Depuis son arrivée à l’OL l’été dernier, Martin Terrier n’a participé qu’à 11 rencontres de Ligue 1 dans la peau d’un titulaire. En termes de temps de jeu (1092 minutes), l’international Espoirs français se situe dans la seconde tranche de l’effectif lyonnais, clairement identifiée comme celle des remplaçants. En cette fin d’exercice où l’OL joue gros et serré, il prouve pourtant que ses qualités auraient pu être exploitées davantage. Dans un environnement mouvant, l’ancien lillois a tout intérêt à prouver qu’il peut bien être l’un des joueurs de demain.
Une efficacité qui a manqué toute la saison à Lyon
Ce sont d’abord les défaillances des autres qui ont mis Martin Terrier sur le devant de la scène. Le manque d’efficacité de Memphis Depay, les inconstances de Bertrand Traoré ou les absences trop récurrentes de Nabil Fekir - pour ne citer qu’eux - ont conduit Bruno Genesio à donner plus d’espace au jeune attaquant de 21 ans. Sur les 5 derniers matches de Ligue 1, Martin Terrier a inscrit 5 des 8 buts de l’Olympique lyonnais… et s’est donc rendu incontournable pour la fin de la saison.
Car au delà du bilan purement comptable, c’est son efficacité qui tranche dans un collectif qui en a manqué toute la saison. Sur ses 5 titularisations, Martin Terrier a tiré 10 fois, cadré 8 et marqué 5 buts ; une statistique qui revient à dire que 50% de ses tentatives se concrétisent. "Je pense qu’il a pris confiance et conscience de ses possibilités, expliquait un peu tardivement Bruno Genesio, jeudi en conférence de presse. Comme c’est un joueur qui a beaucoup de qualités, il les exprime aujourd’hui sur le terrain".
Il doit s’imposer sur plusieurs fronts
Pourquoi l’entraîneur rhodanien n’a-t-il pas réellement lancé son attaquant plus tôt ? Pendant longtemps, les dés de la concurrence avec les autres offensifs (Traoré, Depay, Fekir) ont semblé pipés. Peut-être l’estimait-il encore un peu juste pour s’imposer comme un élément de premier plan. "Je pense qu’il a pris conscience au niveau mental du travail qu’il avait à faire et il a encore des progrès à faire, reprenait Genesio. Il faut qu’il travaille dans la continuité. Parfois il a des périodes dans le match où il manque de concentration, où dans le repli défensif il est en retard". Mais les chiffres compensent largement les manques affichés dans la maîtrise d’un poste qui ne lui est même pas clairement attitré. Sa polyvalence - il est capable d’évoluer sur un côté, en pointe ou en soutien de l’attaquant - a également pu le freiner dans son parcours.
Car les qualités intrinsèques du joueur sont depuis longtemps établies. "Il peut se retourner très rapidement, dribbler, accélérer, frapper, faire marquer", nous expliquait Patrick Collot, l’ancien adjoint de Frédéric Antonetti à Lille lorsque Martin Terrier y évoluait. Et à cette époque, l’ancien dogue, qui cartonnait en prêt à Strasbourg, empilait les buts avec l’équipe de France Espoirs. La médiatisation qui s’en était suivie avait d’ailleurs joué un rôle majeur dans son transfert vers l’OL. Mais à l’époque, cela soulevait un autre aspect de sa personnalité qui peut encore aujourd’hui expliquer certaines choses. "Cela lui avait permis de se rendre compte de ses qualités parce que parfois on a l'impression qu'il doute de lui-même", ajoutait Collot à propos d'un joueur "humble, peut-être trop."
Dans le groupe, Martin Terrier est comme dans la vie : agréable, calme, introverti… peut-être même un peu trop effacé. Un peu plus de caractère lui aurait-il permis de prendre plus de place sur le plan sportif ? Il n’est pas totalement absurde de le penser, a fortiori lorsqu’on observe les conséquences positives qu’ont longtemps eu les sorties affirmées de Memphis Depay lorsque les situations lui étaient défavorables. Le montant de son transfert (11M€ + 4M€ de bonus), lui permettrait pourtant de pouvoir affirmer plus fermement certaines positions. Dès lors que ses performances sur le terrain le permettent, comme c’est le cas actuellement, Martin Terrier doit cumuler le maximum d’"acquis", de surcroît dans un environnement qui bougera en fin de saison. S’il pourrait être sollicité, il pourrait tout aussi bien être l’un des joueurs phares de la prochaine campagne lyonnaise. "Je suivrai avec attention la saison prochaine parce que je pense que ça peut être une des grandes révélations du championnat", déclarait Bruno Genesio pour le mot de la fin.