Un but en 16e de finale contre Lille en octobre, son premier en pro, puis trois tours disputés en intégralité face aux cadors de L1, à Marseille, Lyon et contre Bordeaux : "Youss" a largement contribué au parcours de Strasbourg, double vainqueur de l'épreuve en 1997 et 2005.
"Envoyer des jeunes contre de telles écuries, peu d'entraîneurs le font. Il m'a fait confiance et ça m'a donné des ailes", confie Fofana à l'AFP.
"En demi-finale, on a 'filé les clés du camion' à Fofana et (Ibrahima) Sissoko, ce n'est pas rien car ce sont deux gamins mais on a confiance en eux", acquiesce Thierry Laurey.
Pourtant, deux ans plus tôt, à Drancy en U19, cette confiance était loin de coller aux crampons du milieu strasbourgeois, plus proche de se consacrer au bac STMG qu'il prépare que d'imaginer une carrière professionnelle.
"Trop frêle, pas rapide"
"Youssouf, c'est l'histoire d'un ado techniquement au-dessus du lot mais trop frêle et pas rapide", selon Morad Djiddi, le président de l'Espérance Paris XIX, son tout premier club. Celui-ci a tout simplement repéré le gamin... au bas de son immeuble !
Un talent suffisant pour intégrer l'INF Clairefontaine à 13 ans, mais pas assez pour en sortir. Recalé en 2014, promo 99, celle de son copain Moussa Diaby (Paris SG), le jeune Parisien voit les portes des centres de formation se refermer les unes après les autres: Paris, Rennes, Lyon, Bordeaux et Lens lui tournent le dos.
"Je n'étais pas prêt physiquement, je faisais 1,62 m à 15 ans. Je ne vais pas dire que je le prenais bien mais je ne montrais pas que j’étais atteint", reprend le joueur.
Fier, il tente de rebondir à Drancy mais le quotidien a bien changé, loin du cocon en forêt de Rambouillet: "D'un coup, je me réveille et je n'ai plus mon petit déjeuner de prêt le matin, et après l'école je dois prendre le RER pour aller à l'entraînement", rappelle-t-il.
Résultat: Fofana est incapable de faire son trou en U17 nationaux deux saisons durant. Il intégrera ensuite sans trop y croire les U19 de la JA Drancy.
"Avec le coach des U17B, on a tout fait pour le pousser à continuer. Je l'ai désigné capitaine en espérant lui redonner le goût de travailler. Il fallait qu'il trouve d'autres moyens pour atteindre ses objectifs", se rappelle Saloum Coulibaly, son entraîneur U19 à Drancy.
"Bouleverser la hiérarchie"
Le déclic survient en février 2017, lorsqu'il est repéré par Strasbourg... qui pistait un autre joueur. Fofana signe en Alsace, joue la première année en réserve, progresse et dispute en août dernier son premier match en L1, à Lyon. Dans la foulée il signe un premier contrat pro de trois ans.
Son ascension fulgurante trouve un écho en sélection. D'abord en U19 en février 2018, puis en U20 en octobre. Le sélectionneur Bernard Diomède le promeut même capitaine le 22 mars en amical face aux Etats-Unis lors du dernier rassemblement en vue du Mondial U20 en Pologne.
"Youssouf connaît tous les gars de la sélection. Il est un leader parmi les leaders. Il a su bouleverser la hiérarchie", explique à l'AFP le champion du monde 98. "Il est assez posé, calme et sait d'où il vient. Il a fait ce qu'il fallait pour ne pas rater le wagon".
Ménagé par le staff tricolore, Youssouf Fofana n'a pas disputé le dernier match lundi contre la Corée (3-1). Il a quitté le groupe prématurément mardi matin au petit matin pour rejoindre Strasbourg et préparer la finale de la Coupe de la Ligue.
"Il est en état de forme pour une place de titulaire", précise Bernard Diomède. L'ado frêle et lent a bien grandi.