La revanche de Renato Sanches

Le Bayern Munich est en crise de résultats, Niko Kovac semble menacé, et alors que le club allemand est dans une période compliquée, un homme tire son épingle du jeu : Renato Sanches. La pépite du football portugais avait disparu des radars aussi vite qu'elle y était entrée au cours de l'année 2016 lors de sa splendide saison avec Benfica et de l'Euro remporté par le Portugal, dans lequel il a eu un rôle prépondérant, mais le Golden Boy 2016 est de retour.

Arrivé il y a deux ans contre 45 millions d'euros au Bayern Munich, Renato Sanches sort de deux années de galère. Blessé dès son arrivée, le milieu de terrain portugais n'a pas convaincu et a fait les frais d'une grande concurrence à son poste. Prêté à Swansea la saison suivante, il s'est enlisé et le cauchemar s'est prolongé alors qu'il était attendu comme un joueur indiscutable dans une équipe plus modeste. "Quand il est arrivé, il était bien plus affecté que je ne le pensais. C'était vraiment triste. On aurait dit qu'il portait toute la misère du monde sur ses épaules. Ça ne l'intéressait pas vraiment de venir ici. Il pensait qu'il allait signer à Manchester United, à Chelsea ou au PSG, mais le Bayern Munich lui a dit : "Tu n'iras pas là-bas, il va t'arriver la même chose qu'ici et tu ne joueras pas", avait regretté Paul Clement, entraîneur à l'époque de Swansea, dans les colonnes du Times.

Renato Sanches voit le bout du tunnel

À l'inverse de son équipe, les choses vont mieux pour Renato Sanches depuis cet été. S'il a manqué la Coupe du monde 2018 avec le Portugal en raison de son faible temps de jeu, le milieu de terrain portugais poursuit son plan de relance avec les Bavarois sous la houlette d'un Niko Kovac qui en a fait un objectif personnel. "Il n’a sûrement pas perdu son football. Ce n’est pas un garçon difficile, il a juste besoin d’affection et de confiance, comme tout le monde. C’est un jeune joueur venu de l’étranger, il faut lui laisser du temps. Je pense que personne ne lui a offert ce temps jusqu’à présent, mais moi, je vais le faire", avait analysé Niko Kovac après un match amical l'été dernier contre le PSG. 

Absent du groupe lors des deux premières journées, Renato Sanches a ensuite profité de la blessure de Corentin Tolisso pour faire son retour dans les petits papiers de l'entraîneur. Le milieu de 21 ans a saisi cette perche tendue par Niko Kovac. Certes, il n'a été titularisé que quatre fois en Bundesliga et une fois en Ligue des champions, face à son club formateur, mais il a pris part à neuf matches de championnat et monte en puissance au fil des rencontres. À tel point, qu'il a effectué son retour en sélection au mois de septembre, plus d'un an et demi après son dernier match avec le Portugal. Les pépins à répétition de Thiago Alcantara ou encore James Rodriguez ne font que jouer en sa faveur pour les prochaines semaines.

Renato Sanches semble enfin avoir passé le cap de l'adaptation à sa vie allemande. "Quand je suis arrivé, je n'étais pas totalement prêt. J'ai rencontré des joueurs différents, que je voyais seulement à la télévision et sur la Playstation. C'était une question de temps et de confiance. Lors de la première année, je me suis blessé et j'ai manqué la pré-saison, qui était importante lors de ma première saison, après être sorti de ma zone de confort. J'ai cherché ma confiance et je pense que les choses vont toujours bien se passer à partir de maintenant", a avoué l'international portugais en conférence de presse ce lundi.

Un but et ça repart

Le déclic ? Son but marqué en septembre dernier au stade de la Luz contre son club formateur, Benfica, en Ligue des champions. Une bouffée d'air frais après une longue traversée du désert, de plus de 800 jours sans faire trembler les filets en match officiel. "Marquer au match aller a été bon pour moi et mauvais pour Benfica, cela m'a permis de retrouver un peu de confiance qui à cette époque n'était pas bonne", a confirmé Renato Sanches avant le match retour. "Ça n'a pas toujours été facile pour Renato depuis qu'il est au Bayern, mais ce soir il a fait un énorme match. Je lui tire mon chapeau, quand on voit de quelle situation il vient", avait analysé Joshua Kimmich quelques minutes après la rencontre.

Même son de cloche du côté de la direction, par le biais de Karl-Heinz Rummenigge : "Il est arrivé au Bayern il y a deux ans et, forcément, il fallait qu'il s'adapte. Aujourd'hui, ça va mieux et il présente une bonne condition physique, il aura d'autres opportunités de jouer (...) Renato Sanches a prouvé qu’il avait beaucoup de talent. J’étais vraiment heureux pour le garçon, il a vraiment apprécié. Renato n’a pas vécu des moments faciles avec nous et la saison dernière à Swansea. Je pense que c’est bien que le coach lui ait donné l’opportunité de jouer ici, dans son pays. Il a très bien profité de cette opportunité".

L'heure est venue pour Renato Sanches de confirmer son renouveau. Du temps, le milieu de terrain de 21 ans en a beaucoup devant lui, mais il serait bien inspiré de ne pas continuer à le gâcher pour ne pas rejoindre les rangs des éternels espoirs du football mondial. Entre une concurrence en berne, un coach souhaitant le relancer et une montée en puissance physiquement, beaucoup de feux sont au vert pour l'ancien de Benfica.

Toutefois, les résultats mitigés du Bayern ne l'aident pas à retrouver sa confiance et son meilleur niveau tandis qu'il serait l'un des plus grands perdants en cas d'éviction de Niko Kovac. Mais après avoir disparu des radars, Renato Sanches est sur la bonne voie, celle de la guérison. Cela demandera du temps - beaucoup - et du travail, mais il a toutes les cartes en main pour confirmer le talent entrevu lors de son éclosion en 2015-2016 au plus haut niveau et sur le long terme.