Personne n'avait vraiment vu venir le transfert de l'international portugais (23 ans, 7 sélections, 3 buts) pour 45 millions de livres (50 M EUR) chez des Reds frileux lors du dernier mercato.
D'une part, parce que s'il y avait une ligne qui semblait impossible à renforcer, c'était bien l'attaque de Liverpool, où la triplette Mohamed Salah - Roberto Firmino - Sadio Mané rendait jaloux n'importe quel grand club.
Ensuite parce que quelques semaines plus tôt, Liverpool avait renoncé à en débourser à peu près autant en pleine crise économique liée au Covid-19 pour l'Allemand de Leipzig Timo Werner, finalement transféré à Chelsea, parce qu'il n'aurait pas été certain d'être titulaire.
Le même argument aurait pu jouer contre Jota, mais le Portugais a rapidement montré que les Reds ne perdaient pas au change quand il était sur le terrain.
En l'espace de 11 jours et 249 minutes de jeu réparties sur 4 matches, il a inscrit 6 buts.
Si l'on ajoute celui contre Arsenal pour ses 10 premières minutes en rouge, il en est à 7 réalisations sur ses 10 premiers matches, du jamais vu sur les rives de la Mersey depuis les débuts de Robbie Fowler en 1993.
Adaptation-éclair
Ses qualités, il les avait déjà montrées avec les Wolves et l'entraîneur Jürgen Klopp ne s'était d'ailleurs pas montré le moins du monde surpris par son adaptation-éclair.
"Je savais que cela ne lui prendrait pas longtemps, à cause de la façon dont les Wolves jouent. Ils ont un système différent mais leur niveau d'intensité est toujours incroyablement élevé", avait souligné le coach allemand avant Bergame.
"Il était évident que physiquement, il serait au point. Techniquement, on avait vu qu'il était bon, donc il ne restait plus qu'à trouver ses marques dans un nouvel environnement, mais les gars rendent toujours cela facile pour les nouveaux", avait-il ajouté.
Mardi, dans un match que Klopp avait présenté comme son "plus grand défi" depuis le début de la saison, Jota a été un poison, inscrivant trois buts et faisant preuve d'une science diabolique des appels à la limite du hors-jeu et d'une maîtrise technique remarquable.
Interrogé après le match pour savoir s'il jouait le meilleur football de sa carrière, le joueur a modestement répondu: "en tout cas je joue dans la meilleure équipe de ma carrière, ça c'est sûr".
"Sadio (Mané) et Mo (Mohamed Salah) sont des joueurs de classe mondiale et ils me rendent la tâche facile", a-t-il ajouté.
Klopp défend Firmino
L'insolente réussite du nouveau venu risque en revanche de nuire à Roberto Firmino, pièce-maîtresse parfois insuffisamment reconnue des Reds.
Depuis le début de la saison 2016-2017, Firmino n'a raté que 8 matches de championnat avec Liverpool.
Mais il s'est fait beaucoup moins décisif ces derniers mois, ne marquant que 3 fois lors des 30 derniers matches, même s'il est un avant-centre atypique, qui aime beaucoup décrocher pour servir les autres.
En conférence de presse d'après-match, Klopp a vigoureusement défendu le Brésilien de 29 ans face aux journalistes, qui semblaient l'enterrer.
"Le monde est parfois un endroit mauvais où, dès que quelqu'un se met à briller, immédiatement on préfère parler d'un autre qui a joué ce qui semble être 500 matches d'affilée", a-t-il d'abord lâché.
"Sans Bobby Firmino, nous ne serions même pas en Ligue des champions. Pour beaucoup de personnes dans le monde, si vous leur demandez: 'qu'est ce qui rend Liverpool spécial ?', ils répondront: 'la façon dont joue Firmino'. (...) Diogo a joué un super match, mais cela ne dit rien de Bobby", a-t-il assuré.
Le onze qu'il choisira pour démarrer les matches à venir, à commencer par le choc de dimanche à Manchester City en championnat, risquent, eux, d'en dire bien davantage.