Entre 21 et 23 ans, à peine sorti du centre de formation du Real Madrid, l'avant-centre espagnol a passé deux saisons au sein de la "Vieille Dame" (2014-2016). Il y a inscrit 27 buts en 93 rencontres, dont deux en demi-finale de C1 2015 face au Real, puis un autre en finale face au FC Barcelone (défaite 3-1).
L'entraîneur turinois Massimiliano Allegri, déjà en poste à l'époque, se souvient d'un joueur talentueux mais encore à parfaire mentalement.
"Je l'ai dirigé alors qu'il sortait du Real et qu'il était encore un petit garçon. Il a beaucoup grandi avec nous", a raconté le technicien italien avant le huitième aller, remporté par l'Atlético (2-0). "Dans sa trajectoire jusqu'à présent, il a toujours eu un côté fragile mais c'est un joueur important dans une équipe."
Revenu en 2016 au Real, où il a côtoyé la star turinoise Cristiano Ronaldo, puis transféré à Chelsea en 2017, Morata a peiné à s'imposer à chaque fois. Jusqu'à retourner en Espagne en prêt en janvier, pour mûrir enfin sous les ordres de l'intransigeant entraîneur Diego Simeone.
"C'est un bon joueur, avec un bon ratio de buts, mais avec un air pleurnichard et un peu mélancolique qui nuit à son image", résumait dans un récent éditorial Alfredo Relaño, directeur du quotidien sportif As. "Il doit s'en débarrasser. Et Simeone peut l'en débarrasser."
Le technicien argentin a toujours apprécié le natif de Madrid: il lui avait parlé à l'oreille en demi-finale de C1 2017, remportée par le Real face à l'Atlético. Selon la presse, "El Cholo" Simeone lui avait alors glissé: "Viens avec moi à l'Atlético."
L'attaquant avait souri, avant de confirmer l'anecdote à demi-mot au moment de sa présentation en janvier. "Avec un peu d'intuition, vous pouvez le deviner. J'ai hâte de m'entraîner avec mes partenaires et avec le Cholo."
Son adaptation à l'Atleti a été d'autant plus rapide que l'habituel titulaire Diego Costa a été longtemps blessé et sera suspendu à Turin.
Mais malgré les deux buts acquis à l'aller, les "Colchoneros" doivent marquer à l'extérieur mardi s'ils veulent éviter une "rimonta" à l'italienne, dans des huitièmes riches en surprises.
"Une confrontation contre la Juventus n'est jamais pliée. On a vu des choses plus incroyables en Ligue des champions", a prévenu Morata. "Nous devons aller là-bas en étant prêts pour la guerre."
Précieux par son jeu de tête et son engagement physique, Morata a connu quelques déceptions lors de ses premiers matches à l'Atlético: buts refusés contre le Real en Liga (défaite 3-1) puis contre la Juve, à chaque fois après arbitrage vidéo (VAR).
Il s'en est remis avec un but contre Villarreal (2-0) puis un doublé contre la Real Sociedad (2-0). De quoi amadouer les supporters "colchoneros", qui avaient initialement reproché ses années merengues à ce joueur également passé par les catégories de jeunes de l'Atlético.
"Quand on est un joueur de grand talent, on met moins de temps à s'adapter", a résumé Simeone. "Morata n'est plus un enfant et il réunit toute les qualités que nous espérons de lui."
Morata, double vainqueur de la C1 (2014, 2017), sait ce que l'Atlético attend: conquérir le titre européen lors de la finale le 1er juin à domicile au stade Metropolitano.
La Juve devrait se méfier de son ancien avant-centre: ce dernier s'est spécialisé dans les buts inscrits contre ses anciennes équipes. Et il brille dans les grands rendez-vous: "Morata est un joueur doué pour les matches décisifs et par conséquent, il est très dangereux", a prévenu Massimiliano Allegri.