"Pour beaucoup, ça peut paraître rapide mais ce sont des années de travail. Chaque saison s'est jouée d'un rien. C'est beaucoup d'émotions mais ça a été dur", confie le multidiplômé à l'AFP.
Bac scientifique, prépa HEC, licence de sciences économiques; 182 matches avec le Racing, des transferts en Allemagne (Karlsruhe) ou en Angleterre (West Ham, Blackburn, Portsmouth) aussi. Le CV du patron, à la fin de sa carrière, ressemblait déjà à celui d'un manager.
Car le Colmarien a concilié foot et études supérieures avec méthode. "L'équilibre de l'homme est important à cet âge-là, c'est pour cela qu'on a aménagé son temps. Un jeune bien dans sa tête joue bien. Marc se sentait concerné par l'industrie du foot. C'est une suite logique et sa réussite est un exploit qu'il faut souligner", raconte Raymond Domenech, qui l'a entraîné au FC Mulhouse.
Claude Fichaux, adjoint de Rudi Garcia à l'OM, ami d'enfance et colocataire de Keller au FC Mulhouse, se souvient d'un jeune homme "brillant que l'on regardait avec des grands yeux mais qui se fondait parfaitement dans le décor". Seule différence: quand ses coéquipiers partaient en vacances en juin, le seul ex-international aujourd'hui président d'un club de L1 rejoignait Grenoble et son université.
Seul international président en L1
Onze saisons plus tard, il raccroche à 33 ans. Sans regret. "En 2001, beaucoup de mes copains voulaient soit rien faire pendant un temps, soit être agent ou entraîneur. Moi, j'ai tout de suite eu cette vision du manager de club", confirme l'ancien attaquant international (6 sélections entre 1995 et 1998).
Sans transition, il répond à l'appel de Patrick Proisy, président du club alsacien de 1997 à 2003, et devient directeur sportif du Racing puis manager général la saison suivante avec une remontée en L1 pour premier fait d'armes.
En parallèle, il passe en deux ans le diplôme de manager général au Centre de droit et d'économie du sport. "Marc est un excellent gestionnaire, il est très structuré et rigoureux, il sait s'entourer et fédérer autour de lui", raconte Jean-Pierre Karaquillo, cofondateur du CDES.
Un parcours qui l'a envoyé en 2006 à Monaco pour une aventure de cinq ans terminée par une relégation du club princier, après 35 ans au plus haut niveau.
"C'est la première fois dans mon après carrière que je ne voulais pas retravailler. Après Monaco, il fallait prendre du recul", se remémore l'intéressé, qui, au final, ne résiste pas à l'appel de la ville de Strasbourg, craignant un deuxième dépôt de bilan de son club.
"Je pensais qu'ils voulaient un conseil mais non, ils voulaient que je reprenne le club alors que je m'étais juré de ne pas le refaire !", raconte Keller, propulsé président et premier actionnaire.
"Je le compare un peu à Michel Platini, rapidement à l'aise dans l'administration de l'UEFA après sa carrière", commente Jean-Michel Aulas, qui siège au comité exécutif de la fédération aux côtés du président strasbourgeois. "Marc a le charisme et la formation. Il a su endosser la responsabilité capitalistique dans des moments difficiles, c'est un exercice pas commun."
"Je ne pouvais revenir dans le foot qu'en ayant les coudées franches pour mener à bien mes idées", conclut Marc Keller. Des idées qui ont permis à Strasbourg de passer du CFA à la L1 en cinq ans, jusqu'aux portes de l'Europe...