Il est de ceux qui se défoncent pour son équipe. Un soldat aux airs de bad-boy, "prêt à mourir sur le terrain" pour son collègue, qu'il soit son ami ou non dans la vie de tous les jours. Anthony Gonçalves est de cette trempe. Un leader dans l'âme. "Au travail, chacun à son comportement. Moi, je suis possédé, explique à 'Goal' le milieu strasbourgeois. Beaucoup de personnes disent ne pas me reconnaître, parce dans la vie j'ai une image à l'opposé, mais sur le terrain, je me bats pour l'équipe, pour un club, et je n'aime pas me faire marcher dessus."
Le trentenaire, qui fêtera ses 32 ans le mois prochain, ne le cache pas. "Il ne faut pas me manquer de respect." Pour autant, en dehors du terrain, c'est quelqu'un de plutôt réservé, qui ne cherche pas la lumière des projecteurs : "Pour voir si je suis déçu à la fin d'un match, il suffit de regarder mon visage. Je n'ai pas besoin de Twitter ou d'Instagram pour te raconter que je suis fâché d'avoir perdu." Philippe Hinschberger, son ancien entraîneur à Laval, le décrit comme un loup-garou. "C'est un bon soldat, un leader dans l'engagement, que ce soit à l'entraînement ou en match. Il se donne des allures de méchant, mais en dehors c'est une éponge", raconte celui avec qui Anthony Gonçalves a gardé de fortes attaches.
"Je pense que les gens voient que je ne triche pas"
S'il découvre la Ligue 1 sur le tard, le milieu du Racing ne manque pas d'expérience. Pourtant, à Laval, sa carrière a bien failli ne jamais décoller, le club ayant d'abord décidé de ne pas le conserver avant de faire machine arrière alors qu'il avait 21 ans. "Ma mère était en pleurs, se souvient Anthony Gonçalves. Elle m'avait dit : 'tu crois qu'ils ne peuvent pas changer d'avis ?' Je lui avais expliqué que non, c'était comme ça." Mais le vent a tourné et sur les conseils de Philippe Hinschberger le club a fini par le conserver. "Anthony n'était pas le plus talentueux, rappelle l'ancien entraîneur de Laval. C'était un bon joueur de football, mais il avait surtout des qualités mentales et une croyance en lui bien plus importantes que les autres."
"Ça a peut-être été un déclic. Disons que c'est là que j'ai commencé à avoir le retour de quelque chose", commente l'intéressé. Alors, quand Marc Keller a appelé Philippe Hinschberger en 2016 pour lui demander ce qu'il pensait de son ancien capitaine, la réponse a été immédiate : "Je lui ai dit 'prends le tout de suite'. Il va t'emmener la Meinau avec toi." Une prédiction qui s'est avérée juste et qui étonne encore Gonçalves : "À ma grande surprise, j'ai été adopté facilement ici. J'ai toujours du mal à comprendre que les gens puissent m'apprécier à ce point. C'était le cas aussi à Laval. Je pense que les gens voient que je ne triche pas sur le terrain, que je suis quelqu'un d'entier et que je me donne sans compter."
Les valeurs énumérées par Armand Djiré, son entraîneur à Chartres, vont dans ce sens : "Anthony, tu l'aimes ou tu ne l'aimes pas, mais si tu le gardes, il joue. C'est un leader de vestiaire. Un joueur qui ne lâche rien. Il est très famille et n'oublie pas d'où il vient." La fierté de ses parents, voilà peut-être la clé de son parcours. "Ils se sont sacrifiés pour moi, ont fait des efforts financiers conséquents. J'ai toujours voulu me surpasser pour leur rendre la pareille. Et quand t'as une force comme ça derrière toi, tu peux soulever des montagnes." Samedi (17h00), l'Everest, en l'occurence le PSG, se dressera devant lui. Un défi à la hauteur du soldat Gonçalves qui pourra compter sur le soutien de ses proches, présents au Parc des Princes.
Propos recueillis par Benjamin Quarez