Mercredi matin, 10h30. Une longue file d'attente serpente jusqu'à la billetterie du stade Robert-Diochon, l'enceinte historique du club, aujourd'hui en National 2 (4e division).
Arrivé le premier vers 6h00 du matin, après son travail de nuit, Sébastien Ouin a gardé le sourire malgré le froid. Ce Rouennais de 39 ans, dont 34 comme supporter du FCR, a sa place pour l'affiche face au pensionnaire de Ligue 1: "Quand on est supporter, faire 4h30 de queue, c'est rien du tout".
Eric Hobles est arrivé un peu plus tard, à 7h30, mais a fait 800 kilomètres la veille depuis l'Ariège. "Je suis venu spécialement pour le match", explique cet ancien abonné, qui a vu à la télé Rouen surclasser Metz (3-0) au tour précédent.
Derrière eux, la file s'allonge et, en trois heures, les 9.500 places en tribune sont vendues. Sans compter les 1.500 places debout autour du terrain.
En Coupe de France, le club normand, plus que centenaire, réveille des passions qui lui rappellent son glorieux passé, même si les plus jeunes de ses fans ne l'ont pas connu en première division.
Fiançailles sans mariage
Ceux qui n'ont pas vu Rouen dans l'élite (19 saisons, la dernière en 1985) ont plutôt en tête le 16e de finale de Coupe de France perdu contre Marseille (2-1) en 2013. Mais 2013 marque surtout la dernière descente aux enfers, le dernier dépôt de bilan des Diables rouges.
D'abord pénalisés de trois points par la DNCG, le gendarme financier du football, ils terminent 5es à deux points de la montée en Ligue 2, avant d'être, à l'été, mis six pieds sous terre, administrativement relégués en N3 (6e division).
C'est dans ce contexte qu'en 2015 intervient le rapprochement entre les équipes premières du FCR et du voisin rival l'US Quevilly, sous le nom de Quevilly Rouen Métropole (QRM), installé à Diochon et soutenu par la Métropole.
QRM, alors en N2, atteint son objectif de monter en L2 en deux ans seulement, en 2017... pour redescendre l'année suivante en National. "Les choses ne se sont pas très bien passées", euphémise Fabrice Tardy, le président du FCR depuis 2013, qui décide dès juin 2018 de sortir de QRM.
Après des "fiançailles qui ne se sont pas conclues par un mariage" pour M. Tardy, QRM, autrement dit Quevilly, tente aujourd'hui de survivre en National alors que Rouen, premier de son groupe de N2, a de grandes chances d'y accéder.
"Je suis rouge et c'est tout"
Si Quevilly qui a brillé avec deux épopées jusqu'aux demi-finales de la Coupe de France en 2010 et 2012 descend et Rouen monte, ce serait pour beaucoup un retour à la normale.
"Le club populaire, c'est le FCR", défend Clément Foucard, trésorier de la Fédération des Culs rouges, supporters devenus actionnaires à hauteur de 6% du capital après une levée de fonds par crowdfunding.
"Pour un match classique de N2, le FCR réunit environ 2.000-2.500 personnes, alors que pour QRM en National, 500 personnes c'est le grand max", regrette-t-il.
Pour David Giguel, ancien joueur rouge devenu entraîneur de Rouen, "on a voulu englober le FCR et les supporters n'ont pas été satisfaits. C'est un club suivi de génération en génération", explique-t-il.
Dimanche, les joueurs voudront continuer à rêver, avec à leur tête le capitaine et défenseur Nicolas Burel, 31 ans, revenu la saison passée après avoir quitté sa Normandie en 2013 après le dépôt de bilan. Aurait-il pu revenir avant ? "Oui, j'ai eu une proposition de QRM... Mais je ne pouvais pas, j'ai refusé. Mon club, c'est le FCR. Je suis rouge et c'est tout".