Étant jeune, vous mettiez "la misère aux garçons de (votre) quartier", peut-on lire sur votre page de l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Ça vous évoque quels souvenirs?
"Ce ne sont que des bons souvenirs, c'est à cet âge-là que j'ai commencé le foot, à 8 ou 9 ans. J'aimais bien jouer avec les garçons de ma cité et franchement, c'est vrai, je leur mettais la misère (rires). Après ils venaient me chercher chez moi."
Quand vous jouiez à Vitry et Ivry, que représentait la sélection?
"Ça ne me parlait pas du tout, je ne connaissais pas du tout l'équipe de France féminine. Je ne savais pas qu'on pouvait en faire un métier, je jouais par pur plaisir, vraiment, insouciante, avec les potes, sans me dire qu'un jour j'intégrerais l'équipe de France ou quoi que ce soit."
Et vous êtes désormais la deuxième joueuse la plus capée du groupe France, derrière Wendie Renard...
"Ah oui? Mais elles sont où les filles là? Il manque Amel (Majri, blessée)... Et Griedge (Mbock) alors?"
Elle compte 67 sélections et vous, 72... En étant indéboulonnable chez les Bleues, comme au PSG, est-ce que ça vous confère un rôle particulier?
"Il faut prendre un peu plus ses responsabilités, sur le terrain et en dehors. Moi je préfère plus les prendre sur le terrain, essayer de mener mon équipe vers la victoire, encourager les filles même dans les moments difficiles. Les motiver, sans leur crier tout le temps dessus. C'est important qu'il y ait ce genre de personnes, leaders de l'équipe, pour pousser l'équipe à son meilleur niveau."
Comment avez-vous digéré l'après Mondial-2019, où vous étiez la révélation française?
"Je ne me suis pas dit qu'il fallait que je justifie quoi que ce soit. Je suis toujours restée dans le même état d'esprit, avec le PSG ou l'équipe de France. L'après-Coupe du monde, je l'ai bien vécu. Il y avait quelques petits changements, on me reconnaissait plus dans la rue, mais à part ça j'ai toujours essayé de garder les mêmes objectifs sportifs."
Être ambassadrice du foot féminin, c'est un rôle qui vous plaît ou qui vous agace?
"Non ça ne m'agace pas. Le football féminin a besoin d'être portée par certaines ambassadrices parce qu'il n'est pas autant suivi que les garçons. Si nous-mêmes on ne met pas du nôtre pour essayer de valoriser notre sport, personne d'autre ne va le faire à notre place. Donc c'est important qu'on ait un peu ce rôle-là."
Vous êtes membre du comité directeur de l'UNFP, le syndicat professionnel des joueurs et joueuses en France. Pourquoi?
"On me l'a proposé et je me suis dit, en tant que femme, que ce serait bien qu'il y ait au moins une ou deux joueuses qui puissent représenter les filles. Il y avait déjà Eugénie (Le Sommer). C'est important de pouvoir défendre nos droits."
Quels sont les sujets sur lesquels vous souhaiteriez voir des améliorations?
"On aimerait être accueillies dans des meilleures conditions en déplacement (en D1 féminine, NDLR). Le minimum, c'est le terrain du match. Je ne pense pas forcément à mon équipe, mais aux autres: qu'elles puissent avoir des installations correctes, a minima un terrain en herbe et pas synthétique, de bonnes installations, un suivi médical... Je me souviens d'un déplacement où les joueuses adverses ont demandé notre kiné parce qu'elles n'en avaient pas pour faire un strapping. C'est dommage, elles ne peuvent pas être au top de leur forme sans soins. Ce serait bien que tout le championnat puisse se professionnaliser à 100%, cela augmenterait son niveau et on serait toutes gagnantes."