Qui est Jean Ruiz, le talent "à la Rabiot" de Sochaux ?

Il sera probablement titulaire mardi soir sur la pelouse du stade Auguste-Bonal pour affronter le Paris Saint-Germain en huitièmes de finale de la Coupe de France. À seulement 19 ans, Jean Ruiz s'impose sous les ordres de Peter Zeidler à Sochaux à un poste qui n'est pas vraiment le sien mais avec tout le naturel qui le caractérise. Véritable force tranquille, le milieu polyvalent se mue ces derniers temps dans la peau d'un défenseur central et accueillera avec plaisir les banderilles d'Edinson Cavani et de sa troupe. Une capacité d'adaptation précoce - comme tout ce qu'il fait avec un ballon depuis son plus jeune âge - qui en dit long sur le talent d'un jeune homme passionné et invétéré.

Une détermination au service de sa passion

Nous sommes un samedi matin de 2011, jour de match pour les benjamins du club de Wittelsheim où le tout jeune Jean Ruiz a tapé ses premiers ballons. Et comme tous les samedis, Delphine et Stéphane, ses parents, sont sur le pont. "Il n'a jamais eu de pression à jouer au foot. La seule pression qu'il avait, c'était celle d'arriver à l'heure, se souvient son père. Alors les jours de match, on devait manger à une heure précise pour arriver quinze minutes avant le rendez-vous prévu".

Sept ans plus tard, le petit garçon qui ne jurait que par le football n'a pas vraiment changé. "Il n’y a toujours eu que le ballon, reprend son père en évoquant une passion vivace depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne. Les fleurs et la cabane de jardin peuvent en témoigner ! (rires). Même aujourd'hui, alors qu'il joue tous les jours, quand il vient à la maison, il joue au foot avec le chien". 

Guidé par une envie irrépressible, Jean Ruiz transforme son rêve en objectif au détriment des belles années adolescentes. "C’est un garçon très sérieux, parfois trop même, expliquent en choeur ses parents. Il a un peu sacrifié sa jeunesse pour atteindre ses objectifs même si c’est le lot commun de tous les jeunes footballeurs". Entré au centre de formation du FC Sochaux-Montbélliard en 2012, le natif de Guebwiller fait l'aller-retour chaque week end pour retrouver sa bande de copains rencontrée sur les terrains du Haut-Rhin ainsi que sa soeur, Fiona, de qui il est très proche.

C'est avec eux qu'il partage son temps libre, toujours à faire du sport avec une raquette quand ce n'est pas avec un ballon. "Ce n’est pas la peine de lui proposer d’aller boire une bière, sourit son père Stéphane. Devenu professionnel en juin 2016, Jean Ruiz travaille d'arrache pied pour progresser, s'entoure d'un préparateur physique personnel pour gommer ses petits défauts d'explosivité, investit son argent dans une machine de cryothérapie pour bien récupérer... et continue de tout faire pour exploiter un talent vite mis en lumière. 

Un profil à la Rabiot 

Jean Ruiz ne met pas longtemps à alerter les recruteurs de la région sur un talent visible grâce à son avance sur les étapes de développement des jeunes de sa génération. "Ce qui m’a toujours impressionné par rapport aux jeunes de son âge, c’est son positionnement, sa capacité à se déplacer toujours en fonction du ballon, se remémore Jean-Marc Kieffer, son formateur en U13. 

Il arrivait à anticiper pour couper les trajectoires et c’est assez rare à cet âge là". Une capacité de compréhension sublimée par des qualités techniques également vite identifiées. "À l'époque la première chose qui me vient à l’esprit c’est la maîtrise dont il fait preuve avec son pied gauche, reprend l'éducateur. Ensuite, c’est sa sensibilité par rapport au jeu et l’attention qu’il porte à ce qui se passe autour de lui". 

Inspiré dans ses mouvements, Jean Ruiz possède un attirail de qualités en plus d'un physique athlétique bâtit pour le combat (1m88, 80 kg) et qui rappelle un des jeunes joueurs devenu à Paris l'un des meilleurs d'Europe. "Même s'il joue en défense centrale en ce moment, pour moi c’est un milieu défensif à la Rabiot, explique Jean-Marc Kieffer. Il est agréable à regarder et par rapport à certains du même profil, lui ne se regarde jamais. Lorsqu'il perd un ballon, il fait tous les efforts pour le récupérer". Face au PSG, Jean Ruiz aura l'occasion d'étaler pour la première fois son talent en pleine lumière... avant de retourner au travail, à la Ligue 2, dès vendredi puis aux qualifications européennes avec l'équipe de France U19 en mars prochain. Toujours avec des idées de réussite derrière la tête.