Nous parlons toujours des cinq grands européens en tant qu'exemple du football de notre continent, mais aussi en tant que football de référence dans le monde. Et si l'Espagne était un jour sur le toit du monde, nous sommes aujourd'hui en pleine "ère Premier League".
Une fois encore, nous nous servons des données du laboratoire de statistiques ProFootballDB pour examiner les indicateurs de cette nouvelle réalité du football. Nous utiliserons pour cette étude l'indice ELO créé par ProFootball. Il s'agit d'un indice (sur 100) qui mesure le niveau des joueurs en fonction de plusieurs critères (buts, passes décisives, parcours, niveau de difficulté des compétitions, état de forme...). Plus son niveau est proche de 100, plus le joueur en question est fort.
L'indice ELO est actualisé tous les jours par la base de données utilisée. Et si l'on fait la moyenne de tous les ELO des joueurs de chaque championnat, c'est bien la moyenne de la Premier League qui est la plus élevée, avec un indice de 71.7. La Liga se trouve derrière avec 69.74, et l'Italie a un indice moyen de 67.84.
Et c'est là qu'arrive la surprise. Si la Ligue 1 a toujours été vue comme la plus faible des cinq grands championnats, la "farmer's league" comme disent ses détracteurs, l'indice moyen de ses joueurs est plus élevé que celui de la Bundesliga. Une Bundesliga qui fait pourtant beaucoup parler cette saison. L'indice ELO moyen des joueurs de Ligue 1 est de 67.30, contre 66.32 pour la Bundesliga.
Quel championnat européen a le plus de talent ?
— BeSoccer FR (@BeSoccerFR) June 3, 2020
Avec l'indice ELO de @ProFootballDB, découvrez quel championnat européen est "plus fort" que les autres !
Spoiler alert : la #Ligue1 va en surprendre plus d'un !
https://t.co/PAUqWfIWDR pic.twitter.com/uYq5zugvlS
Des championnats plus très surprenants
La Premier League est aussi considérée comme la meilleure des dernières années en raison de sa compétitivité. Car il ne faut pas oublier que le Bayern Munich a remporté sept titres consécutifs en Bundesliga, et est de plus en plus proche d'en décrocher un huitième. En France, le PSG a remporté sept des huit derniers titres, et la Juventus en tient huit consécutifs pour le moment, tout en étant leader actuellement au classement de Serie A, malgré la rivalité avec l'Inter Milan et la Lazio Rome.
La Liga espagnole n'est pas non plus un bon exemple de compétitivité, puisque l'Atlético Madrid est la seule équipe à avoir pu mettre la main sur le trophée de "campéon" lors des 14 dernières années de championnat face à la domination claire du Real Madrid et le FC Barcelone.
La Premier League est le championnat qui se démarque le plus en ce sens, puisqu'elle a vu quatre équipes différentes être championnes sur les cinq dernières années (Leicester, Chelsea, Manchester City x2, et Liverpool sur la bonne voie).
En revanche, sur ce millénaire, c'est la Ligue 1 qui a eu le plus de champions différents, avec huit équipes. La Premier League en a eu six différents (si nous ajoutons Liverpool comme champion de la saison actuelle).
Les joueurs les plus valorisés
Cependant, le niveau des championnats est aujourd'hui marqué par le niveau de ses joueurs. Et encore une fois, la Premier League est composée d'un grand nombre de joueurs considérés comme "les meilleurs du monde".
Sept des dix-huit joueurs qui ont un indice ELO supérieur à 90 évoluent dans l'élite anglaise. Il s'agit de Kane, Aubameyang, Bruno Fernandes, Raúl Jiménez, Alisson, Salah et Van Dijk. La compétition a toujours attiré les plus grands joueurs grâce à son football bien spécifique, pour le niveau important des équipes, et maintenant, des joueurs qui y jouent.
Les "seuls" joueurs qui ont un indice supérieur à 90 en Liga sont Luis Suárez, Leo Messi, Sergio Ramos et Karim Benzema. Sans oublier que ces quatre joueurs ont tous la trentaine et qu'ils ne sont pas éternels. Le cycle se termine en Liga.
Cristiano Ronaldo, Ciro Immobile et Romelu Lukaku sont les seuls gros "cracks" à plus de 90 d'indice en Serie A. Et ce n'est pas un hasard que ces trois équipes se battent actuellement pour le titre de champion d'Italie. Enfin en Ligue 1, seuls Neymar et Kylian Mbappé sont au-dessus de 90; et en Bundesliga, seuls Lewandowski et Werner remplissent cette caractéristique.
Mais ce n'est pas tout. Si l'indice ELO moyen en Angleterre est le plus fort, c'est parce que 170 des 464 joueurs de Premier League ont un indice qui se trouve entre 76 et 100. Soit 36.64% des joueurs du championnat. [voir graphique ci-dessous]
Une statistique qui prend tout son sens lorsque l'on réalise qu'en Liga, seuls 27.5% des joueurs se trouvent dans cette catégorie, pour 26.21% en Italie; 21.83% en France et 17.65% en Allemagne.
Un joueur moyen de Premier League a un ELO entre 76 et 80, un joueur de Liga a un indice qui se trouve entre 71 et 75; un joueur de Bundesliga présente un ELO entre 66 et 70; entre 61 et 65 pour la Ligue 1; et entre 55 ou moins en Italie.
Évolution et perspectives
Il y a donc une répartition plus ou moins équitable entre les cinq grands championnats, mais la majorité du talent a tendance à vouloir rejoindre la Premier League.
Plusieurs facteurs provoquent ce changement d'ère. Le grand facteur est économique. La Premier League est la compétition qui détient le pouvoir d'achat le plus important sur les dernières années, notamment en raison de ses importants droits télévisés.
La fin du "combat" Cristiano Ronaldo-Leo Messi en Espagne a en partie provoqué la fin de l'ère du football espagnol. D'ailleurs, de nombreux joueurs ont quitté l'Espagne pour rejoindre l'Angleterre récemment (Rodri, Fornals, Kepa, Deulofeu, Ayoze, Ceballos...).
Quant à l'Italie, elle pourrait prendre encore plus d'ampleur lors des prochaines années en raison de son régime fiscal qui est d'une grande aide envers les joueurs étrangers. Après Cristiano Ronaldo, l'arrivée de joueurs important continue de se multiplier et l'indice ELO moyen pourrait même parvenir à dépasser l'Espagne dans quelques années.
Retour sur l'évolution de tous les championnats
Terminons l'étude de la même manière dont nous l'avons commencée : expliquant la domination de la Premier League sur les autres championnats. Pour cela, nous utiliserons l'indice ELO moyen des dernières saisons [graphique ci-dessus]. Malgré la sensation de la perte de niveau de la Liga, celle-ci semble tout de même recommencer à s'approcher de l'Angleterre sur les deux dernières saisons.
Comme il est possible de le voir sur le graphique, la Liga a traversé une période très faible entre 2009 et 2015 (époque où seuls le Real Madrid et le FC Barcelone parvenaient à décrocher des titres).
La domination du Paris Saint-Germain a dans un sens fait du mal à la Ligue 1, peu nombreuses étant les équipes pouvant espérer rivaliser avec le géant parisien. D'ailleurs, seul un Monaco composé de Mbappé, Falcao, Mendy ou Fabinho a réussi à bousculer Paris. Au contrat, l'équité entre les équipes du Big Six permet de donner un certain boost à la Premier League. Cette domination parisienne ne pousse pas les grands joueurs à vouloir rejoindre le championnat lors des dernières années, la possibilité de gagner des titres ailleurs qu'au PSG est réduite.
Pour terminer sur une bonne note, il est possible de voir que les cinq grands championnats ont vu leur indice ELO augmenter lors des dernières années, consolidant ainsi cette sensation d'unité des cinq grands championnats européens comme une référence du football mondial.