Rugani et Caldara, stoppeurs bien élevés

BeSoccer il y a 7 années 2.9k
Mattia Caldara avec les Espoirs de l'Italie contre la France à Venise. AFP

Ils sont jeunes, élégants, apparemment dépourvus de vice, font peu de fautes et pourraient bien être l'avenir de l'Italie en défense centrale. Mattia Caldara et Daniele Rugani, qui s'affrontent vendredi lors d'Atalanta Bergame-Juventus Turin, sont des stoppeurs bien élevés, qui font s'étrangler d'anciens et plus rugueux spécialistes du poste.

Arrivé d'Empoli à la Juventus en début de saison dernière, Rugani (22 ans, 3 sélections) doit à terme remplacer les briscards que sont Andrea Barzagli ou Giorgio Chiellini.

Grand, fin, blond et souriant, il affiche un profil de gendre idéal qui tranche avec celui du 'Gorille' Chiellini ou du 'Roc' Barzagli. 

Il y a un an, son premier avertissement après 53 matches de Serie A avait même été accueilli avec un certain soulagement par Giuseppe Bergomi, ancien défenseur à moustache dur sur l'homme, reconverti en consultant télé à fines lunettes et à la voix douce.

"Un défenseur qui ne prend pas un jaune en 50 matches, je dirais qu'il lui manque quelque chose", avait expliqué "Zio" (tonton) Bergomi sur le plateau de la chaîne 'Sky'.

En préambule à une longue interview, le quotidien 'La Repubblica' avait de son côté dressé un amusant portrait de Rugani en enfant sage: "Il n'a pas un seul tatouage, roule en Smart, aime le tennis et Federer, va souvent à l'entraînement en vélo (...) et n'a pas bu un coca depuis quatre ans". La dernière question de l'interview résumait l'affaire: "Daniele, est-ce que vous dites parfois des gros mots ?".

Mattia Caldara, que Rugani va retrouver vendredi à Bergame puis en 2018 quand le joueur de l'Atalanta rejoindra la Juventus à qui il appartient déjà, est fait du même bois tendre.

Après un match immense contre Naples, la 'Gazzetta dello Sport' lui avait décerné la très rare note de 9/10. "Je me serais mis 8,5. En première période, je me suis bien fait avoir sur une superbe feinte de Mertens", avait-il poliment répondu.

Lui aussi âgé de 22 ans, Caldara est un défenseur qui marque beaucoup de buts, déjà sept en Serie A, qui a lu deux fois 'Crime et Châtiment' et que son coéquipier Andrea Petagna surnomme 'Le Poète'.

Une sorte de contre-modèle de Pietro Vierchowod, champion du monde avec l'Italie en 1982 et dont le père était soldat dans l'Armée Rouge. Lui était surnommé Hulk par Diego Maradona, qui disait de lui qu'il était "un animal, avec des muscles jusque dans les sourcils".

S'il reconnaît des qualités à Rugani et Caldara, 'Le Russe' est tout de même un peu nostalgique de l'époque du marquage individuel, où l'on ne se souciait ni du nombre de buts marqués par un défenseur, ni de son élégance.

"Nous avions une vraie culture défensive, on était forts au marquage, on savait éteindre un adversaire. Aujourd'hui ils ne savent plus faire un marquage", regrettait-il ainsi en février dans le 'Corriere dello Sport'.

Evidemment, Caldara et Rugani sont très différents de Vierchowod, de Marco Materazzi, de Chiellini ou de Claudio Gentile, qui portait bien mal son nom, autant de représentants d'une école italienne des arrières impitoyables.

Mais de Maldini à Bonucci en passant par Nesta, le calcio a toujours également produit des défenseurs à l'aise avec le ballon, dont on dit en Italie qu'ils ont des 'piedi educati', des pieds bien élevés.

Leur modèle à tous est sans doute Gaetano Scirea, mort en 1989 à 36 ans et aimé dans toute l'Italie. Tête haute et piedi educati, Scirea était lui aussi un défenseur central bien élevé. Il n'a jamais été ni expulsé ni suspendu en 16 ans de Serie A, passés à l'Atalanta, puis à la Juventus.

Mentionnés dans l'article