Le 12 octobre, à l'occasion d'un match amical contre Angers B, Julien Stéphan, alors en charge de la réserve rennaise avait annoncé à son groupe qu'il était en contact avec Monaco, avait raconté un joueur à Ouest-France avant la trêve.
La date a son importance: c'était dès le lendemain du limogeage de Leonardo Jardim, après une défaite de trop contre... Rennes (2-1), et avant même l'officialisation de l'arrivée du champion du monde sur le banc monégasque.
C'est dire si le jeune (38 ans) technicien était désiré par le club de la Principauté.
Mais Rennes, qui savait qu'il tenait là un entraîneur des plus prometteurs, et qui avait sans doute aussi encore en travers de la gorge de s'être fait "subtiliser" deux de ses plus grands espoirs, Wilson Isidore et Sofiane Diop, l'été précédent par l'ASM, avait refusé tout net.
"Je l'ai senti touché. Mais c'est normal, c'était quand même Henry qui le demandait (...) Mais cela a aussi été sa force car il ne s'est pas mis le club à dos", avait ajouté le joueur anonyme à Ouest-France.
Flair d'Olivier Létang
"Je suis revenu à mon quotidien de la réserve et de la post-formation sans qu'il y ait aucune promesse et sans qu'il y ait quoi que ce soit qui m'ait été dit à ce moment-là", avait sobrement raconté le principal intéressé, lors de sa présentation début décembre.
Car Stéphan n'a pas eu à ressasser longtemps sa déception: moins de deux mois plus tard, le club breton lui a offert un "CDD" de six matches avant la trêve hivernale pour faire ses preuves comme entraîneur principal.
Une décision audacieuse mais qui était tout sauf un pari, tant l'avènement de Julien Stéphan était attendu, après un travail remarqué dans son club de cœur - il est né à Rennes - depuis 7 ans.
Et les évènements ont donné raison au flair d'Olivier Létang, puisqu'il a engrangé six victoires lors de ces six matches, qualifiant au passage le club pour les 16es de finale de la Ligue Europa pour la première fois de son histoire et pour le quart de finale de Coupe de la Ligue de mercredi.
Le dirigeant ne s'y est d'ailleurs pas trompé : l'intérim de six matches s'est finalement transformé en contrat d'un an et demi après deux rencontres seulement.
Ascension soigneusement préparée
Pour autant, cette ascension, si elle s'est brusquement accélérée entre octobre et décembre, a été soigneusement préparée.
"La chance que j'ai eue en sept ans, c'est d'avoir vu un certain nombre d'entraîneurs passer au Stade Rennais. Chaque entraîneur qui est passé ici m'a marqué, m'a nourri. J'ai regardé, j'ai observé, ça fait un petit moment que je me prépare", avait ainsi expliqué Stéphan à son arrivé.
Et au-delà de ses résultats incroyables pour un novice, c'est la maturité de ce qu'il a proposé sur le terrain, mais aussi en dehors, avec une communication très maîtrisée sans être convenue, qui a frappé les observateurs.
Dès son premier match à Lyon, il a tissé en deux séances d'entraînement un piège tactique précis dans lequel les Rhodaniens ont chuté (2-0).
Il a totalement transfiguré l'équipe grâce à un plan de jeu précis pour chaque match, tout en donnant plus de liberté à certains éléments qui en manquaient peut-être auparavant, à l'image d'un Hatem Ben Arfa qui a fini 2018 en trombe.
"Dans le foot moderne la flexibilité me semble essentielle, la capacité d'adaptation me semble essentielle", a détaillé celui dont les qualités humaines sont unanimement louées.
Il restera à voir comment il traversera les premiers revers qui finiront bien par arriver. Mais le fils de Guy Stéphan, adjoint de Didier Deschamps chez les Bleus, a déjà réussi à se faire un nom et à s'ouvrir un avenir prometteur.