Pandémie, droits télé : les baisses de salaires des footballeurs sur la table

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Pandémie, droits télé : les baisses de salaires des footballeurs sur la table. AFP

Les footballeurs baisseront-ils leur salaire pour "sauver" le foot français ? Le syndicat UNFP les y a encouragés mardi, ouvrant la voie à des discussions qui seront menées club par club et sans caractère contraignant pour les stars du ballon rond.

Alors que la Ligue de football professionnel (LFP) cherche toujours un nouveau diffuseur pour ses championnats de Ligue 1 et de Ligue 2 après le retrait du groupe Mediapro, la question des rémunérations des joueurs se faisait de plus en plus urgente. 

La crise des droits TV et le huis clos, synonyme d'absence de revenus de billetterie, font planer la menace de pertes records pour le foot pro en fin de saison. Celles-ci ont été évaluées fin décembre à 800 millions d'euros par Jean-Marc Mickeler, le patron de la DNCG, le gendarme financier du football, auprès du quotidien 'L'Équipe'.

Une première réunion entre le syndicat de joueurs UNFP et une délégation de cinq dirigeants de clubs de L1 et L2 s'est tenue mardi après-midi à la Ligue pour lancer le débat, dans un "climat constructif" selon plusieurs participants.

"L'UNFP invite les joueurs à discuter rapidement avec leurs clubs pour envisager les modalités de réduction de leurs rémunérations afin de sauver le football professionnel fortement affecté par cette crise et pour faire en sorte que la saison 2020/21 aille à son terme", a indiqué la Ligue dans un communiqué.

"Situations disparates"

Concrètement néanmoins, aucun accord collectif, ni recommandation écrite, ne sortira de ces discussions, contrairement à celles tenues au printemps au moment de l'arrêt prématuré de la saison 2019/20, où un accord-cadre non contraignant en vue de réductions provisoires de salaires avait été acté.

"On va accompagner nos joueurs sur du cas par cas", a expliqué à l''AFP' Sylvain Kastendeuch, co-président de l'UNFP. "Les situations sont tellement disparates, notamment en termes de rémunérations, qu'il était compliqué voire contreproductif de partir sur des mesures cadres ou collectives". 

Le président de Reims Jean-Pierre Caillot, présent mardi, a souligné de son côté qu'on "ne gère pas la situation d'un joueur de 18 ans comme celle d'un joueur de 30 ans". "C'était impossible d'écrire dans le marbre un pourcentage", a-t-il détaillé auprès de l'AFP.

Les négociations vont donc désormais se dérouler club par club, et même joueur par joueur, pour aboutir à des efforts de la part des footballeurs de L1, dont le total des rémunérations a atteint 780 millions d'euros sur l'exercice 2018/19 selon la DNCG.

Les stars Neymar, Kylian Mbappé ou encore Memphis Depay consentiront-elles à un geste ? "A l'heure où on les dit irresponsables ou égoïstes, les joueurs sont très conscients", rassure Kastendeuch. "Ils sont aussi demandeurs d'éléments très concrets : ils sont prêts à faire des efforts si on leur démontre les difficultés".

Redorer l'image

Interrogé mardi sur la question, le gardien du Paris SG Keylor Navas s'est toutefois montré assez prudent. "Pour l'instant, on ne sait pas ce qui va se passer et la compétition est toujours en cours. On mérite notre salaire tous les jours et on ne nous a encore rien demandé, donc je ne peux pas avoir un avis sur le sujet", a-t-il évacué. 

Auteur de "Le business des droits TV du foot" (FYP), Pierre Maes se montre lui aussi moins optimiste : "Peut-être que quand quelques clubs se seront cassés la figure, des joueurs seront prêts à entendre ce discours. Mais aujourd'hui, pas un joueur ne va bouger, je ne pense pas qu'ils comprennent la gravité de ce qui se passe", pointe l'économiste, interrogé par l'AFP.

Le grand débat a le mérité d'être lancé et il est crucial pour le football français, notamment en termes d'image auprès du gouvernement, qui avait dénoncé sa "cupidité" après le mauvais choix Mediapro. 

Mardi, la ministre déléguée aux Sports Roxana Maracineanu s'est d'ailleurs dite "favorable à ce que tout le monde contribue à ce que nous sortions la tête haute de cette crise". "Il ne faut pas exclure cette baisse de salaire, momentanée, cernée dans le temps", a-t-elle expliqué. Mais du côté des dirigeants de clubs, c'est bien à une baisse durable qu'on espère aboutir...

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