Alexandre Bouchard, la patience d'une doublure

C'est une histoire de vie. L'histoire d'un gardien de but, formé à l'OL, qui a su trouver son équilibre malgré le peu de temps de jeu dont il dispose en Ligue 2. Arrivé à Niort en 2016 en provenance du Paris FC, Alexandre Bouchard n'a pas fait un seul groupe cette saison en raison de la concurrence avec Saturnin Alagbe et Arthur Desmas, 23 ans tous les deux. "Une situation que j'ai connu plus jeune à Châteauroux après mon passage à Lyon, rappelle-t-il. Dans beaucoup de clubs, une hiérarchie est souvent établie, mais il n'y a rien d'arrêté malgré tout car le foot est imprévisible." Ainsi, à 29 ans, Alexandre Bouchard n'a pas mis de côté ses ambitions pour autant et c'est en s'entraînant "tous les jours comme un numéro un" qu'il continue de vivre de sa passion tout en apportant son expérience à un groupe encore jeune.
Contrairement au titulaire habituel, Alexandre Bouchard sait qu'il ne jouera pas forcément le week-end. Mais il relativise. "S'entraîner dur tout en sachant qu'on n'aura pas la carotte au bout, ce n'est pas toujours évident, mais je me dois d'être préparé mentalement et physiquement pour répondre présent si on fait appelle à moi", nous dit-il, ajoutant qu'il y a "pire dans la vie". Avec Denis Renaud, l'entraîneur des Chamois à l'origine de sa venue, il a trouvé un cadre qui lui convient : "Ça fait cinq ans qu'on travaille ensemble. Si j'ai accepté ce projet, c'est en grande partie pour lui. On parle le même football. Je me donne à 100% pour répondre à ses attentes et je suis convaincu que pour lui c'est pareil." À Carquefou, où ils se sont rencontrés, Denis Renaud a découvert un gardien avec de vraies qualités d'écoute. "Il a poussé Alban Jouanel au meilleur de sa forme et avait cette faculté à exceller aux entraînements. La deuxième saison, il a même renversé la hiérarchie en passant n°1", se souvient le technicien.
Depuis, les deux hommes ont emprunté le même chemin. D'abord en concurrence avec Alexis Thébaux et Vincent Demarconnay au Paris FC, Alexandre Bouchard a pris son mal en patience pour finalement arriver à Niort, où il occupe un rôle d'une importance capitale pour Denis Renaud : "Pour quelqu'un comme moi, qui accorde beaucoup d'importance à la notion de groupe, c'est primordial d'avoir un gardien comme lui. À Paris, il a été un élément important même s'il n'était pas en équipe première et aujourd'hui, je considère Alex comme un l'un des cadres de mon équipe." Un homme de l'ombre qui a appris à accepter sa situation en s'appuyant sur des qualités qu'il avait déjà au centre de formation de l'OL. "C'était un garçon sérieux, enthousiaste, demandeur et à l'écoute", confirme Gilles Rousset, son entraîneur au centre. "J'ai passé de très bons moments avec lui, ajoute-t-il. Et s'il peut apporter une certaine expérience par les hauts et les bas qu'il a connus, ça ne peut être que bénéfique pour son équipe."
Car Alexandre Bouchard a aussi connu des moments difficiles en passant notamment par la case chômage après son départ de Châteauroux, en 2011. "C'était compliqué parce que j'étais privé de ce que j'aime, raconte-t-il. Mais je me suis forcé à ne pas rester trop longtemps éloigné des terrains." Une abnégation qui a fini par porter ses fruits et qu'il tente de mettre à profit chaque jour pour tirer ses partenaires vers le haut : "Tout le monde voudrait jouer et être n°1 en Ligue 1, mais ce n'est pas si facile que ça sinon il n'y aurait que des patrons et pas d'ouvriers. Si le n°1 est performant, c'est aussi parce qu'il sait que derrière ça bosse bien". Et c'est en cela que la doublure se démarque. À la fois présente dans le vestiaire et absente face caméra, elle n'en reste pas moins essentielle.