Benjamin Pavard, le gros coup de barre

Le défenseur de 24 ans a touché le fond le 3 janvier, lorsque son entraîneur Hansi Flick l'a sorti à la mi-temps d'un match contre Mayence, l'avant-dernier du classement qui menait 2-0 contre le "Rekordmeister".
Joshua Kimmich a glissé à sa place dans le couloir droit, a marqué un but et en a fait marquer un autre, pour finalement guider le Bayern vers une victoire 5-2.
Commentaire de Flick après le match: "Sur les ailes, et spécialement à droite, nous n'avons pas eu beaucoup d'actions satisfaisantes. En deuxième période, Joshua a montré comment on devait interpréter cette position". Jamais "Benji" n'avait subi une telle critique publique de son coach.
"Mais qu'arrive-t-il à Benjamin Pavard ?", se désolait la semaine dernière le quotidien munichois 'Abendzeitung'. "M. 100% de Hansi Flick la saison dernière, (...) le Français n'est cette année plus que l'ombre de lui-même."
Et Pavard, entré en fin de match et en prolongations mercredi à Kiel, n'a pas pu empêcher une élimination surprise du champion d'Europe en 16es de finale de Coupe d'Allemagne (2-2 a.p., 6 t.a.b. à 5).
Risques inutiles ?
On peut faire remonter le début de ce "creux" de Benjamin Pavard à sa blessure de fin juillet, à l'entraînement, alors qu'il se préparait avec l'équipe pour le Final 8 de la Ligue des champions au Portugal.
Une cheville qui vrille, une déchirure ligamentaire au pied gauche, et Pavard a vu son rêve de Final 8 s'envoler. Pour tenter d'y participer malgré tout, il s'est soumis à une rééducation intensive et ultra-rapide. Revenu à l'entraînement, il a réussi à jouer 8 minutes, en demi-finale.
Ce travailleur acharné, qui avait progressé chaque saison depuis le début de sa carrière, a-t-il trop forcé? Pris des risques inutiles ? Depuis cet accident en tous les cas, ses performances ont chuté en flèche.
Offensivement, il avait marqué la saison dernière 4 buts, délivré 5 passes décisives, et 12 centres qui avaient permis un tir au but.
Cette saison, après 15 journées, il n'a pas encore été impliqué sur un seul but, et seuls deux de ces centres ont trouvé preneur.
Plus alarmant encore, il a délivré depuis septembre 12,4% de mauvaises passes contre 8,6% pour toute la saison 2019-2020. Et, à plusieurs reprises, il a été battu au sprint ou dans la surface sur des buts adverses.
"Il lui manque actuellement ce petit quelque chose que l'on attend d'un défenseur droit", a reconnu Flick, mais "il a tout notre soutien, et il va remonter la pente".
Incroyable endurance
À sa décharge, Pavard paye peut-être son incroyable endurance au plus haut niveau. Ces trois dernières saisons, il n'a manqué au total que sept matches de Bundesliga (avec Stuttgart puis le Bayern), a joué tous les matches européens avec Munich sauf le Final-8 de Lisbonne, et a été champion du monde avec la France en 2018.
Son passage à vide est d'autant plus visible qu'il survient à un moment où la défense bavaroise ne tourne plus rond : avant de recevoir Fribourg dimanche pour la 16e journée, le Bayern a encaissé 24 buts ! À égalité avec... Bielefeld, le 15e du classement.
Le Bayern doit sa première place au classement à l'efficacité de ses attaquants : 46 buts marqués dont 20 pour le seul Robert Lewandowski.
La méforme de l'ancien défenseur lillois pose par ailleurs un gros problème à Flick, qui n'a pas vraiment de bonne solution pour le remplacer.
Les deux spécialistes du poste sont Kimmich et Bouna Sarr. Mais l'Allemand est indispensable en numéro 6, où il est devenu le régulateur de l'équipe. Quant à l'ancien Marseillais, il est loin d'avoir démontré, sur ses premières prestations, qu'il avait le niveau pour jouer au Bayern.