Épinal : "L'effervescence est extraordinaire, il y a un effet OM"

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Florian Thauvin sera l’épouvantail selon le coach d'Épinal. AFP

Xavier Collin, l'entraîneur d'Épinal, et son joueur Loïc Meyer racontent l'atmosphère exceptionnelle qui entoure leur match contre l'OM.

La Coupe de France est une boîte que l’on ouvre tous les ans en espérant trouver quelques histoires sympas. Il est très difficile d’expliquer son charme. Il ne se mesure pas. Il se vit. Peut-être aussi qu’il se lit dans l’imaginaire collectif. Parce que cette compétition diffuse toujours la même idée, le même parfum, les mêmes sentiments. En laissant planer la possibilité d’un exploit, elle éveille un idéal, un petit point de lumière que l’on recherche à tous les étages et à tous les âges.

C’est avec cette sensation piquante que le SAS Football Épinal, formation de National 2 - l'équivalent de la quatrième division - s’apprête à affronter l’Olympique de Marseille au stade des 16èmes de finale. Depuis deux semaines, cette commune d’un peu plus de 30 000 âmes vibre au rythme de ce match contre une place forte du foot français. Les places mises en vente pour l’affiche sont parties comme une bouchée de pain. "Il y a une effervescence extraordinaire autour de ce match", constate pour Goal l’entraîneur Xavier Collin. "On sent que la pression monte tout doucement. Il y a un vrai effet 'OM'. On s’en est aperçu dès le tirage. Il y a un engouement de passionnés, pas spécialement dans les Vosges mais dans toute la région".

"Progresser dans notre approche du jeu et notre approche psychologique"

La Coupe de France est un carrefour entre le football professionnel et le monde amateur, où la frontière est ténue. Loïc Meyer, défenseur du SAS, a connu Christophe Hérelle (aujourd'hui à Troyes), Emmaniel Bourgaud (Amiens) ou Jérémy Grimm (Strasbourg) pendant son passage à Colmar. Les souvenirs sont encore frais. "Avec Colmar, on a fait une épopée, mais malheureusement j'avais les croisés, donc c'est la première fois que je vais affronter une équipe de Ligue 1 en Coupe de France. C'est mon match le plus prestigieux, certainement ...", explique-t-il à 'Goal'. "Dans notre équipe, on est là l'un pour l'autre. On est devenu une famille au fur et à mesure qu'on vit ensemble. S'il y en a un qui tombe, derrière on sait qu'il y en aura deux autres pour le relever. S'il y a une arme, ce n'est pas un seul joueur, c'est toute l'équipe".

Né dans les Vosges, Xavier Collin a découvert le professionnalisme à Épinal, dans une période faste de l'histoire du club, avant de passer quelques belles années dans le sud de la France, à Montpellier notamment. Pour lui aussi, l'affiche résonne. "C’est un vrai sentiment de fierté. La fierté de pouvoir amener un groupe jeune à progresser. On apprend de ces matches-là aussi, dans la gestion. La saison dernière c’était à Strasbourg où malheureusement on a perdu un peu le fil du match alors qu’on menait 2-0 (défaite 4-2, ndlr). Je suis vraiment très content pour mes joueurs et mon staff de pouvoir jouer ce genre de match. Dans notre approche du jeu mais aussi notre approche psychologique, il faut progresser".

"Est-ce qu'ils auront envie de jouer ? Je ne sais pas..."

Reste qu'affronter un gros ne doit pas être une finalité. Au sein de l'équipe vosgienne, le dilemme est éternel : faut-il mieux tirer un adversaire abordable avec l’idée de rencontrer un poids lourd le plus tard possible ou est-ce que l'adversaire prestigieux est attendu avec impatience ? "Un peu des deux", explique Xavier Collin. "Quand on démarre la saison, l'objectif est d'aller au moins en 32èmes de finale parce que la Coupe de France c'est une mise en lumière pour le club, les joueurs, nos bénévoles, nos dirigeants... C'est important. Les 32èmes, c'est la barre symbolique. Derrière, ce n'est que du bonus". Loïc Meyer poursuit : "Il faut aborder ce match comme un autre, ne pas se mettre de pression supplémentaire. (...) On s'est rejoints dans un bar du village pour voir le tirage ensemble. On était une petite quinzaine de joueurs. On est super contents d'avoir tiré Marseille, mais on espère que ce n'est pas une finalité et qu'on sera au tirage des huitièmes"

Rudi Garcia et l'OM le savent, le challenger du soir mettra tous les ingrédients nécessaires pour être à la hauteur de l'événement. "Eux vont venir à Épinal pour un match de Coupe de France contre une équipe de CFA", assure Loïc Meyer. "Est-ce qu'ils auront envie de jouer ? Je ne sais pas... Mais nous on aura envie et on fera tout pour les bousculer". Quelles sont les armes pour le SAS ? Les coups de pied arrêtés, les contres, et surtout une bonne gestion des temps faibles. "C’est un mix de tout ça", confirme Xavier Collin. "On doit rester le plus longtemps possible dans le match, saisir les opportunités qu’on va avoir et surtout faire honneur à nos couleurs. On a beaucoup de jeunes joueurs qui vont découvrir ce niveau de jeu donc pour nous c’est une belle récompense (...) Il faudra gérer l’avant-match. Ce qui veut dire ne surtout pas faire le match avant, ne surtout pas faire le match après, mais être là le jour J à l’heure H. Il faut être performant au bon moment. C’est là que notre rôle est important".

"S'il peut neiger mardi, ça peut nous aider ... Ils n'ont pas l'habitude"

Le technicien redoute d'ailleurs l'excellente forme de Florian Thauvin, même s'il ne réduit pas la dynamique de l'OM à l'international français. "Il est décisif. Ce joueur-là fait peur à tout le monde. Mais on se méfie avant tout de leur potentiel offensif. Aujourd’hui, ils sont en train de démontrer que leur projet de jeu se met en place. Un projet ne se met pas en place en trois ou six mois et aujourd’hui ils sont en train de faire taire les critiques qu’il y a eues. On se confronte aujourd’hui au deuxième plus gros club français derrière le Paris Saint-Germain". Un épouvantail qui se déplacera sur une terre où le football n'est pas le sport roi. "À Épinal, ce n'est pas le sport favori. Le hockey est devant nous ici, mais le temps d'une soirée on va passer devant eux. (...) Le club d'Epinal, si on gagne, recevra une dotation de la FFF et parmi cette dotation une toute petite partie nous reviendra. C'est pas mal, mais c'est incomparable par rapport aux primes des joueurs de l'OM ou leurs salaires", relève malicieusement Loïc Meyer, avant de basculer sur un autre motif d'espoir... "La pelouse a été refaite cet été (...) Le terrain est bâché depuis quelques jours. Il fait froid, il pleut. Il a neigé. S'il peut neiger toute la journée de mardi et que ça peut nous aider... Ils n'ont pas l'habitude de voir la neige". Xavier Collin murmure une dernière anecdote, pas trop fort. "Il y a 23 ans, c’était ma première saison en Ligue 2, on découvrait le monde professionnel à Épinal, et on a battu l’Olympique de Marseille 2-0. C’est un beau clin d’œil …". 

 

 

 

 

 

 

 

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