Tapie : "Concentré et décontracté" pour gagner en 1993

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Bernard Tapie, alors président de 'l'OM'. AFP

Pour triompher en finale de Ligue des champions 1993, il fallait que l'Olympique de Marseille soit "concentré et décontracté", raconte le président Bernard Tapie à 'l'AFP', et pas le contraire, comme deux ans plus tôt.

Quelle place tient cette victoire contre l'AC Milan (1-0) dans votre vie ?

 "Ca ne vaut évidemment pas la naissance de mon premier fils. Mais c'est mon plus grand bonheur sportif."

Comment avez-vous préparé cette finale?

"Un sportif a besoin de trouver un équilibre entre deux éléments contradictoires, il faut être concentré et décontracté. A Bari (défaite contre l'Étoile Rouge de Belgrade 0-0, 5-3 t.a.b.) on était contracté et déconcentré, et ce n'était que ma faute. Je nous avais recroquevillés sur nous-mêmes. Mais ça s'appelle l'expérience, il y a ceux qui savent en tirer profit. Un club qui n'a pas l'expérience d'une finale ne l'a pas, et il faut en passer par là. C'est rare que la première finale disputée soit gagnée."

Est-ce pour cela que l'OM a perdu celle d'Europa League contre l'Atletico (3-0) ?

"Vous savez, la différence de niveau attendue a donné un résultat conforme à la logique. Sur le papier quand votre équipe est moins forte, vous avez perdu sauf en cas de circonstances qui permettent de renverser la vapeur, fait de jeu, arbitrage, équipe qui se transcende... Si Germain marque, si on ne donne pas le premier but, au lieu de 0-1 ça fait 1-0. Si on ajoute la blessure de Payet, tout est réuni pour qu'on ne gagne pas. Il reste le respect de la loi du sport, on n'a pas été battu illogiquement, et on peut être fier de l'équipe."

Avec cette expérience, que conseilleriez-vous à Jacques-Henri Eyraud pour en gagner une ?

"Je ne le connais pas, donc je ne lui conseille rien, ce serait une bêtise. Lui, il sait. Bon, qu'est-ce qu'on a à se mettre sous la dent avec Eyraud? Il a réussi partout où il est passé. Mais est-ce que l'entreprise 'OM' est meilleure ou moins bonne depuis qu'elle est avec McCourt? Elle est meilleure."

La légende dit qu'à Munich, vous avez fait l'équipe, comment ça s'est passé en réalité avec Goethals ?

"A partir du moment où vous êtes très imprégné de sport, que vous avez un minimum de compétences, c'est très rare qu'il y ait de grosses différences d'appréciation. Des fois je me suis trompé par rapport à Goethals, des fois c'est lui. Quand on a recruté Alen Boksic, il m'a dit : Ce n'est pas avec ça qu'on va gagner la Coupe d'Europe. Mais quand j'ai décidé de prendre le milieu de terrain espagnol, Martin Vazquez, contre l'avis de l'entraîneur, le fait est que ça n'a pas été une gloire. Beaucoup d'entraîneurs ne supportent pas que le président s'en mêle, mais je suis comme ça, et puis on est ensemble dans le bateau. Ce qui prime, c'est qu'au moment du choix l'entraîneur ait le dernier mot, c'est lui qui connaît le mieux les joueurs, qui vit avec eux presque dans l'intimité."

La légende raconte aussi que vous avez refusé que Boli sorte ?

"C'est moi qui empêche Goethals de sortir Boli, il est blessé, il reste huit minutes avant la mi-temps, mais avec le talkiewalkie, en tribune, je l'en empêche. Je préfère avoir un Boli diminué que de jouer sans lui. Völler dit à Raymond de sortir Basile mais le Belge lui répond: Il ne veut pas, l'autre con ! (rires)"

A Munich, après le coup de sifflet final, vous pleuriez et disiez: "On ne devrait pas se mettre dans un tel état, on est des gamins ?"

R: "J'avais un peu honte, on ne se présente pas à la télé en larmes, c'est ridicule, c'est pour ça que je me suis un peu excusé. Une heure après ça allait mieux. Mais là, paf ! Ca fait aussi du bien !"

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