Aucun doute pour cette fois, le Laugardalsvöllur, petit stade de Reykjavik, et ses 9.800 places vibrera comme un seul homme pour ses "Bleus" à lui pour ce match qualificatif à l'Euro-2020: l'intégralité des billets pour la rencontre s'est vendue en un peu plus d'une heure.
Mais l'enthousiasme débordant de la nation toute entière qui soutenait son équipe à coups de cris vikings face aux mêmes Français en quart de finale (perdu) de l'Euro-2016, puis la ferveur des qualifications à la Coupe du monde deux ans plus tard, où elle avait fini première de son groupe, ont progressivement fait place au pragmatisme.
"Nous n'attendons pas de l'équipe qu'elle gagne plus que ce dont elle est capable", assure à l'AFP Hilmar Jökull Stefansson, 24 ans et increvable membre de "Tolfan" le seul groupe officiel de supporters du pays.
Et pour cause: la phase finale du Mondial en Russie a été discrète - le pays a fini dernier de son groupe - puis les débuts de son nouveau sélectionneur, Erik Hamrén - pourtant un Suédois comme Lagerbäck avec qui l'équipe a côtoyé le succès - cahoteux.
Aucune victoire lors de ses huit premières rencontres et des résultats décevants en ligue des Nations : quatre matches, autant de défaites.
"Nous n'avons pas tellement développé notre style de jeu et c'est une mauvaise chose", déplore Haukur Hardarson, journaliste sportif à la télévision publique, la RUV. "Nous ne surprenons plus personne désormais".
Un "Huh !" plus timide
L'équipe s'appuie toujours sur ses anciens, expérimentés mais vieillissants, particulièrement dans le secteur défensif qui manque aujourd'hui de vivacité.
Bien que talentueuse, à l'image des milieux de terrain Albert Gudmundsson (22 ans, AZ Alkmaar) ou Arnor Sigurdsson (20 ans, CSKA Moscou) actuellement blessés, la nouvelle génération tarde à s'épanouir sur le terrain. Face à la Moldavie début septembre pour les qualifications à l'Euro-2020, 9 des 11 joueurs alignés étaient titulaires à l'Euro-2016.
Si le mémorable "Huh!", rendu célèbre pendant la saga de l'Euro, résonne toujours dans le Laugardalsvöllur, les débuts d'Hamrén ont douché l'enthousiasme de nombreux supporters islandais.
"Les gens ne se disputent plus les billets pour des équipes moyennes. C'est un changement majeur", remarque Haukur Hardarson.
Le stade national était loin d’afficher complet lors du dernier match à Reykjavík contre les Moldaves, où seulement 8.338 spectateurs étaient présents, la plus faible affluence pour une rencontre de l'équipe nationale masculine depuis cinq ans.
"Le stade était rempli à 90% donc ce n'était pas si terrible que cela en réalité", relativise le président de la fédération, Gudni Bergsson.
"Une petite nation du football"
Cet ancien international a renouvelé sa confiance au sélectionneur dans un entretien avec un quotidien local car l'Islande est toujours en course pour une troisième qualification d'affilée à un tournoi international.
41e au classement FIFA, l'Islande, dont l'équipe est surnommée "nos gars", est toutefois à son plus mauvais rang depuis 2014.
"Nous serons toujours une petite nation du football à cause de notre faible population", admet Gudni Bergsson. "Mais le succès récent nous incite à être encore plus ambitieux que par le passé en voulant être compétitifs au plus haut niveau".
Le football reste de très loin le sport le plus populaire sur la petite île de l'Atlantique-Nord, avec près de 25.500 licenciés enregistrés en 2017, devant le golf (19.400) et l'équitation (12.100).
Et ce qui ne change pas non plus, c'est "l'agressivité, l'esprit combatif" de la sélection et "sa bonne réputation à domicile", comme le résume un fan, Hilmar.
Au Laugardalsvöllur, l'Islande n'a perdu que trois des 22 matches qu'elle y a joué ces six dernières années.