Les supporters des Bleus, entre boycott et inquiétudes

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Les supporters des Bleus, entre boycott et inquiétudes. AFP

"Une catastrophe d'organisation": les supporters des Bleus abordent le Mondial-2022 avec beaucoup d'inquiétudes et de difficultés logistiques... A 200 jours du grand rendez-vous au Qatar ils sont nombreux à avoir renoncé, par conviction ou face au prix exorbitant du voyage.

L'équipe de France championne du monde risque de défendre son titre sans ses plus fidèles suiveurs... "On sera dix fois moins nombreux qu'en Russie (en 2018). Si on arrive à être 50 par match, ce sera déjà pas mal", estime Guillaume Auprêtre, membre actif des Irrésistibles Français (IF), le groupe de supporters officiel.

Si l'association n'a pas souhaité boycotter collectivement l'événement, la majorité de ses membres n'ira pas au Qatar. 

Fabien Bonnel, porte-parole des IF, a fait ce choix à titre individuel, "une décision réfléchie et travaillée", assure-t-il à l'AFP. Au Qatar, "les problématiques (respect des droits humains, stades climatisés...) découlent directement de l'organisation du Mondial, ce qui n'était pas le cas en Russie".

Malgré cette vague de boycotts "individuels", le groupe de supporters est resté en lien avec le Comité d'organisation, la Fédération française et la Fifa pour tenter d'organiser au mieux le déplacement des fans intéressés. Mais "c'est un petit parcours du combattant", remarque Fabien Bonnel. 

4.000 euros pour deux matchs

Sans billet de match, impossible de réserver un logement sur la plateforme officielle qui concentre la majorité des options d'hébergement et de demander sa "Hayya Card" faisant office de visa. Or les fans qui ont participé à la deuxième phase de vente n'auront confirmation des sésames obtenus qu'à la fin du mois de mai.

"On a repéré des logements abordables, mais rien n'assure qu'ils seront toujours disponibles lorsqu'on aura notre numéro de commande", redoute Guillaume Auprêtre, qui fait partie des rares à avoir décidé de se rendre dans l'émirat, pour "voir par (lui)-même la manière dont cela va se passer".

"C'est une catastrophe d'organisation, personne ne communique et les supporters vont être les victimes", peste-t-il.

Pour aller voir deux matches du premier tour (une semaine sur place), Guillaume Auprêtre table sur 4.000 euros: 1.500 euros d'avion, 150 à 200 euros par nuit de logement, une soixantaine d'euros par billet de match, auxquels il faut ajouter le coût de la vie sur place. A titre de comparaison, il avait déboursé moins de 1.000 euros, tout compris, pour une semaine à Budapest l'été dernier lors de l'Euro. 

"D'une tristesse sans nom"

"Cela devient du supportariat de luxe", déplore Fabien Bonnel, qui a remarqué l'ajout de 10% de frais de gestion au prix des billets et une augmentation importante du prix des places à partir des quarts de finale.

Sur place, les futurs participants ne rêvent pas d'un moment magique. "Cela va être d'une tristesse sans nom", anticipe Guillaume Auprêtre. 

"J'ai peur de m'ennuyer. On n'aura pas nos amis supporters, on aura fait le tour de Doha en deux jours, et ensuite ? On peut aller faire un tour de chameau dans le désert mais, très vite, on risque de se retrouver dans notre appartement à regarder les matches à la TV. Il y a une fan-zone, mais je ne vais pas passer un mois dans une fan-zone", se désole-t-il.

Si le Qatar assure régulièrement que tous les fans seront accueillis sans discrimination en dépit des lois criminalisant l'homosexualité dans le pays, le contexte interpelle. "En tant qu'homme hétérosexuel, je n'ai pas de souci à me faire. Mais si j'avais été une femme ou si j'avais été homosexuel, je me serai posé deux fois la question", lance Guillaume Auprêtre. 

Les doutes sont partagés par Fabien Bonnel: "A partir de quel moment les autorités vont-elles considérer qu'on n'est plus dans une attitude raisonnable, raisonnée, modérée mais qu'on enfreint la politique de la Coupe du monde a minima et du Qatar de manière plus globale ? Je ne sais pas", conclut-il.

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