Romelu Lukaku vit actuellement sa deuxième saison à Manchester United. Recruté pour être le nouvel artilleur de l'équipe, l'avant-centre belge affiche des statistiques plutôt séduisantes pour un attaquant. En 76 matches joués en Premier League avec les Diables Rouges, il a trouvé le chemin des filets adverses à 36 reprises. Dans l'histoire de ce club, peu d'attaquants ont réussi à afficher un temps de passage aussi intéressant au bout de 18 mois. Malgré ça, le séjour de l'ancien joueur d'Everton du côté d'Old Trafford est tout sauf paisible, et le mois compliqué qu'il vient de traverser a parfaitement symbolisé la confusion qu'il suscite. Une confusion née principalement du décalage qui existe entre sa rentabilité sur le terrain et le traitement qui lui est réservé.
Vilipendé même quand il était au top
Lukaku a toujours dû se battre contre les critiques, et ce dès son jeune plus âge. Son échec à Chelsea au début de sa carrière anglaise avait de quoi le décourager, mais il en est ressorti plus fort pour se positionner au fil des saisons comme l'un des buteurs les plus prolifiques de ce championnat. En avril dernier, il est même devenu le plus jeune joueur non anglais à atteindre la barre des 100 buts dans ce championnat.
Malheureusement pour lui, ni cet accomplissement ni sa rapide adaptation à MU n'ont fait taire les mauvaises langues. Ses détracteurs sont restés nombreux, et certains se sont même permis de le tailler sévèrement en public, à l'instar de Paul Scholes. En octobre dernier, cette ancienne légende mancunienne avait déclaré à ESPN : "Je suis simplement un supporter frustré. En regardant l'équipe actuelle, je ne pense pas qu'il manque de qualité, mais bien quelques joueurs de classe dont d'autres équipes disposent. Je ne suis pas certain qu'il soit possible de remporter le championnat avec un attaquant comme Lukaku. Son jeu en dehors du rectangle n'est pas assez bon et je ne suis pas convaincu qu'il travaille suffisamment".
Il existe des paroles qui pèsent plus que d'autres et celles-là ont certainement dû résonner fort dans l'esprit des observateurs et ceux des fans lors du premier passage à vide qui a suivi de la part du natif d'Anvers. Comme celui traversé au cœur de l'automne avec 12 matches consécutifs sans le moindre but marqué avec son équipe. Une période de disette qu'il a certes entrecoupé avec un doublé en sélection (contre la Suisse, 12 octobre) mais cela n'a en rien apaisé les remontrances extérieures. Au contraire ; après avoir pointé du doigt son rendement, on a commencé à remettre en question son investissement sous le maillot de son club.
La chance qu'a eue Lukaku durant cette panne sèche c'est que son entraineur José Mourinho lui a maintenu sa confiance. Contre vents et marrées, le Portugais a continué à le mettre dans le onze de départ, parfois même, il est vrai, de manière incompréhensible. Une confiance que le Belge n'a malheureusement pas eu la chance de rendre au technicien portugais puisque ce dernier a été viré le 18 décembre dernier et ce à la suite d'une énième prestation erratique du numéro 9 mancunien (contre Liverpool).
Exit Mourinho, Ole Gunnar Solskjaer a pris les commandes des Diables Rouges. L'un des premiers choix forts faits par le jeune coach norvégien a été de mettre Lukaku sur le banc. Personne ne le lui a reproché. Parce que cela répondait à une certaine logique au vu de la forme de l'intéressé, et aussi parce que ce dernier revenait d'une absence de dix jours pour des raisons personnelles. Ainsi, le réveil mancunien, marqué par une belle série de quatre victoires d'affilée en championnat, s'est opéré sans Lukaku dans le onze de départ. Un état de faits qui était de nature à enfoncer plus l'intéressé. Mais, à la surprise générale, c'est là que l'ancien Toffee a rebondi.
Le Diable Rouge a chassé ses démons
Depuis qu'il a retrouvé son équipe, Lukaku a disputé trois matches et a marqué à chaque fois. En championnat, il s'est montré décisif en sortant du banc contre Bournemouth et Newcastle. Cela ne lui était plus arrivé depuis le 18 avril dernier. Et, le Belge a aussi profité de sa titularisation avec les habituels remplaçants en Cup face à Reading (2-0) pour marquer de précieux points et montrer qu'il sait réagir quand il est dos au mur. La rébellion s'est faite dans l'adversité et c'est à se demander si le choix de l'écarter n'était finalement pas le bon.
Lukaku brille comme Supersub et s'il y a bien un entraineur qui sait apprécier un remplaçant qui ne boude pas et se montre efficace c'est bien Solskjaer. Cependant, un dilemme se présente désormais. Le coach scandinave doit-il maintenant faire confiance à son attaquant belge dès le début des rencontres, quitte à chambouler son équipe-type malgré la bonne dynamique des résultats ? Ou doit-il le garder comme joker, mais avec le risque qui existe de le perdre sur la durée car Lukaku n'est pas le genre d'attaquant à accepter une carrière…à la Solskjaer. C'est dans le temps que se dessinera la réponse, et qu'on saura si le meilleur réalisateur de l'histoire de la sélection belge va arrêter de diviser et faire définitivement l'unanimité à MU. Et ce, peu importe son statut.