"Il faut bien finir et bien se préparer pour la Coupe du Monde", avait affiché en leitmotiv l'élégant milieu de terrain parisien, mercredi après la victoire étriquée à Caen en demi-finale de Coupe de France. "En championnat, on a encore l'occasion de battre des records, c'est ce qui nous motive."
Paris peut en effet espérer battre le record de points en championnat (qu'il détient depuis 2016 avec 96 points contre 87 à 5 journées de la fin) ou de buts inscrits (propriété depuis 1960 du RC Paris, alors auteur de 118 buts contre 103 pour Paris).
Mais outre les records, le Francilien de 23 ans a aussi des objectifs individuels, au premier rang desquels la Coupe du Monde. Réserviste privé d'Euro 2016 en France, Rabiot est un habitué des groupes de l'équipe de France depuis son éclosion à Paris, même s'il ne compte que 6 sélections.
Son dernier match en équipe de France, face à la Russie (3-1), n'a toutefois pas effacé l'impression pénible laissée par son entrée en jeu très médiocre en Bulgarie (1-0), lors d'un match crucial pour la qualification au Mondial 2018 en octobre. Il pâtit notamment de la comparaison avec l'ancien Lyonnais Corentin Tolisso, plus convaincant en Bulgarie.
Concurrence
Et la concurrence dans l'entrejeu est très relevée: outre les titulaires possibles, Paul Pogba (Manchester United), N'Golo Kanté (Chelsea), Blaise Matuidi (Juventus Turin), peuvent postuler Moussa Sissoko (Tottenham), une des valeurs sûres du sélectionneur Didier Deschamps, Tolisso donc, voire le plus expérimenté Steven NZonzi, brillant à Séville, ou même le solide Valencian Geoffroy Kondogbia, pré-convoqué en mars.
De quoi faire de Rabiot le Sabri Lamouchi du Mondial-2018, écarté au dernier moment du train Bleu pour une grande compétition ? Le Parisien ne plaide en tout cas pas sa cause sur le terrain depuis quelques semaines.
D'ordinaire très juste dans l'utilisation du ballon, il a par exemple multiplié les pertes de balles face à l'opposition quand même toute relative de Caen, mercredi en demi-finale de Coupe de France (3-1). Le week-end précédent, il n'avait pas non plus été très convaincant face à Monaco, alors que son équipe avait brillé (7-1).
Le joueur formé au PSG évoluait certes à un poste de milieu défensif, devant la défense, qu'il a déjà répété ne pas apprécier particulièrement. Mais ces performances en dents de scie depuis l'élimination du PSG au stade des huitièmes de finale de la Ligue des champions par le Real Madrid peuvent donner l'impression d'une stagnation.
Malgré tout, son entraîneur Unai Emery s'est encore montré dithyrambique à son sujet, se disant impressionné par son volume de jeu et sa "capacité physique très très grande".
Zone de confort
"Les quatre derniers matches qu'il a joué, je le lui ai dit, sont les meilleurs qu'il a joué en terme de régularité", a-t-il déclaré samedi. "Pour moi avec la mobilité des autres joueurs, Adrien a besoin de jouer avec de l'espace sur le terrain, pour l'attaque, la défense. Quand il est un peu ouvert dans ces espaces, pour moi il joue bien."
Serait-ce temps toutefois pour Rabiot d'aller voir ailleurs pour sortir de la zone de confort dans laquelle il est installé depuis le départ, au dernier mercato d'été, de son rival au milieu Blaise Matuidi? Le Français est en fin de contrat en juin 2019 et, si venait à refuser une prolongation de la part de son club formateur, le mercato à venir serait la dernière opportunité pour le PSG de récupérer une indemnité de transfert.
Rabiot est toutefois un symbole à Paris, en tant que joueur d'avenir et produit de la formation parisienne depuis qu'il y est arrivé, à 15 ans. Mais si cela lui offre un certains nombres de garanties au PSG, cela pourrait ne pas suffire à convaincre Didier Deschamps, qui annoncera sa liste pour le Mondial russe le 15 mai.
Rabiot a donc tout intérêt à se mettre en valeur d'ici la fin de saison parisienne. Qui n'a plus beaucoup d'enjeu, à part peut-être pour lui.