Dijon - Nice, Sammaritano : "Il y a un écart immense entre la Ligue 1 et la Ligue des champions"

BeSoccer il y a 7 années 454
Fred Sammaritano, Dijon. GOAL

Après la Ligue 2 et des souvenirs inoubliables en C1, Frédéric Sammaritano s'éclate à Dijon, dans l'une des équipes les plus joueuses de Ligue 1. Entretien.

C'est dans un parcours peu commun que Frédéric Sammaritano puise sa force. De la Ligue 2 à la Ligue des champions, le milieu offensif de Dijon a tout connu. Les batailles rêches de l'antichambre, et les grands combats européens contre le Real de Ronaldo, le Milan d'Ibrahimovic et l'Ajax de Suarez. Dix ans après ses débuts, le Dijonnais mesure aujourd'hui l'évolution du football français et affirme ses ambitions avec le DFCO, un club qui continue à grandir. Entretien. 

Frédéric Sammaritano, vous avez été performant et décisif dans des matches importants cette saison. Comment la jugez-vous à titre personnel ? Est-ce votre meilleure saison en Ligue 1 ?

Ma meilleure saison, non. On va dire que depuis le début de saison ça c’était bien passé. Après j’ai eu un peu moins de temps de jeu, j’ai été un peu blessé aussi. C’est peut-être pas ma meilleure saison en Ligue 1, mais je donne le maximum pour être le plus décisif et le plus performant possible.

Vous étiez à Auxerre, dans un club historique, et vous avez rejoint Dijon en 2015. Le DFCO est perçu comme un club d'avenir avec un projet de jeu séduisant. Est-ce que cette image vous a incité à faire ce choix ? 

Honnêtement, je savais que Dijon avait un projet sportif intéressant, un projet de jeu qui correspond bien à mes caractéristiques de footballeur. C’est un jeu qui se basait sur la maîtrise du ballon, la technique, donc moi ça m’avantageait. À Auxerre, depuis plusieurs années c’était devenu difficile. Il y avait pas mal de tumulte autour du club. Le projet de Dijon m’a plu, donc j’ai foncé.

Les bonnes prestations contre les gros sont-elles un motif d'espoir pour le maintien dans la période actuelle ?

On sait qu’il y a de la qualité dans ce groupe, on l’a montré contre quasiment toutes les équipes. Après, on a perdu énormément de points dans les dernières minutes. Je pense que notre classement ne reflète pas tout à fait les matches qu’on a produits. Souvent, contre les grosses écuries, on a été à la hauteur donc c’est vrai que ça reste un motif d’espoir.

Quelle équipe vous a le plus impressionné justement ? Monaco, Paris ou Nice que vous affrontez ce samedi ?

Dans les matches qu’on a joués, honnêtement aucune équipe n’a été vraiment impressionnante. On a perdu à Nice mais je pense qu’on méritait mieux. On perd sur un but hors-jeu et un penalty un peu douteux donc c’était quand même compliqué. Contre Monaco, on fait match nul on avait fait une bonne prestation. Et contre Paris on a perdu deux fois mais on n’a pas été surclassés non plus… Si je devais en choisir, celle qui a été la plus performante contre nous, ce serait Paris quand même.

Penchons-nous un petit peu sur votre parcours. Vous avez été formé à Nantes, mais on vous découvre à Vannes. Avec le recul, est-ce que ce parcours sinueux est une force supplémentaire pour vous ? Ou vous gardez un peu d'amertume, par rapport à des gens qui ne vous ont pas fait confiance ?

Au départ, c’est sûr qu’on a toujours un peu de rancœur quand on ne signe pas son premier contrat professionnel dans son club formateur. Ça me tenait à cœur de signer avec Nantes, ça n’a pas été le cas. Je n’ai pas été conservé, donc j’ai essayé de rebondir. On est un peu en situation d’échec dans ces cas-là, c’est ce que je ressentais. Ça donne envie de travailler, de ne pas baisser les bras. Et puis j’ai signé mon premier contrat avec Vannes en 2008.

Vous signez ensuite à Auxerre et disputez la Ligue des champions en 2010...

Carrément. J’étais en Ligue 2 à Vannes dans un petit club qui grandissait tout doucement, puis je me retrouve propulsé en Ligue 1 et en Ligue des champions dans un groupe 'de la mort' avec l’Ajax, Milan et le Real Madrid. C’était un peu le grand saut. Ça s’est plutôt bien passé aussi, je me suis plutôt bien adapté. J’ai fait une bonne première saison en Ligue 1, j’étais vraiment satisfait de découvrir ce niveau-là.

Vous avez connu la Ligue 2, la Ligue 1 et la Ligue des champions. On a une idée mais quel est l'écart le plus important ? Entre Ligue 2 et Ligue 1, ou entre Ligue 1 et C1 ?

Entre la Ligue 1 et la Ligue des champions, il y a un écart immense. Les matches sont d’une intensité beaucoup plus importante. Il y a peu d’erreurs techniques quand on joue contre les grosses équipes. Et dès qu’on fait la moindre erreur, on le paie cash. Je me souviens que contre Milan chez nous, on avait fait un très bon match mais on perd 2-0. Ils nous crucifient sur des petites erreurs. Au Real on en avait pris quatre aussi, ce n’était vraiment pas facile.

En novembre 2010 vous marquez contre l'Ajax de Luis Suarez et Auxerre gagne. On vous parle souvent de ce moment ? C'est un pic dans votre carrière ?

Oui, marquer en Ligue des champions ce n’est pas donné à tout le monde. Ça reste un moment incroyable. En plus, on avait gagné, il y avait une ambiance de ‘folie’, donc ça reste vraiment un souvenir impérissable.

On vous en a voulu de quitter Auxerre pour Dijon ? On sait qu'il y a une petite rivalité régionale entre les deux clubs.

Je suis arrivé ici de façon un peu houleuse. Il y a eu pas mal de déception, pas mal de gens qui n’ont pas compris mon choix. Moi j’étais persuadé de faire le bon choix, ça a été le cas. Après, je peux comprendre qu’il y ait de la déception, qu’il y ait une petite rivalité entre les deux clubs, mais il y a eu un peu trop de marasme dans tout ça, avec des gens qui ont eu des réactions un peu trop virulentes je trouve. Ça ne reste que du football, l’avenir m’a donné raison.

Si vous deviez décrire votre jeu, quel est votre plus gros point fort ?

On va dire que j’essaye d’avoir la meilleure qualité technique possible. J’ai besoin des autres pour être performant, j’ai besoin de jouer dans une équipe qui joue au ballon, où je peux exprimer mes qualités de vivacité, de technique. Et à Dijon, j’ai eu la chance de trouver ça, une équipe joueuse. Ça a plutôt mis en valeur mes caractéristiques.

Que préférez-vous, passer ou marquer ?

Honnêtement ? Je préfère marquer. La sensation de marquer un but… On tombe souvent dans une euphorie. C’est toujours sympa. Après, j’aime bien aussi donner des bons ballons pour essayer de faire marquer les autres. Les deux restent importants. C’est important d’être décisif, de travailler cet aspect-là parce que c’est ce qui fait la différence dans le football de haut niveau.

Estimez-vous que la qualité technique est davantage mise en avant, aujourd'hui, en Ligue 1 ?

La Ligue 2 par exemple, c’est beaucoup plus de batailles. Quand on reçoit le ballon on est souvent harcelés, on nous tombe dessus tout de suite. En Ligue 1, il y a beaucoup plus d’espace. Ça  permet, si on a une bonne vision du jeu, d’avoir de l’avance sur notre adversaire. Au niveau technique, c’est beaucoup plus qualitatif. Après en Ligue 1, les erreurs se paient rapidement, il faut être beaucoup plus concentré, beaucoup plus réaliste dans les zones de vérité. C’est ça qui fait la différence.

Les dominations de Barcelone ou de l'Espagne il y a quelques années ont fait évoluer les mœurs...

On s’est forcément rendu compte, à un moment donné, que le football européen et mondial était dominé par l’Espagne et le Barça, et que c’était beaucoup de joueurs de petits gabarits. Des joueurs qui jouent dans les petits espaces aussi, qui sont toujours en mouvement. C’est quelque chose qui a permis à certains clubs de faire confiance à des gabarits un peu plus petits.

Quels joueurs admirez-vous le plus en Ligue 1 ?

Cette saison ? Déjà, si je devais dire un ou deux joueurs qui m’impressionnent, ce serait soit Pastore, soit Verratti. Après, il y a un joueur qui nous avait vraiment impressionné parce qu’il avait fait un match de fou contre nous, c’était Ninga de Montpellier. Il avait été excellent, il avait marqué 3 buts. Mais Pastore et Verratti ont vraiment une technique incroyable. Ils voient le jeu comme personne, sont capables de sortir des gestes techniques, et de classe, que personne ne ferait. Et ils sont super élégants à voir jouer donc c’est vraiment le genre de joueur que j’affectionne.

Vous êtes un joueur cadre de cette équipe. Parlez-vous beaucoup dans le vestiaire ?

J’aime bien parler un peu avec mes coéquipiers. Soit pour recadrer, soit pour donner mon avis ou donner des conseils. Je pense que c’est important de prendre la parole quand on a un peu plus d’expérience que certains, j’essaye d’apporter ma pierre à l’édifice là-dessus. Je trouve qu’ici aussi c’est facile parce qu’il règne une ambiance superbe. Les joueurs sont à l’écoute. On essaie de tous tirer dans la même direction donc on arrive à se parler et à avancer ensemble.

Vous avez 30 ans. À quoi aspirez-vous pour la suite de votre carrière ?

Dans l’immédiat, je souhaite qu’on se maintienne en Ligue 1. Après j’espère terminer ma carrière en Ligue 1 si possible, on verra de quoi demain sera fait. Pour l’instant, mon avenir est au DFCO, et j’espère en Ligue 1.

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