. En Russie, loin des projecteurs. En Italie ou en Angleterre, aussi, avec de brèves expériences à l'Inter et à Sunderland. "Je me suis perdu" , a-t-il concédé dans des propos accordés au Dauphiné Libéré. "Je me suis trompé, j'ai effectué des mauvais choix. C’est la vie. Mais j’ai mûri. Aujourd’hui, j’ai 27 ans, je suis marié, père de quatre enfants. J’ai appris de mes expérience".
Le motif d'espoir : sa justesse technique. Dès ses premiers pas à Metz - et malgré une nouvelle soirée délicate pour les Verts (défaites (3-0), Yann M'Vila a détonné dans le marasme collectif par sa déchet minime. C'est cette qualité-là qui a fait grimper sa cote en flèche dans les premières années de sa carrière.
L'interrogation : son impact athlétique. Par sa position stratégique dans une zone qui a beaucoup subi cette saison, le milieu défensif va aussi devoir amener de l'impact pour solidifier le bloc stéphanois. Son activité à la récupération du ballon sera un baromètre pour Saint-Etienne. Pour le moment, cet aspect-là est perfectible, mais son expérience récente en Angleterre est encourageante.
Stéphane Ruffier, le gardien du temple
Et si Stéphane Ruffier n'avait pas été l'arbre qui cache la forêt depuis des années ? Le gardien des Verts a longtemps été le facteur X de cette équipe laborieuse, l'élément déterminant pour la faire basculer dans la bonne partie du classement. Mais le temps passe. Et ce contexte est usant, même s'il le met en valeur, quelque part. D'autant que Ruffier, 31 ans, attaque sa septième saison dans le Forez.
Le motif d'espoir : son niveau global. S'il traverse certainement la campagne la plus éprouvante de sa carrière à Saint-Etienne, le gardien des Verts reste un maillon fort de ce groupe. Son dernier but encaissé sur un coup-franc de Cyprien à Nice (1-0) a démontré une friabilité inhabituelle, mais elle ne reflète pas son niveau réel. Et cette mauvaise phase personnelle prendra forcément fin. C'est toute l'AS Saint-Etienne qui pourrait le ressentir.
L'interrogation : sa nervosité. Détaché du milieu, Stéphane Ruffier apparait comme une personnalité distante. Mais ce trait de caractère a laissé place à de la nervosité. Abandonné par son arrière-garde, le dernier rempart des Verts doit contenir sa frustration. Son expulsion récente contre Monaco (0-4) après avoir touché un arbitre-assistant a entraîné une suspension de 4 matches. Une sanction lourde, trop lourde pour l'ASSE, qui a fait appel. Sans succès.
Loïc Perrin, le guide
Capitaine et patron de défense, Loïc Perrin bonifie naturellement Saint-Etienne, car cette équipe a autant besoin de combativité sur le terrain que de sérénité en dehors. Deux qualités essentielles et souvent contagieuses quand le défenseur de 32 ans est aligné.
Le motif d'espoir : son leadership. Dans un groupe en quête de leaders, Perrin tient son rang. Il a pris la parole à plusieurs reprises pendant la tempête traversée par le club. Ce n'est pas une surprise pour un joueur qui n'est pas du genre à fuir ses responsabilités, même pour des rencontres où il a dû déclarer forfait. Une détermination qui se traduit par exemple dans sa présence sur les coups de pied arrêtés, y compris offensifs.
L'interrogation : sa fragilité. Cette saison encore, Loïc Perrin a passé beaucoup de temps à l'infimerie. Son absence de deux mois a coïncidé avec la chute libre des Verts au classement avant Noël.
Rémy Cabella, le revanchard
Prêté un an par l'Olympique de Marseille, Rémy Cabella voulait se relancer à Saint-Etienne. Dans un tel contexte collectif, sa mission est presque impossible. Le milieu offensif ne peut pas se projeter dans la durée à l'ASSE, mais son rôle sera notable dans la suite de cette saison.
Le motif d'espoir : sa vista. Le début de saison de Cabella a été l'un des rares motifs de satisfaction de la phase aller. Sa qualité de passe et sa mobilité étaient appréciées par Oscar Garcia quand l'Espagnol était encore aux commandes...
L'interrogation : sa fragilité (aussi). Blessé au pied au cœur de l'automne, Rémy Cabella a aussi manqué une période charnière pour le club. Dans une équipe non dominante, son poids plume (1,71m, 68 kg) est exposé.