Autriche : Le First Vienna, club doyen, menacé de disparition

BeSoccer il y a 6 années 720
Des supporters du First Vienna lors dun match contre Parndorf, au Hohe Warte Stadium. AFP

Son stade fut le plus grand d'Europe continentale, mais n'accueille plus aujourd'hui que quelques centaines de spectateurs en moyenne: loin des millions de Salzbourg, le First Vienna FC, club doyen du football autrichien, lutte pour sa survie, comme d'autres formations historiques.

La nouvelle, début mars, du dépôt de bilan du plus vieux club du pays, bien qu'il ait quitté l'élite en 1992 et évolue en Ligue régionale Est (3e div.) depuis 2014, a eu l'effet d'un coup de tonnerre.

Car le sextuple champion d'Autriche - et vainqueur en 1943 de la Tschammerpokal, la Coupe de l'Allemagne nazie -, fondé en 1894 par des jardiniers anglais établis au coeur de l'empire austro-hongrois, reste un monument.

A l'image de ce que fut son stade, le Hohe Warte Stadium, une arène semi-naturelle construite au début des années 1920 dans le quartier de Döbling, au nord de Vienne. Jusqu'à 85.000 spectateurs s'y massèrent pour un Autriche-Italie en 1923, aux premières heures de la future "Wunderteam".

Jouxtant la cité Karl-Marx, la plus grande cité ouvrière du monde en son temps, cet écrin exceptionnel a contribué à forger la légende du First Vienna, qui de ses origines a conservé non seulement son nom, mais aussi des chants en anglais.

Las ! Faute de remise aux normes, sa jauge a été ramenée à 5.500 places. Une affluence que le "Vienna" n'a de toutes façon plus guère connue depuis des années, faute d'avoir pu s'aligner face à la flambée du coût des joueurs.

'La fin d'une époque'

Dans une capitale autrichienne dominée par le Rapid et l'Austria, eux-mêmes à la peine dans une Bundesliga écrasée par Salzbourg depuis son rachat par Red Bull en 2005, un autre club mythique est en difficulté : le Sportklub.

Issue d'une association créée en 1883 et dotée d'une section football depuis 1907, cette formation de l'ouest de Vienne a dû lancer ce printemps une souscription pour espérer rejouer dans son stade historique. Après deux dépôts de bilan.

Les difficultés de ces deux écuries emblématiques du foot autrichien, qui s'affrontent lundi pour ce qui sera peut-être leur dernier derby, ont ému jusqu'aux grands rivaux viennois.

L'Austria a débloqué mi-mars 9.000 euros pour chacun d'entre elles, leur rendant un hommage appuyé. "Le Vienna et le Sportklub ont non seulement apporté beaucoup à l'histoire du foot autrichien, mais ils continuent à jouer un rôle important dans la formation des jeunes", a souligné son patron, Markus Kraetschmer.

Le Rapid, équipe la plus titrée du pays, a pour sa part joué un match de gala contre le Vienna au Hohe Warte qui, grâce à une dérogation, a pu accueillir 6.200 spectateurs. Le bénéfice de la rencontre, remportée 4-0 par le Rapid, est bien sûr allé au Vienna.

Le club, dont le passif s'élève à près de 1,2 million d'euros, espère faire valider fin mai un plan de redressement prévoyant une baisse d'un tiers de ses coûts de fonctionnement, qui dépassent 2 millions par an.

"Si ça ne marche pas, ce serait la fin d'une époque. Une part de l'histoire viennoise disparaîtrait", soupire Robert Haidinger, le chef des supporters des Bleu et Jaune.

Refus de promotions

Précipité par la mort en début d'année de son principal sponsor, Martin Kristek, le dépôt de bilan peut être l'occasion d'un nouveau départ, espère le dirigeant du club, Gerhard Krisch.

"Nous mettons en oeuvre un plan d'économies très dur et faisons tout pour décrocher de nouveaux sponsors et de nouveaux investisseurs", a-t-il assuré à l'AFP. Les joueurs n'ont pas été payés depuis décembre.

Mais dans un pays de 8,7 millions d'habitants, peu de clubs professionnels peuvent trouver un équilibre économique, rappelle-t-il.

"Les tout meilleurs peuvent compter sur 15-20.000 spectateurs par match. Mais ils ne sont qu'une poignée et beaucoup, même en Bundesliga, sont en difficulté avec une fréquentation de moins de 2-3.000", souligne M. Krisch.

Premier de son Championnat la saison passée - et à nouveau net leader cette année -, le Vienna s'était vu interdire de monter en 2e division pour raisons financières. Plusieurs clubs refusent quant à eux purement et simplement leurs promotions en raison du danger économique...

Malgré le manque d'argent et les risques de disparition, le club doyen possède toutefois quelque chose que les grands d'Europe n'ont plus, assure Josef Keglevic, un supporter historique du Vienna: "Une âme."

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