Six ans après sa dernière participation, le Nigeria va rejouer en 2019 une phase finale de la Coupe d'Afrique des Nations. Un retour sur le devant de la scène assuré au prix d'un très bon parcours en éliminatoires. Sur la lancée de son Mondial honorable (éliminés de justesse au premier tour), les triples champions d'Afrique ont donc réussi à s'inviter au tournoi continental après deux échecs consécutifs.
En place comme sélectionneur depuis 2016, Gernot Rohr est l'un des architectes de l'envol des Super Eagles. L'entraîneur franco-allemand a redonné de la fierté à cette équipe ainsi qu'à ses supporters, et il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Dans un entretien à Goal, accordé juste après la qualification, il nous fait part de ses attentes et de ses objectifs pour la suite. Avec un groupe jeune mais talentueux, l'ancien coach de Bordeaux et Nice voit grand pour la suite.
Quel sentiment prédomine chez vous après avoir assuré la qualification pour la CAN…
Gernot Rohr : Nous sommes satisfaits de la qualification bien sûr, et surtout du résultat qu'on a ramené de l'Afrique du Sud (1-1). Ce n'était pas facile. Les conditions était compliquées. On a fait un long voyage, et il y a deux buts qui nous ont été refusés. On est contents oui, mais ce n'est pas fini. On voudrait finir premiers du groupe, histoire de conclure en beauté. Et ça ne sera pas facile face aux Seychelles, il ne faudra pas les sous-estimer.
Etait-ce facile de remotiver le groupe après le Mondial ?
Il y avait une décompression, mais seulement chez un ou deux joueurs. Obi Mikel n'a pas pu repartir avec nous, et Victor Moses n'a pas voulu. Mais à part ces deux joueurs-là, tout le monde était motivé pour ce nouveau défi. Après la déception face à l'Argentine, il y avait cette volonté de repartir et de se qualifier pour la CAN qu'on n'a pas pu jouer les deux dernières fois. Avec une équipe rajeunie, on avait à cœur de bien figurer. Il y a eu donc le départ de quelques cadres, mais on a encore des joueurs clés tels qu'Odion Ighalo. Il y a un beau challenge devant nous.
La moyenne d'âge de votre sélection est très basse. Est-ce un rajeunissement forcé ou volontaire ?
Oui, c'était fait exprès car il fallait remplacer des cadres qui sont partis. Et c'est aussi la mission qui m'a été confiée, à savoir rajeunir le groupe. Après, il ne faut pas oublier que notre sélection des moins de 17 ans est championne du monde. Il y a un beau réservoir dans lequel on peut puiser. Je peux vous citer par exemple Chukwueze, qui évolue à Villarreal. Ou alors le Bordelais (Samuel) Kalu, qui a remplacé Moses en quelque sorte. Ce sont des jeunes, mais qui ont déjà prouvé leur valeur.
"Une sélection qui répond à mes convictions et à ma philosophie" Quelles seront vos ambitions lors de la phase finale de la CAN ?
C'est un peu tôt pour en parler, mais je dirais que vu qu'on a été parmi les cinq qualifiés africains pour le Mondial, logiquement on doit finir parmi les cinq derniers de la compétition. On vise donc le dernier carré. Je dis ça, mais dans six mois je ne sais pas ce qu'il peut se passer. Il se peut que d'autres sélections reviennent fort. Mais ce qui est sûr c'est qu'on en est capables et on a de l'ambition. Il faut aussi un peu de chance, parce que le tirage ne nous a pas souri ces derniers temps. Ça a toujours été des groupes difficiles, que ça soit pour les dernières éliminatoires de la CAN ou celles du Mondial. On verra.
Et personnellement, vous plaisez-vous au Nigeria ? C'est la sélection africaine avec laquelle vous êtes resté le plus longtemps en poste…
Oui, tout à fait. Mais j'étais aussi resté deux ans au Gabon et deux autres années au Niger, où j'ai rempli mon contrat. Au Burkina Faso, ça a été un peu plus court, en effet. Mais c'est vrai qu'ici, je me plais. Mon contrat a été renouvelé. J'ai une sélection qui répond à mes convictions et à ma philosophie. Elle a de l'avenir, et une bonne marge de progression.