OL-OM : Pourquoi ils se détestent

BeSoccer il y a 6 années 2k
Toujours la même haine. EFE

Après des décennies à s'ignorer, les deux clubs ont construit une forte rivalité au XXIe siècle.

En plus de 110 ans d'histoire, l'Olympique de Marseille s'est construit plusieurs rivalités avec ses concurrents français. Saint-Etienne dans les années 70 puis Bordeaux dans les années 80 avant le Paris Saint-Germain dans les années 90 et celle avec l'Olympique Lyonnais dans les années 2000. Pour des raisons de proximité géographiques, Monaco, Nice et même Toulon à une époque font également partie des rivaux historiques du club marseillais. L'inimitié avec Lyon est la plus récente.

Mais elle a pris une ampleur inattendue en quelques années en raison des ingrédients classiques à base de polémiques enflammées, de transferts rocambolesques et de matches tendus. Au point qu'aujourd'hui, avec la croissance disproportionnée du PSG, on peut se demander si l'OL n'est pas le meilleur ennemi de l'OM. Ce n'est pas un hasard si les supporters marseillais se vantent d'être "le seul Olympique" et raillent souvent le camp d'en face en le nommant "FC Lyon", le club historique qui représentait la capitale des Gaules bien avant la création de l'OL en 1950.

Longtemps considéré comme un club de second rang, l'Olympique Lyonnais a rejoint les grands du football français à la fin du XXe siècle. Jusque-là, l'Olympique de Marseille le dominait largement au palmarès. En 1987, c'est même Bernard Tapie, alors boss de l'OM, qui suggère le nom de Jean-Michel Aulas, un jeune chef d'entreprise lyonnais, pour une reprise du club alors en deuxième division. L'entente est cordiale et le duel se limite au terrain. En 1989, c'est l'OM que Gerland accueille pour le retour de l'OL en D1. Résultat 4-1 pour le champion de France. En 1991, l'OM passe un 7-0 au Vélodrome. En 1997, c'est Lyon qui inflige un cinglant 8-0 à Gerland.

C'est durant les années d'hégémonie lyonnaise (2002-2008) que la rivalité va grandir. Les Marseillais ne supportent pas d'assister à la domination de ce club qui ne suscite aucune folie quand le leur déchaine les passions. Les démonstrations de la bande à Juninho, notamment au stade Vélodrome, ne font qu'attiser la rancoeur. Côté lyonnais, en nouveau patron du foot français, on nargue le club le plus populaire du pays. C'est la présence de Pape Diouf à la tête de l'OM qui va faire basculer cette opposition entre les deux Olympique. Nommé en 2005, le président marseillais replace son club dans le haut du tableau et rêve de faire chuter l'ogre lyonnais. Jean-Michel Aulas ne l'entend pas de cette oreille.

Entre eux, l'été 2006 sera bouillant. En courtisant Franck Ribéry, la star de l'OM et des Bleus, JMA déclenche une guerre sans précédent entre les deux clubs. Le joueur va même jusqu'à déclarer sa volonté de rejoindre Lyon en direct sur TF1. Soutenu par son actionnaire Robert Louis-Dreyfus, Pape Diouf ne cède pas et menace même de faire jouer Ribéry en réserve. A propos d'Aulas, Diouf lance : "Nous serions des éléphants aux pattes d'argile si nous nous laissions déstabiliser par le premier guignol venu." Au final, Ribéry restera à l'OM un an de plus avec une revalorisation salariale. Mais le bras de fer laissera des traces. Il est loin le temps où le tout frais champion d'Europe marseillais cédait Amoros, Pelé et Olmeta à l'OL pour favoriser sa progression.

En 2008, les deux présidents se retrouvent autour d'un nouveau transfert qui cette fois arrange tout le monde. Hatem Ben Arfa rejoint Marseille pour 11,5 millions d'euros. Mais comme rien ne peut jamais se dérouler normalement entre eux, le transfert se terminera devant la commission juridique de la Ligue pour une sombre histoire de prime que personne ne veut payer. Quelques mois plus tard, l'OM est leader du championnat quand il reçoit l'OL champion en titre décroché au classement. Avant la rencontre de la 36e journée, Pape Diouf lance "on assistera aux dernières gesticulations du champion". Piqué au vif, l'OL bat l'OM (3-1) et le prive du titre qui reviendra à Bordeaux. Marseille devra attendre un an de plus pour retrouver le sommet de la Ligue 1.

C'est d'ailleurs en 2009-2010 que Lyon et Marseille offrent l'un des plus grands matchs de l'histoire du championnat avec un 5-5 mémorable à Gerland. Au cours de la dernière décennie, si les résultats sont équilibrés et leur affrontement donne souvent lieu à des rencontres spectaculaires, ce sont les polémiques autour du pré qui permettent à la rivalité de croitre. Car après Pape Diouf, Jean-Michel Aulas se trouve un autre challenger à sa mesure avec Vincent Labrune. Le jeune loup face au vieux routier offrent quelques tours de manivelle pour alimenter la chronique médiatique.

Vincent Labrune adresse une lettre à la fédération dénonçant les pratiques d'Aulas envers les arbitres. Ce dernier le traite de "faux cul", de "petit président" de "guignol", raillant "sa science infuse". En 2015, l'épisode du but refusé à Lucas Ocampos qui assène un coup fatal à l'armada de Bielsa est resté dans les annales. En septembre de la même année, le retour houleux de Mathieu Valbuena au Vélodrome provoquera une crise majeure entre les deux clubs. Tellement que l'OM s'est servi de ce prétexte pour retirer la gestion des abonnements aux groupes de supporters.

Jamais un joueur n'ayant porté les couleurs des deux clubs n'aura autant fait parler de lui que Mathieu Valbuena. Pourtant, "Le petit" n'a pas l'objet d'un transfert puisqu'il a transité par le Dynamo Moscou. Mais les supporters ne lui ont jamais pardonné, preuve que Lyon est devenu au fil du temps un rival majeur pour ne pas dire LE rival de l'OM. Avant et après Valbuena, de nombreux joueurs ont évolué au sein des deux Olympique. De Jean Djorkaeff à Jean Tigana en passant par Benoît Pedretti, Sylvain Wiltord, Alou Diarra ou Florian Maurice. A l'OM, on se souvient que Peguy Luyindula avait été choisi pour succéder à Didier Drogba.

L'impossible héritage avait viré au flop gigantesque. Actuellement, Clinton Njie et Henri Bedimo sont à l'OM. Jérémy Morel reste seul à Lyon depuis les départs de Valbuena et Nicolas Nkoulou, qui bizarrement n'a pas défrayé la chronique en rejoignant les Gones à la fin de son contrat à l'OM en 2016... L'un des plus grands joueurs de l'histoire de l'OL, Sonny Anderson s'est révélé en France en jouant à l'OM durant quelques mois. Récemment, Bafetimbi Gomis a brillé avec Marseille après avoir passé cinq ans à Lyon. Les ponts existent bien entre l'OL et l'OM. Mais au milieu coule une eau de plus en plus agitée...  

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Olympique Lyonnais
Olympique Marseille