Dans la continuité de la prise de pouvoir des nouveaux dirigeants américains, Bordeaux voulait un entraîneur reconnu sur le plan international et capable de lui donner de la hauteur. Le choix de GACP (General American Capital Partners) et de son président Joseph DaGrosa s’est donc porté sur Paulo Sousa, 48 ans, et sans club depuis son départ du Tianjin Quanjian en octobre dernier. Avec son CV intéressant à travers ses expériences notamment à la Fiorentina et à Bâle, Paulo Sousa a posé ses valises depuis une semaine au Haillan. Le technicien portugais a pu faire connaissance avec son effectif mais aussi avec les rouages d’un club empêtré dans le ventre mou et un anonymat de plus en plus prononcé.
Intensité, tactique et exigence
Le natif de Viseu n’a pas l’intention de laisser les joueurs en paix jusqu’à la fin de la saison histoire de préparer la suivante. Intensité, tactique et exigence sont les mots qui définissent bien la première semaine de travail de Paulo Sousa qui veut mobiliser l’ensemble de son groupe pour les dix journées restantes. Dans une vidéo diffusée vendredi sur les réseaux sociaux par le club, le nouvel homme fort des Girondins présentait à ses joueurs son assistant Victor Sanchez Llado. Un changement d’état d’esprit est ainsi évoqué par Sousa qui s’exprime en français devant son groupe. "Victor va donner beaucoup pour que vous ayez un certain niveau de possession, pour garder le ballon. L’importance de l’orientation de notre corps, le timing, il va travailler tout cela." Un discours qui porte et qui démontré la volonté de convaincre de la part d’un entraîneur qui a changé neuf fois de banc en l’espace de 11 mois.
D'abord sélectionneur adjoint du Portugal pendant quatre mois en 2008, Paulo Sousa accepte d'être pour la première fois le protagoniste principal du côté des Queens Park Rangers (Championship) où il ne restera pas longtemps. Sa première saison complète se déroule à Swansea, toujours en D2 anglaise, où il échoue aux porte des play-offs. Jamais deux sans trois, le Portugais enchaîne par un nouveau club en Albion avec Leicester. Encore une fois, l'expérience tourne court avec une éviction au bout de cinq mois. C"est en voyageant à travers l'Europe que l'ancien milieu va forger ses idées et son management. Ses passages à Videoton (Hongrie), au Maccabi Tel-Aviv (Israël) et Bâle vont lui donner des certitudes. Il s'offre aussi des instants de prestige avec une victoire en phase de groupes de la Ligue des champions contre Liverpool et une qualification en 8e de finale aux dépends des Reds.
"Le style de jeu de Sousa est basé sur la possession"
Cette instabilité a de quoi interpeller mais n’est pas forcément un facteur négatif. Sousa a connu des désillusions mais aussi des moments convaincants où il a pu mettre en place ses idées. Son passage le plus marquant reste sans doute la Fiorentina. Pendant deux saisons (2015-2017), le technicien lusitanien a pu s’exercer dans l’un des championnats les plus relevés tactiquement. Simone Gambino, journaliste pour 'Goal Italie', se souvient d’un coach pragmatique qui a alterné le bon et le moins bon à la Viola. "Son expérience à la Fiorentina a été un véritable mélange entre la lumière et l’ombre. Il a débuté sa première saison avec 6 victoires en sept matches, amenant la Fiorentina à la tête du classement de Serie A pour la première fois depuis 1999, la victoire 4-1 à San Siro contre l'Inter étant le parfait exemple de sa philosophie du football."
Les beaux espoirs entrevus lors des premiers mois n’ont pas donné suite lors de sa seconde saison en Italie, avec l’échec d’une qualification européenne qui a précipité sa chute. Néanmoins, Paulo Sousa s’est fait remarquer de l’autre côté des Alpes, notamment pour ses préceptes sur le terrain. "Le style de jeu de Sousa est basé sur la possession, indique Simone Gambino. Il aime les joueurs avec de la technique et de la polyvalence pour lui permettre de modifier sa tactique en cours de match pendant les 90 minutes." Si tout n’a pas été parfait lors de son premier passage en Italie, l’entraîneur portugais a été longtemps annoncé dans le viseur de l’AS Rome pour succéder à Eusebio Di Francesco. Après sa signature aux Girondins, le club romain a finalement engagé Claudio Ranieri.
Par rapport à sa dernière expérience, Yue Yu, journaliste chinois, revient sur le passage mitigé de Paulo Sousa au Tianjin Quanjian. La méthode de l’ancien joueur de la Juventus n’aurait pas reçu le même accueil qu’en Italie. "Les raisons de son licenciement étaient surtout liées à des résultats insatisfaisants. Sousa avait décidé de ne pas utiliser de joueurs chinois et de ne pas effectuer de rotation importante. Il a finalement perdu le soutien du vestiaire et de la direction." Des choix forts ou têtus selon les points de vue, Paulo Sousa sait où il va. Un certitude qu’il n’hésitera pas à mettre en place au Haillan où le club lui a fait confiance pour au minimum trois ans, jusqu’en 2022. Reste à savoir si la fusion entre les deux parties prendra ou restera une simple promesse.