. Yamal, naissance d'un phénomène
L'ailier droit du FC Barcelone a été la grande révélation de l'Euro. Au-delà de son chef d'oeuvre en demi-finale contre la France (2-1), qui a fait de lui le plus jeune buteur de l'histoire de la compétition à 16 ans et 362 jours, l'adolescent a été l'une des rares individualités à émerger en Allemagne. Avec son compère du côté gauche Nico Williams, buteur en finale, Yamal a apporté cette percussion qui manquait tant à la Roja ces dernières années, transfigurant totalement une équipe souvent raillée pour sa propension à faire de la possession de balle l'alpha et l'omega de son jeu, sans y ajouter l'efficacité. Avec le prodige catalan, l'Espagne a trouvé la dernière pièce du puzzle pour conquérir l'Europe.
. La résilience de l'Angleterre
Les Three Lions ont résisté à tout avant d'accéder à la finale: un premier tour poussif, une prolongation en 8e de finale, des tirs au but en quarts et une délivrance à la dernière seconde en demie. Seule l'Espagne les a fait plier, les empêchant de remporter un 2e titre depuis le Mondial-1966. Une éternité pour le pays inventeur du football.
. Des petits sans complexes
La Géorgie et la Slovénie en 8e de finale pour la première fois de leur histoire, la Slovaquie qui tient tête à l'Angleterre (2-1 a.p.), la Turquie en quart de finale: plusieurs équipes inattendues se sont mises en évidence, profitant à plein de l'élargissement à 24 participants, mis en place par l'ex-président de l'UEFA Michel Platini à partir de 2016.
. Un Euro sans saveur
Des vedettes fatiguées, un niveau technique global très inégal, un premier tour sans véritable intérêt: cet Euro ne restera pas dans les annales par la qualité du jeu proposé. Avec une phase de préparation réduite à la portion congrue après une saison en clubs longue et harassante, la plupart des grandes nations sont arrivées en Allemagne dans un état athlétique assez précaire, ce qui s'est forcément ressenti sur le terrain. La formule à 24 équipes, avec une première phase s'étirant en longueur et n'éliminant que huit équipes, a aussi montré ses limites.
. Mbappé et l'attaque française
On attendait monts et merveilles de l'équipe de France, considérée comme la favorite du tournoi. Mais les vice-champions du monde ont failli dans les grandes largeurs. Malgré leur accession en demi-finales, ils ont été trahis par la faillite de leur secteur offensif, symbolisée par les prestations de Kylian Mbappé, fantomatique tout au long de l'Euro. Arrivé en méforme après une fin d'aventure chaotique au PSG, amoindri par divers pépins physiques (dos, genou) puis victime d'une fracture du nez à la fin du premier match face à l'Autriche (1-0), la superstar des Bleus est passée complètement à côté de l'Euro, n'inscrivant qu'un but sur penalty. Au total, la France n'a gagné que deux matches sur six disputés et n'a trouvé le chemin des filets qu'à quatre reprises, dont un penalty et deux CSC. Un véritable échec.
. Le crépuscule des vieux
Pour plusieurs grands noms du football international, l'Euro a fait office de chant du cygne. Cristiano Ronaldo n'a pas annoncé la fin de son parcours avec la seleçao portugaise mais le quintuple Ballon d'Or a fait clairement son âge. A 39 ans, il a traversé son 6e Championnat d'Europe comme une ombre (0 but), échouant en quarts de finale contre la France (0-0 a.p., 5 t.a.b. à 3). Son vieux compère Pepe (41 ans) a été plus efficace en défense mais difficile d'imaginer le revoir sous le maillot portugais. Comme CR7, Luka Modric n'a pas non plus révélé ses intentions pour l'après-Euro mais le maître à jouer croate (38 ans), qui a prolongé un an avec le Real Madrid, a sombré au 1er tour au sein d'une formation croate qui a bien besoin de se renouveler. L'Allemand Toni Kroos (34 ans) a pris sa retraite sur une note frustrante et une sortie en quart de finale à la maison face à l'Espagne (2-1 a.p.) alors qu'Olivier Giroud (37 ans), meilleur buteur de l'histoire des Bleus (57 réalisations), a dit adieu à l'équipe de France à l'issue d'un Euro passé à se morfondre dans la peau d'un remplaçant.