Entraîneur de l'OGC Nice depuis cet été, Patrick Vieira a hissé Nice à la septième position de Ligue 1. Si le jeu produit est selon lui largement perfectible, le champion du monde 1998 estime qu'il doit aussi gérer ses joueurs en faisant preuve une forte dimension psychologique.
Avant le match contre Saint-Etienne, ce dimanche (17h00), Vieira s'est confié dans un long entretien accordé à 'l'Equipe'.
La victoire contre Lyon (0-1, le 31 août), un déclic dans la saison : "Ce match a donné beaucoup de confiance aux joueurs, au staff, à moi, même si on a souffert. Mais on avait besoin de chance pour gagner de la confiance. Le fait d'avoir changé de schéma nous a rendus solides. On l'a décidé avec l'aide de Fred (Gioria, son adjoint), de Lionel (Letizi, entraîneur des gardiens), qui connaissent mieux le club et le groupe que moi, et je sens aujourd'hui que les joueurs sont plus à l'aise."
Le jeu produit par Nice, encore améliorable : "Je sais le jeu qu'on pratique, et j'essaie toujours d'être mesuré et d'analyser les matches sans regarder seulement le résultat. Je veux voir l'équipe développer du jeu, se créer des occases, que les mecs prennent du plaisir. Il y a eu des moments où ils n'en ont pas pris mais on a gagné. Je savais que ça ne suffisait pas et, aujourd'hui, si on fait le bilan du jeu produit, c'est moyen.
Tu peux obtenir les résultats que tu veux en jouant un jeu agréable. Je suis arrivé ici, je n'ai pas changé cette idée, elle était là avec Puel, Favre, il était important de continuer. Il a fallu s'adapter car le club a perdu des joueurs importants, remplacés par de bons joueurs qui ont besoin de temps. Mais avec le groupe qu'on a, on peut mieux jouer."
La dimesion psychologique et la gestion de Saint-Maximin et Balotelli : "Je dois expliquer les choses car si les mecs ne comprennent pas, soit ils se braquent, soit ils pensent que c'est contre eux et ça veut dire que tu les perds. Un club comme Nice ne peut pas se permettre de perdre un Saint-Maximin ou un Balotelli. Alors, s'il faut que je leur explique vingt fois, je leur expliquerai vingt fois, car j'ai cette patience."
"Il (Balotelli) ne s'attendait pas à être à zéro but. Il pensait que même sur une jambe, il aurait marqué plus. Mais le foot reste un sport de haut niveau, il y a un minimum à faire pour être compétitif. Il loupe la préparation, sa tête est ailleurs, il revient dans un état physique qui n'était pas le sien en mai, ça ne revient pas du jour au lendemain car tu ne joues pas contre des pipes tous les week-ends. Comme il doute, l'important est d'avoir confiance en lui, d'échanger. Quand je le sors, je n'hésite pas car je me dois d'être juste envers lui et envers le groupe.
"Mario, j'ai envie de lui répondre, de le coller au mur ou au portemanteau ! Mais je ne suis plus joueur. Je dois toujours réfléchir à deux fois avant de dire quelque chose car ça peut avoir un impact, je risque de perdre un joueur et de le regretter. J'essaie d'être constructif."
Un objectif à long terme : "Je n'y ai pas réfléchi. Il est trop tôt. Déjà, à New-York, revenir en France ne me branchait pas spécialement. Après, le projet de Nice était très intéressant pour moi. Bien sûr, j'aimerais gagner ce qu'il y a de mieux, la Ligue des champions. Bon, si je la gagne avec Nice, ce sera très bien... Quand tu es joueur, tu veux jouer au Real ou à Barcelone. Entraîneur, c'est pareil. Mais l'échec fait partie du métier. J'en suis conscient."