Thomas, vous traversez une bonne période avec trois matches sans défaite, vous respirez vis-à-vis de la zone rouge ?
Thomas Mangani : Tout à fait, ça fait du bien de pouvoir enchaîner de cette manière-là. On avait hâte de le faire, surtout dans une période importante, pour viser le maintien. On a un calendrier particulier avec deux rencontres à l’extérieur (Bordeaux et Paris) avant d’en enchaîner trois à domicile. Rester en Ligue 1 passera par là. Il faudra être intransigeant surtout à la maison.
Le stade Raymond Kopa une forteresse imprenable ? Ça n’a pas été beaucoup le cas cette saison…
Ce qui est était notre force depuis la montée en 2015 est devenue bizarrement un aspect négatif. Sur nos rencontres à l’extérieur on a été très correct mais à domicile on a perdu pas mal de points, ce qui nous a manqué sur le plan comptable. Bon, en 2018, ça va mieux on peut se le dire.
Même si vous avez été 19e et donc relégable, on n’a jamais senti de panique au sein du club, vous l’avez perçu aussi comme ça ?
On est le 19e budget du championnat. On sait qu’il y a des périodes plus difficiles dans nos saisons, on savait tous qu’on allait en passer par là, ce qui est, je pense, une marque de sérénité. On doit continuer à progresser mais c’est l’ADN d’Angers de rester serein dans toutes les situations. L’an dernier nous étions aussi 19e à la trêve pour terminer 12e. On ne s’était pas alarmé…
Karl Toko Ekambi est en grande forme actuellement, vous vous attendiez à ce qu’il soit aussi décisif ?
Il sort d’une belle première saison (sept buts et cinq passes décisives) et là il confirme encore plus. C’est quelqu’un de bien malgré les sollicitations extérieures, il a voulu rester pour nous aider à nous maintenir. Il est reconnaissant envers nous et le club, on fait tout notre possible pour le mettre en bonne situation, on se trouve énormément tous les deux que ce soit sur les coups de pied arrêté ou dans le jeu, ça me facilite grandement la tâche. Il a de sacrés appels.
Parmi les autres signes positifs il y a eu la prolongation de Stéphane Moulin, ce qui démontre la confiance des dirigeants angevins ?
C’est une marque de loyauté de la part du club. La direction voulait montrer toute la sérénité qui règne ici, on a pu repartir de l’avant. Je pense qu’inconsciemment, savoir que le staff ne bougerait pas, ça nous a galvanisé. D’habitude on parle d’électrochoc en cas de départ d’un entraîneur, nous, on a eu l’effet inverse.
Vous le côtoyez depuis trois ans désormais, qu’est-ce qui a changé dans sa méthode au quotidien ?
Je pense que Stéphane est resté fidèle à ses valeurs et ses principes de jeu. Même dans des contextes compliqués, il a toujours adopté un discours positif pour nous emmener loin. C’est à l’image du club : pas d’enflammade quand ça va bien, pas de sinistrose quand on enchaîne des résultats négatifs. Cet état d’esprit rejaillit sur le groupe.
Depuis votre arrivée en février 2015, qu’est-ce qui a changé fondamentalement au sein du SCO ?
Comme on dit, les cinq premières saisons en restant en Ligue 1 sont un objectif à atteindre, afin d’obtenir des droits TV supplémentaires. C’est ce cap qu’il faut passer, nous sommes à la moitié du chemin. Après c’est toujours agréable de voir le SCO pris en exemple pour sa gestion, sa politique de transferts ou ses valeurs au sein du club. Le changement de division n’a pas affecté tous ces paramètres.
Lors du dernier mercato estival on vous a annoncé un temps partant. Avez-vous hésité à prolonger au SCO ?
Ça fait plaisir de voir mon travail reconnu en tant que tel c’est toujours valorisant, comme à l’intersaison de voir que l’on s’intéresse à vous, j’espère que ça va continuer ainsi. Le club m’a prouvé son attachement à travers cette prolongation en voulant continuer avec moi. L’histoire n’était pas encore finie c’est pour ça que j’ai voulu rester, on ressent les choses. Quand je suis arrivé c'est ce qui m’a frappé, c’est ce qui fait qu’on se sent bien pour être épanoui, on verra pour plus tard si d’autres challenges se présentent.
Est-ce qu’en étant trentenaire on peut encore progresser ?
Absolument, à tout âge, même au-delà de 30 ans. Ce ne sera pas physiquement ou athlétiquement car ton corps n’a plus de marge de progression. Par contre, dans la technique, le placement, le sens du jeu, la compréhension des temps faibles et des temps forts… C’est ce que j’aime dans ce sport même dans les situations difficiles on trouve du positif, il y a tout le temps des nouvelles choses, l’effectif bouge chaque année à Angers et c’est enrichissant pour moi.
Lors de l’élimination du PSG par le Real Madrid, on a évoqué la faiblesse de la compétitivité de la Ligue 1. Êtes-vous d’accord avec ce constat ?
Il ne faut pas se mentir, c’était avant tout un tirage difficile face au double-tenant du titre. Ceux qui héritent du Real Madrid ces dernières années ne poursuivent pas bien longtemps leur route. Je pense qu’il faut chercher d’autres maux, le championnat n’a pas été aussi attractif depuis longtemps. On a aussi sorti de jeunes talents comme Ousmane Dembélé et Kylian Mbappé. Quand Monaco va en demi-finale l’an passé, bizarrement, personne n’a évoqué le niveau de la Ligue 1.