Alors qu'en face de la salle du très select Yacht Club, les enfants de l'école de voile mettent à l'eau leurs petits optimistes, comme si de rien était, Henry, smoking noir, arrive sur l'estrade.
Le directeur général de l'ASM Nicolas Holveck et le directeur sportif Michael Emenalo prennent place au premier rang. Si le vice-président Vadim Vasilyev s'installe à côté de "Titi", le patron, le milliardaire russe Dmitry Rybolovlev, est absent.
Vasilyev commence. Il précise que son nouvel entraîneur l'a impressionné, notamment par ses idées "très claires". Plus tard, il expliquera que le projet ne changera pas. "Il fonctionne même si d'un cycle à l'autre, il peut y avoir des difficultés." En revanche, il n'a pas "fixé d'objectifs sportifs" à son entraîneur, en raison de la 18e place actuelle.
Mais Henry est très ambitieux. Après les remerciements d'usage, il passe au concret: son staff. Il se compose d'André Amitrano, Carlo Spignoli, Kwame Ampadu, "que j'ai connu avec les U18 à Arsenal, qui m'a aidé à progresser au niveau de la structure d'une séance", et Joao Tralhao, "plus jeune que moi, qui a travaillé 18 ans à Benfica et au style de jeu plus pragmatique que le mien".
Revenir, "c'est extraordinaire"
"Tout a commencé ici et pouvoir revenir, c'est extraordinaire", indique rapidement l'ancienne gloire d'Arsenal (41 ans), qui a connu le Rocher entre 1993 et 1999. "Quand j'ai reçu l'offre de Monaco, c'était le choix du cœur. Monaco s'est présenté comme une évidence pour moi. Même si je suis très proche d'un club de Londres (Arsenal, ndlr), un rêve devient réalité."
Le champion du monde 98 assure ne "pas avoir de stress", même s'il sait "qu'il y a un énorme travail à effectuer". Car Monaco, son club formateur, est en crise.
"Il faut essayer de retrouver une certaine joie, de la sécurité, éviter les buts", précise Henry qui n'a pas échangé avec son prédécesseur Leonardo Jardim, mais dont il a loué le travail: "Il restera à jamais dans l'histoire de Monaco".
"Le moral n'est pas bon, la situation, pas facile. Alors je pense au présent, avec la volonté de sécuriser les joueurs par des concepts de base", ajoute-t-il. "Quand on travaille, on travaille. S'il faut savoir rire, prendre du plaisir, il faudra aussi de la rigueur et être prêt physiquement." Il promet aussi "beaucoup d'intensité" à l'entraînement.
Éloge de l'école nantaise
Pour lui, un grand entraîneur doit "savoir rester lucide dans toutes situations avec les concepts mis en place". "Les miens seront clairs, précise-t-il. Mais une chose est sûre, la clé est la patience". Les joueurs ont changé. "Si tu restes avec la façon de faire d'avant, il y aura une cassure. Il faut essayer de les comprendre. Parfois rire, être dur ou les laisser faire. La question est de savoir quand le faire. L'objectif est qu'ils comprennent ce que je veux mettre en place."
Pour lui, "la victoire n'est que la conséquence du travail".
Si "Arsène Wenger a débloqué beaucoup de choses dans ma tête", Henry fait aussi référence à "l'école nantaise". "José Arribas, Jean-Claude Suaudeau et Raynald Denoueix ont gagné des titres avec des joueurs du centre de formation". "Clairefontaine avec Claude Dussau, Francisco Filho, André Merelle, m'a appris la rigueur, l'intelligence du jeu."
Après plus de 45 minutes d'une conférence maîtrisée, l'ancien consultant de la chaîne 'Sky' termine ses obligations par quelques images, au cinquième étage du Yacht Club, avec le palais princier en arrière-plan.