Lancé dans le grand bain à Nice à 16 ans, la carrière de Maupay n'a pas forcément tourné comme le public s'y attendait. Barré à Saint-Etienne, il a choisi les modestes "Bees" en 2017 pour relancer sa carrière: le voilà avec déjà 13 buts en Championship cette saison et l'Euro Espoirs 2019 dans un coin de la tête.
Comment vous sentez-vous ?
"Très bien. Je suis en forme, en confiance, je marque des buts. Ca c'est sur le plan personnel. Au niveau du club, on est dans le dur (17e sur 24), on a perdu énormément de matches sur les deux derniers mois. On a besoin de redresser la barre."
En octobre, votre entraîneur Dean Smith est parti à Aston Villa. Comment l'avez-vous vécu ?
"Je n'étais pas préparé à ça. Je savais que les entraîneurs pouvaient se faire virer rapidement ici. Mais de là à voir un coach quitter un club, pour rejoindre un club rival de la même division après deux mois dans la saison... C'est fou. (...) Ca a été dur à encaisser mais, ici, il n'y a pas le temps de gamberger. Il y a tellement de matches."
Justement, comment vous êtes-vous adapté à ce rythme ?
"L'année dernière, sans jouer tous les matches, j'étais fatigué. Quand tu signes ici, on te dit que tu joues tous les trois jours, que c'est physique mais tu n'es pas préparé à ça. Il faut un temps d'adaptation. Après, c'est une opportunité énorme: on perd un match, on n'a pas le temps d'être dans le doute, trois jours après on rejoue. Et ça c'est génial."
Comment vous êtes vous adapté à l'intensité du Championship ?
"Ici les défenses sont rudes, solides. En France, il peut y avoir des défenseurs centraux grands et costauds mais la différence, c'est que c'est assez facile d'obtenir des fautes. Ici, plus tu te laisses tomber, moins tu en auras. Les défenseurs le savent et n'hésitent pas à te rentrer dedans. Au début, j'ai fait "Wow". Il faut vraiment être prêt physiquement, sinon tu ne joues pas dix matches dans l'année. Ca a été une adaptation. Il y a énormément de travail (de musculation). J'aime ce défi physique et ces duels."
Pourquoi avoir fait le choix de l'Angleterre ?
"Après mon prêt à Brest (en prêt), (...) Le coach de Saint-Etienne de l'époque m'a dit qu'il comptait sur moi mais que je n'étais pas dans ses premiers choix. (...) Je me suis dit que j'avais 20 ans et que j'avais besoin de jouer. (...) Brentford est le club qui me voulait le plus, ça m'a motivé. Après, ce n'était pas un choix évident, car on ne connait pas bien ce championnat."
Cela vous a-t-il fait du bien d'être loin des projecteurs français ?
"Je suis quelqu'un de discret. Je ne cherche pas la médiatisation. Quand j'étais en France, moins on parlait de moi, mieux j'étais. Mais comme j'ai commencé jeune, on attendait beaucoup. (...) Au début ici, les gens ou les journalistes ne me connaissaient pas, donc il n'y avait pas beaucoup d'attentes. J'ai moins eu de pression. Ca m'a fait du bien de changer de pays."
Vous êtes aussi venu pour relancer votre carrière. Pensez-vous que c'est une réussite ?
"Oui, je pense que c'est en bonne voie. Je n'ai pas eu le développement normal. Tout le monde attendait de moi que j'explose directement, car j'ai commencé à 16 ans (à Nice). Mais le monde professionnel, ce n'est pas si facile que ça. (...) Il m'a fallu du temps pour assimiler tout ça, peaufiner mon jeu et devenir un homme. Tout simplement."
La mentalité semble vous plaire ici...
"J'aime l'état d'esprit des joueurs. Sur le terrain, ils donnent tout, à 100%. Il n'y a pas d'état d'âme. Tout le monde se bat pour les autres. J'avais besoin d'être dans une équipe qui me ressemble, parce que je donne tout. Ici, il les joueurs sont prêts à tacler avec la tête. Ca, j'adore."
Pensez-vous à la Premier League ?
"Bien sûr. Je ne veux pas me mettre des barrières. Quand je suis venu en D2, j'avais pour objectif de monter avec Brentford ou de jouer en Premier League. Je marque des buts, alors il y a des rumeurs. Mais je veux bien finir la saison avec Brentford. Et après on verra."
Et revenir en France ?
"Ca dépend aussi des propositions. Mais ici, je me suis trouvé. Je suis épanoui. Ici, la vie, le football, la mentalité me plaisent. (...) J'ai connu la L1, la L2 mais c'est ici que je m'épanouis le plus. J'adorerais rester en Angleterre."
Propos recueillis par Maxime MAMET