Plombé par une série de quatre défaites, Lille doit absolument éviter un nouveau revers à domicile contre Strasbourg samedi (17h00) lors de la cinquième journée de Ligue 1 sous peine de basculer dans la crise.
Le Losc n'avait plus connu pareille série de mauvais résultats depuis 2016. Certes, il convient de relativiser cette statistique au regard des adversaires que vient d'affronter le club nordiste: le Slavia à Prague, le Paris Saint-Germain et le Sporting, qui domine le championnat portugais. Mais un sentiment d'impuissance s'est dégagé des Dogues lors de ces trois matches et du déplacement à Saint-Étienne (1-0).
Bruno Genesio, l'entraîneur lillois, avance la qualification en Ligue des champions, obtenue après un mois d'août éreintant, comme hypothèse: "Peut-être qu'il y a eu un petit phénomène de décompression derrière."
La réception de Strasbourg va marquer, déjà, le dixième match du Losc depuis le début de la saison. C'est plus que n'importe quel autre club français, parce que le Losc a dû jouer quatre rencontres en plus pour se qualifier en Ligue des champions.
Traditionnellement, ce parcours laisse des traces. Marseille, éliminé au troisième tour la saison dernière contre le Panathinaïkos, n'avait gagné qu'un seul de ses neuf matches de championnat entre septembre et novembre 2023 après avoir pris sept points lors de ses trois premiers.
Monaco, éliminé en 2022 contre le PSV Eindhoven (troisième tour) et en 2021 contre le Shakhtar Donetsk (barrages), avait également mis du temps à lancer sa saison.
Si Lille a réussi à franchir cet écueil avec deux victoires 2-0 à Reims et contre Angers, il en paie le prix actuellement. Plus encore dans les têtes que dans les corps. "Sur l'aspect physique, je pense qu'on est prêt", estime Genesio, qui met en avant la fatigue mentale: "Lorsque vous jouez des matches décisifs, très tôt dans la saison comme on l'a fait contre Fenerbahçe et le Slavia Prague, cela vous coûte beaucoup d'énergie, beaucoup de concentration. Pour en avoir parlé avec certains jeunes joueurs qui découvraient la compétition, je sais que cela leur a coûté."
L'entraîneur a vu, après le match retour contre le Slavia, "des joueurs vidés mentalement, avec le sentiment d'avoir rempli ce qui (les) animait tous sur ce début de saison".
Après l'entame en Ligue des champions manquée face au Sporting Portugal mardi (2-0), le technicien se satisfait en tout cas des attitudes: "J'ai vu dans l'avion du retour des comportements de cohésion qui m'ont plu. J'ai vu un groupe de six, sept joueurs revoir notre match, ensemble, échanger sur ce que l'on aurait dû faire avec certains membres de mon staff."
Le Losc paie aussi des absences au milieu de terrain avec Nabil Bentaleb (problème cardiaque), un élément clé dans l'équilibre de l'équipe, ainsi que Hakon Haraldsson, auteur d'un début de saison convaincant mais blessé au pied en sélection.
Il y a enfin l'efficacité et la connexion à retrouver du duo Edon Zhegrova - Jonathan David, respectivement douze buts et dix passes décisives et 29 buts et 6 passes décisives toutes compétitions confondues la saison dernière, même si Bruno Genesio a rappelé qu'ils "dépendaient aussi de l'animation de l'équipe". Elle doit maintenant s'éviter la crise.