D'équipe inquiétante à dauphin du PSG, voici comment l'OM a enfin lancé sa saison

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Marseille-Guingamp, Ligue 1. GOAL

Rudi Garcia a trouvé la bonne recette pour son équipe. Le coach a utilisé tous les ingrédients en sa possession pour y parvenir.

Le football, ça va très vite. Cette maxime, ce cliché même, trouve une illustration parfaite dans le début de saison de l'Olympique de Marseille. Le 10 septembre après une douloureuse défaite contre Rennes à domicile (1-3) qui survenait après une humiliation subie à Monaco (1-6), Rudi Garcia et ses joueurs étaient houspillés par le public du stade Vélodrome. La démission de l'entraîneur olympien était même réclamée par des virages en furie. Quatre jours plus tard, pour la visite de Konyaspor en Europa League, rebelote dans un stade désert, peuplé de quelques courageux et garnis de banderoles virulentes. Moins de trois mois plus tard, l'OM occupe la deuxième place de la Ligue 1 et attend son dernier match de poules pour valider son billet pour les seizièmes de finale de la coupe d'Europe. 

Si l'OM n'est pas devenu subitement un candidat au titre, il n'était pas non plus un cancre début septembre. Le succès à Nice (4-2) mais surtout la prestation contre Paris ont fait office de déclic. "Avant le clasico, on avait pris 10 points sur 12 donc on était bien. Mais c'est vrai qu'on a été la seule équipe d'Europe à être proche de les battre,  confirme Rudi Garcia. Mais Nice a été quelque chose de fort." Si le club marseillais n'a jamais lâché prise pour rester dans la course au podium, Rudi Garcia y est pour quelque chose. Malgré la défiance d'une grande partie des supporters, le coach de l'OM a su apporter des changements majeurs pour que son équipe progresse. Aujourd'hui, il a regagné du crédit et s'est offert de l'oxygène pour travailler. Et si sa méthode payait enfin ?

Tout le monde a sa chance

À part Steve Mandanda, tous les joueurs de l'effectif ont été concernés par la rotation organisée par Rudi Garcia. En offrant du temps de jeu à tous ou presque, l'entraîneur a su concerner tout son groupe. "J'essaye de faire ce que j'ai dit. A savoir que chacun doit amener sa pierre à l'édifice. C'est le cas. Je ne peux pas dire une chose et faire le contraire. Quatre ou cinq joueurs changent à chaque rencontre", confirme simplement le coach de l'OM. Conformément à son souhait durant le mercato, il s'est appuyé sur ses cadres expérimentés qui n'ont jamais paniqué et su transmettre de la sérénité. Quand le club aurait pu douter, eux ont permis d'engranger des points pour rester au contact. Sans séduire mais en se montrant efficace.

Certes, comme dans tout club, les éléments majeurs se taillent la part du gâteau. Rami, Gustavo, Thauvin ou Sakai sont des titulaires indiscutables. D'autres comme Maxime Lopez ou Valère Germain peuvent ressentir une forme d'injustice car leur statut a décliné. Mais même les remplaçants ont droit de citer et aucun n'est condamné. Lopez est autant victime du changement de système que de sa méforme du début de saison. Germain souffre de l'arrivée de Mitroglou mais également de son inefficacité en Ligue 1. L'exemple marquant se nomme Morgan Sanson. L'ancien Montpelliérain avait perdu sa place avant de revenir en grâce. Et que dire de Lucas Ocampos qui était donné partant l'été dernier avant de gagner sa place de titulaire. Autre cas, Rolando qui est plus qu'une doublure d'Abdennour. Même Sarr et Njie entretiennent l'espoir. L'un en acceptant une reconversion au poste de latéral droit. L'autre en saisissant sa chance quand elle lui est donnée en pointe dans l'axe.

Un discours fort et adapté

Depuis un an, Rudi Garcia a développé une communication interne et externe distincte. En externe, l'ex-coach de l'AS Rome est fermé, peu loquace voire distant. Il protège son groupe, tape sur les arbitres, se cherche des excuses. Dans sa gestion de l'effectif, en revanche, Garcia se montre très positif. Pour faire passer des choix forts, il n'hésite pas à recadrer en expliquant ses décisions. "J'utilise plein de ressorts. Un coach doit s'adapter au moment, à l'environnement, à plein de paramètres...", indique-t-il. Quand l'OM était dans le dur, il n'a jamais laissé transparaître de failles. Aujourd'hui 2e, il maintient une distance et... la pression. "Rien n’est facile, il faut être vigilant et rester concentré", lance-t-il. L'OM veut finir dans les quatre premiers ? Le coach rectifie sans fanfaronner : "L’ambition est de finir le plus haut possible. Deuxième, c’est mieux que troisième mais on n’est qu’en décembre, on verra plus tard. Si on est deuxième à la 37e journée, on ne fera pas exprès de perdre pour finir quatrième."

Le secteur offensif fonctionne bien puisque l'OM est la seule équipe de L1 ayant marqué à chaque sortie. Le tout avec des attaquants de pointe en mal d'efficacité à l'image de Mitroglou. Là encore Rudi Garcia adopte un discours positif : "Je ne suis pas inquiet, nos attaquants travaillent à l’entraînement, nous sommes proches d’eux et ils ont notre confiance. Nous sommes deuxièmes sans que nos attaquants de pointe ne fonctionnent, quand ça marchera, ce sera un plus indéniable. Quand cela fait quatre mois que quelqu’un fait son travail et qu’il est descendu en flèche, c’est normal qu’il ne soit pas en confiance."

Amavi installé à la place d'Evra

Les premiers matchs cataclysmiques de Patrice Evra ont poussé Rudi Garcia à anticiper l'installation de Jordan Amavi dans le couloir gauche de la défense. La transition définitive s'est opérée mi-septembre. Ce n'est pas la décision qui a fait le plus de bruit mais c'est sans doute l'un des tournants de la saison de l'OM. Le dérapage d'Evra qui a entraîné son licenciement a mis fin à une situation bancale. Tonton Pat n'était plus que l'ombre de lui-même et son influence dans le vestiaire n'était pas si importante que la légende veut bien le dire.

Avec Amavi, l'OM a découvert un latéral offensif, sûr technique et solide défensivement. En quelques semaines, il s'est révélé comme l'un des plus sérieux espoirs français à son poste. Didier Deschamps l'a d'ailleurs repéré puisqu'il l'a appelé en équipe de France. Pour l'OM, le côté gauche n'est plus le talon d'Achille sur lequel tape systématiquement les équipes adverses. D'un point faible, le latéral gauche est devenu un vrai atout.

Un 4-2-3-1 plus équilibré

C'est la décision la plus importante de Rudi Garcia. Celle qui a transformé l'OM pour le reste de la saison. Présenté comme un adepte voire un Ayatollah du 4-3-3, qu'il avait utilisé avec succès dans ses clubs précédents, l'entraîneur marseillais a su bousculer ses principes pour s'adapter au matériel à disposition. Pourtant, c'est lui qui a bâti l'effectif en une année. Mais son milieu à trois qui flambait au printemps avec Sanson et Lopez entourant Vainqueur n'a pas passé l'été. Lopez n'a pas tenu la distance et Sanson s'est perdu. Et surtout Luiz Gustavo a pris une dimension monumentale. Garcia a changé de système pour installer aux côtés du Brésilien, Frank Zambo Anguissa. Le puissant camerounais progresse avec Gustavo qui est devenu le boss de l'OM. Devenu l'un des vice-capitaines, l'Auriverde régule, ratisse, marque... Il est l'homme à tout bien faire. L'OM a trouvé son équilibre grâce à lui. Dans le 4-3-3, Gustavo, abandonné dans l'axe, devait tout faire tout seul. Une fois ce 4-2-3-1 installé et rodé, autour de Gustavo, Garcia a pu réintégrer des éléments comme Sanson.

Le duo Payet-Sanson, ça marche

Le 4-2-3-1 devait permettre à Dimitri Payet de retrouver une position axiale derrière l'attaquant, là où il avait enchanté la L1 durant l'ère Bielsa. L'OM s'est effectivement relancé avec le Réunionnais à la baguette. Mais ces dernières semaines, Garcia l'a de nouveau écarté sur le côté pour installer Morgan Sanson dans l'axe. C'est la théorie mais dans la pratique, les deux meneurs se partagent le rôle. "Ils sont différents, détaille Rudi Garcia. Morgan a une qualité : les courses vers l'avant. Dimitri, lui, aime chercher le ballon et organiser le jeu. Quand l'un va à l'intérieur, l'autre plonge sur le côté. Leur association est bonne." Revenu en forme, Morgan Sanson, déjà auteur de 7 buts et 3 passes décisives, jubile : "J'ai connu une période assez compliqué mais j'ai réussi à m'en extirper. J'ai beaucoup travaillé et depuis plusieurs semaines, je joue à un bon niveau. J'ai retrouvé la confiance et je suis décisif. Avec Payet et Thauvin, on a une relation technique intéressante sur cette ligne de trois."

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