Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il tranche avec son prédécesseur Sam Allardyce, volontiers fort en gueule, renvoyé après seulement 67 jours après avoir été piégé en train de se vanter de connaître les moyens de contourner les règlements sur les transferts.
Rien de tout ça chez l'affable Southgate. L'ancien défenseur international n'a même jamais dit publiquement qu'il désirait le poste, estimant que ces choses-là se règlent en privé.
Cela a séduit la Fédération, qui considère qu'il sera "un superbe ambassadeur pour tout ce qui importe à la FA".
"Je ne suis pas un entraîneur qui considère que ce qui lui arrive est la chose la plus importante", avait-il assuré avant d'affronter l'Espagne lors de son dernier match en tant que sélectionneur intérimaire.
Sa seule parole un peu incisive aura été de demander à la FA une décision rapide sur son avenir. Et encore, en invoquant les échéances des moins de 21 anglais, dont il avait la charge avant d'être appelé à la rescousse de l'équipe A.
-Trop petit-
Avant sa consécration, Southgate était plus connu pour son raté lors de la demi-finale de l'Euro-1996 à Wembley: c'est lui qui a manqué le sixième tir au but lors de la défaite de l'Angleterre contre l'Allemagne.
L'homme s'en est remis. Comme à chaque fois. Car l'échec ne lui fait pas peur.
Southgate a reçu sa première claque à 14 ans, quand il a été renvoyé du centre de formation de Southampton. Motif: le gamin de Crawley, au sud de Londres, est trop petit.
La lettre de renvoi "impersonnelle" l'a beaucoup marqué. Il en a fait une force, la gardant précieusement, pour la sortir dans les moments durs, histoire de se redonner un peu de courage.
Rejeté, Southgate a persévéré et trouvé une maison à Crystal Palace. C'est donc en deuxième division que Southgate a fait ses débuts pro, à 21 ans. Il a ensuite mené "Palace" à la Premier League, en tant que capitaine en 1993-1994. Southgate a d'ailleurs ensuite porté le brassard à Aston Villa puis Middlesbrough, soit dans tous ses clubs.
Le milieu de formation s'est peu à peu fait une place en défense centrale, où sa vision du jeu a fait des merveilles, tout comme sa capacité à organiser ses coéquipiers.
Des atouts qui l'ont mené, lui le rebut de Southampton, à l'Euro-1996, où il a disputé tous les matches de la nation hôte, jusqu'à ce que sa trajectoire croise la route d'Andreas Kopke ce soir du 26 juin 1996...
Son chemin l'a ensuite porté au nord, à Middlesbrough en 2001, où il a terminé sa carrière en 2006 (après 57 sélections) et fait ses débuts d'entraîneur la même année.
Encore une fois, l'homme s'est remis de l'échec et de son renvoi en 2009, après la relégation de "Boro".
-'Fausse idée'-
"Le chemin que j'ai pris dans la vie m'a mené à des moments vraiment difficiles et cela m'a appris ce que le succès exigeait", explique-t-il. "Je peux donc faire face à tout ce qui peut arriver. Cela me donne la liberté de faire les choses comme je l'entends et (...) de dire au joueurs: +Allez-y, soyez aussi bon que vous le pouvez!+"
"Si on ne vise pas très haut, il se peut que l'on n'arrive jamais au niveau que l'on pourrait atteindre", affirme celui dont le calme a été salué par ses joueurs.
Mais, cette douceur ne doit pas faire oublier sa soif de succès.
"J'aime gagner. La personne que je suis (devant les médias) ou quand je rencontre des gens est différente de l'animal qui veut gagner des matches de foot", avait-il affirmé après la victoire contre l'Ecosse le 11 novembre.
A lui désormais de transmettre cet état d'esprit à une sélection qui n'a plus rien gagné depuis cinquante ans.