Rayan Cherki, le nouveau phénomène de l'OL

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Rayan Cherki, le nouveau phénomène de l'OL. GOAL

Lancé en Ligue 1 à 16 ans, le jeune attaquant de Lyon Rayan Cherki émerge déjà comme l'une des plus grandes promesses du football français.

Dans cette ère où tout s'embrase si vite, il est fascinant de voir à quel point l'éclosion d'un joueur spécial est attendue, comme si l'histoire était écrite avant de commencer. L'ouragan Kylian Mbappé l'atteste : un gamin lancé dans le grand bain peut se présenter au monde à la vitesse de l'éclair.

Rayan Cherki n'est pas le même type de footballeur que le prodige de Bondy, mais les fées se sont aussi penchées sur son berceau. Et l'effervescence qui accompagne ses débuts dit tout de son talent.

Tête d'affiche de l'académie lyonnaise

Décines. 19 octobre 2019. Le temps se suspend lorsque Rayan Cherki, surdoué de 16 ans, fait son entrée à la 83ème minute d'un banal Lyon-Dijon (0-0). Jean-Michel Aulas et le public du Groupama-Stadium se lèvent pour l'occasion. Barbe naissante et visage poupon, le môme a droit à son ovation.

Ce n'est pas rien. Pas à cet âge-là. Pas dans ce contexte-là. Car ce soir d'automne pluvieux est aussi un jour de première pour Rudi Garcia, dont l'équipe se prend les pieds dans le tapis, mais sur le moment, le match en lui-même devient un non-événement, presque éclipsé par les premiers pas de l'attaquant. 

Préparé, Garcia n'est pas né de la dernière pluie. Il sait où il met les pieds. L'entrée de Rayan Cherki ressemble à une carte brandie pour séduire son nouvel environnement. Parce qu'à Lyon, plus qu'ailleurs, le destin d'une pépite fait l'objet de tous les fantasmes - une question de culture dans cette école de champions, façonnés hier (Benzema, Ben Arfa, Tolisso, Lacazette, Fekir) ou aujourd'hui (Aouar). Et parce que Cherki est de ces diamants qui scintillent un peu plus que les autres.

"Il n’y a aucune pression populaire pour que les jeunes jouent", a expliqué le nouvel entraîneur de l'OL, après coup. "Je fais seul mes choix sportifs. Je sais où j’arrive. Le centre de formation de l’OL est de grande qualité avec des jeunes bourrés de talent. Cherki est peut-être la tête d’affiche de l’académie, mais je voulais montrer que j’y étais sensible, il est entré en jeu parce que c’est un gamin pétri de talent, il faudra l’amener petit à petit, mais le talent n’attend pas les années. Si les jeunes peuvent apporter quelque chose à ce groupe je ne m’en priverais pas, c’est clair".

Sans endosser le costume du héros, Cherki illumine cette rencontre une poignée de minutes par sa simple apparition, récompense programmée d'un background exceptionnel dans son cursus de formation. Ainsi naissent les réputations.

Une technique et un mental hors-normes

Né le 17 août 2003, Rayan Cherki est originaire de Pusignan, dans la banlieue Est de Lyon. Repéré à l'AS Saint-Priest - un club voisin où l'OL a ses entrées, Nabil Fekir y a fait ses classes - le jeune homme a intégré l'académie lyonnaise en 2010, à 7 ans. Il a ensuite grillé toutes les étapes, au point d'être surclassé chaque année.

Sa qualité de dribble, son toucher de balle et son inventivité donnent le tournis à tous ses admirateurs. Les formateurs de l'OL ne comptent plus ses exploits. En vrac, il devient le plus jeune buteur de la Youth League, à 15 ans et 33 jours, en septembre 2018, en scorant contre Manchester City (4-1). Deux mois plus tard, le crack signe un triplé en 5 minutes contre Auxerre lors d'un passage express en U17 - une catégorie où il donnait un simple coup de main, à 15 ans, entre ses piges en U19...  Dribbleur, créateur, passeur, buteur, Rayan Cherki a toute la gamme d'un joueur offensif moderne qui fait basculer les matches. On le perçoit comme un de ces manieurs de ballon élevés au futsal et aptes à mystifier n'importe qui dans une cabine téléphonique. Son poste en pro n'est pas défini.

Récemment, Jean-Baptiste Grégoire, qui l'a eu sous ses ordres à l'entrée de l'adolescence, résumait bien son style dans les colonnes du 'Parisien'. "C'est un garçon qui invente des choses sans arrêt, il crée des gestes inattendus. Cela captive l'attention de tout le monde. Partenaires, entraîneurs, adversaires, public…", s'était-il enthousiasmé. "Mais ce qui m'impressionne le plus, c'est sa passion du foot, sa détermination et son mental pour atteindre le haut niveau et franchir les paliers aussi vite". Les mots résonnent.

Il faut dire que si l'impression visuelle sur le terrain est une chose, la force de caractère en dehors en est une autre. C'est une qualité nécessaire pour construire une carrière. Sur ce plan-là, aussi, Rayan Cherki semble bien armé. Il n'y avait qu'à l'observer, calme mais ferme, dans les couloirs du Vélodrome, dimanche, après une entrée d'une grosse demi-heure qui n'a surpris personne, à Marseille (défaite 1-2) - rien que ça. "Ce n'est que le début. Est-ce que ça comptait pour moi de jouer au Vélodrome ? Non. Est-ce que j'ai été impressionné ? Non", a-t-il lâché, regard fixe.

L'espoir lyonnais a surmonté bien des obstacles. Dans une première période décisive pour son développement athlétique, à 13 ans, il avait été victime d'une ostéochondrite au genou qui a retardé sa croissance. Ce problème l'avait éloigné des pelouses quasiment une année avant un retour sensationnel en U15. On l'a vite compris : l'aplomb du garçon vient de loin.

Dans son cocon, les références ne manquent pas

Phénomène de précocité, Rayan Cherki n'a pas attendu ses grands débuts pour avoir l'Europe à ses pieds. Les poids lourds du continent ont coché son nom (Manchester United, FC Barcelone, Juventus, Bayern Munich, Ajax...), mais son club formateur a eu ses faveurs, avec la signature d'un premier contrat professionnel jusqu'en 2022 à 15 ans et 10 mois, le 7 juillet dernier.

"Je suis très heureux de signer mon premier contrat professionnel dans mon club formateur. C'est l'aboutissement de nombreuses années de travail. Maintenant, le plus dur commence", avait-il souligné après cette date clé. Car tout reste à faire, bien-sûr. ll est important de le rappeler. À Lyon, dans son cocon, les références ne manquent pas. Si l'ancien entraîneur Bruno Génésio le compare à Hatem Ben Arfa pour son exceptionnelle dextérité balle au pied, sa ténacité et son ambition le rapprocheraient davantage de l'autre étendard de cette fameuse génération dorée : Karim Benzema.

La suite de l'histoire, Rayan Cherki a donc toute sa vie de footballeur pour l'écrire. Il est né pour ça. Avec un rêve en tête : marquer son époque. Et rentrer dans les livres. Comme Benzema. Capable de supplanter le mythique Alfredo Di Stefano dans le club le plus titré de la planète, le champion du Real Madrid reste, aujourd'hui encore, ce visage qui tapisse les murs des pépites lyonnaises.

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