Bastia se remet en marche en National 3

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Des supporters de Bastia lors d'un match contre le PSG. AFP

Trois mini-vans garés dans le parking vide d'un centre commercial, l'équipe de Bastia repart de tout en bas pour son premier match officiel après la liquidation. Mais la ferveur bleue reste intacte, et le Sporting a commencé par une victoire.

Au bout de quatre heures de route, l'équipe a rallié Propriano pour y remporter un 3e tour de Coupe de France (3-0), dimanche, première sortie officielle puisque la Fédération française de football (FFF) avait laissé au club un délai pour s'organiser, après avoir dégringolé de L1 en National 3 (5e division) en un seul été.

"Il n'y a pas de mots pour qualifier mon dégoût et ma tristesse face à ce désastre, lâche Pierre, un fidèle supporter depuis 30 ans. Les anciens dirigeants ont tué notre club et notre passion."

Mais la passion ne meurt jamais. Ils étaient une cinquantaine à venir encourager le convoi avant son départ.

Pourtant, après 52 années de professionnalisme, le club finaliste de la Coupe de l'UEFA en 1978 et vainqueur de la Coupe de France en 1981, doit reprendre le fil de son histoire contre un club de... 7e division.

Il s'agit même du premier match en Corse du SCB, cinq mois après les incidents contre Lyon, où des supporters ont agressé les joueurs de l'OL et précipité la chute d'une maison qui s'effondrait de partout, endettée, emmurée dans le silence. 

 'Que le Sporting pour drainer autant de passion'

Mais le SCB a retrouvé de la voix. Les 500 supporters présents dans le stade champêtre de Propriano ont mis du bleu partout. Des drapeaux et des écharpes ont accompagné les joueurs tout au long du trajet depuis Bastia, alors que des convois sont venus des quatre coins de la Corse.

"Il n'y a que le Sporting qui peut drainer autant de passion", s'exclame Gary Coulibaly. Revenu au club cet été neuf ans après l'avoir quitté, le milieu de terrain de 31 ans aux 300 matches en pro ne regrette absolument pas son choix.

"C'était un devoir pour moi d'être là. Je devais aider mon club et à ne pas mourir et surtout encadrer la jeune génération qui se retrouve avec une grosse pression sur les épaules."

En effet, partis les Squillaci, Leca, Saint-Maximin ou Crivelli, 80% de l'effectif de l'équipe première du SC Bastia se compose de jeunes joueurs inconnus, formés au club.

"Certains n'ont même pas le permis et doivent se faire accompagner par leurs parents, sourit le coach Stéphane Rossi. On est loin du parking de Ligue 1 où l'an passé les 4x4 et voitures de luxe trustaient toutes les places."

Parmi eux, Julien Romain, pressenti pour signer en Ligue 2, a fait le choix de rester au SCB. Il a signé le but du 3-0 (83) et offert le 2-0 à Anthony Derouard (81). Hassim Traoré avait ouvert le score (53). 

 'Nous sommes les futurs Cahuzac'

"Pour nous, c'est une chance que nous ne devons pas laisser passer !", s'enthousiasme Romain. "Nous sommes peut-être les futurs Cahuzac. C'est en tous les cas mon rêve. Je veux pouvoir être un porte-drapeau de notre football. Le Sporting ne doit pas disparaître", a-t-il poursuivi, en référence à Yannick Cahuzac, corse et ancien capitaine du Sporting, où il a joué de 2002 à 2017.

Une mission que va tenter de mener à bien le nouveau président Claude Ferrandi, aidé de Pierre-Noël Luiggi. "Nous ne repartons pas de zéro mais de -10", lance Ferrandi.

Tout est à reconstruire. Une équipe, trouver un stade, des partenaires ou encore sauver les équipes de jeunes. "À notre arrivée, il ne restait que quatre à cinq joueurs par catégorie. Équipe première comprise, souffle Ferrandi. En trois semaines nous avons accompli des miracles grâce à l'investissement de toute une région qui se mobilise pour nous aider. C'est pour cela que nous n'avons pas le droit d'échouer."

Et les supporters apportent leur écot, avec la création des 'Socios', lancés en juillet par une dizaine de supporters, qui ont récolté près de 250 000 euros à travers une opération de financement participatif.

"Nous voulions apporter notre aide aux futurs repreneurs et notre amour du club, raconte Loïc, l'un des membres fondateurs de l'opération. Le SCB appartient au peuple bleu". Et il a repris la route.

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