Tout va très vite pour Illan Meslier. À 18 ans, le gardien d'1m96 a été promu numéro un par Mickaël Landreau à Lorient. Un nouveau statut qui ne semble pas perturber le jeune homme, qui a débuté en pro par une série de cinq clean sheets en autant de matchs, avant que celle-ci ne prenne fin avant la trêve face au Paris FC (2-1). "Il fallait bien que ça se termine", a-t-il répondu lorsque nous l'avons appelé lundi en plein rassemblement avec l'équipe de France U19. La découverte d'un garçon lucide, bien dans ses baskets, que plusieurs de ses proches décrivent comme une force tranquille. Et qui a pris conscience au fil du temps qu'il avait un coup à jouer dans le football de haut niveau.
"Ce n'est qu'un début, il faut que je continue"
"C'est un super gamin. Il est assez atypique par rapport aux jeunes qu'on peut avoir dans les centres. Illan, c'est la force tranquille", lâche pour Goal son mentor, Stéphane Le Garrec, qui l'a accompagné au FCL des U13 jusqu'à ses 17 ans. "Je le compare un peu à Benjamin Lecomte que j'ai eu en formation. Chez Benjamin, on sentait une vraie personnalité, il savait ce qu'il voulait. Pour Illan, ça s'est fait progressivement, avec une période charnière en U17. On l'avait surclassé pour qu'il joue en Gambardella, il a montré des choses étonnantes et lui même s'est rendu compte de ses qualités à ce moment-là." Pourtant, il n'était pas forcément destiné à être gardien de but au départ. "C'est arrivé un peu par hasard, confirme Meslier. Ça fait bizarre de se dire ça aujourd'hui, mais c'est vrai. J'avais huit ans. Avec mon ancien club (Merlevenez), on jouait un tournoi à Hennebont. Il n'y avait pas de gardien. On m'a demandé d'y aller, et c'est seulement quand Lorient est venu me chercher, à neuf ans, que je me suis dit que je ne pouvais plus bouger."
Depuis, Illan Meslier a fait du chemin. Et cette saison, il a profité de la méforme de Danijel Petkovic pour se faire sa place. "Honnêtement, j'étais parti pour être numéro deux, faire les matchs de coupe. Mais ça s'est accéléré pour moi, et du coup j'en ai profité pour jouer contre Metz, Béziers et le Paris FC." Aujourd'hui, il est observé, épié. La presse le sollicite beaucoup plus. Mais encore une fois, il reste de marbre. "Ça parlait déjà de moi cet été avec le mercato. À chaque match de Coupe de la Ligue et de championnat, pareil. Ce n'est pas quelque chose qui me perturbe", assure Meslier, aussi bluffant sur le terrain qu'en interview. Un calme olympien qu'il tient "en grande partie de (sa) mère et de (son) père." Des parents présents dans les moments difficiles. Comme lorsqu'il était en quatrième, à l'internat, et qu'il fallait tenir bon malgré les coups de blues. "Ce n'était pas facile tous les soirs, se souvient le gardien. Il fallait avoir un caractère fort pour tenir, mais aujourd'hui je suis là où j'en suis. Je suis plutôt content, ce n'est qu'un début et il faut que je continue."
Suivi par les grosses cylindrées européennes
Il y a un an, c'est sur la pointe des pieds qu'il arrivait en sélection. Lionel Rouxel, qui l'avait sélectionné pour la Coupe du monde U17 en Inde, s'en souvient parfaitement. "On ne l'avait pas entendu pendant trois semaines, explique-t-il à Goal. Maintenant, il s'est ouvert aux autres. Il parle beaucoup plus, sur le terrain et en dehors." Un réel changement dans le comportement du jeune gardien, grand, longiligne, et que de nombreux clubs, dont l'AS Monaco, observent avec attention. L'été dernier, le club princier a même tenté de le recruter. "Mais au final, j'ai décidé de rester à Lorient pour pouvoir jouer en pro le plus vite possible", répond l'intéressé. Un plan de carrière bien précis qu'il détaille sans broncher : "Je veux toujours viser plus haut. L'objectif, c'est de monter en Ligue 1, de faire tous les matchs d'ici la fin de saison. Et si on monte, de continuer à jouer pour Lorient. Si on est amené à rester en Ligue 2, on modifiera peut-être les plans. Mais pour l'instant, je suis bien là, je continue à travailler, à progresser, et c'est le plus important."
"Depuis un an, ce n'est plus le même bonhomme, reprend Stéphane Le Garrec. Avant, il était dans l'observation, il avait les yeux grands ouverts. Aujourd'hui, il a compris qu'il avait des choses à faire." Ce que Lionel Rouxel confirme aisément : "Il n'est plus dans la découverte. Il a participé aux séances et aux matchs de haut niveau. Il a encore des détails à régler sur son positionnement et sa communication, mais il avance bien et j'espère qu'on va en faire bon gardien de la sélection." Le grand espoir du poste s'est fixé une ligne de conduite qu'il entend bien garder : "J'essaye d'être naturel au maximum, de jouer mon jeu en équipe de France comme en club. Je ne me prends pas la tête, je prends les choses les unes après les autres, sans me mettre de pression." Et la force tranquille dans tout ça ? "On peut dire ça", réplique-t-il, sans broncher. Mais non sans une pointe d'humilité.