"Lucas, même sur une jambe, il est prêt à jouer". Pas certain que le sélectionneur, en prononçant en riant cette petite phrase à l'annonce de sa liste jeudi dernier, imaginait qu'elle continuerait d'alimenter une semaine plus tard le rassemblement des Bleus, à la veille de leur match en Islande qualificatif à l'Euro-2020.
Le club bavarois, peut-être un peu trop "premier degré", s'en est pourtant saisi lundi pour s'opposer à la convocation d'un joueur qu'il estime encore gêné à un genou. "Les propos de Didier Deschamps, selon qui Hernandez est, je cite, prêt à jouer sur une jambe, nous ont beaucoup étonnés", a ainsi protesté le patron du Bayern, Karl-Heinz Rummenigge.
La polémique a enflé et certains joueurs s'en sont même emparés, avec humour, à l'image d'Antoine Griezmann qui, en pleine opposition mardi à l'entraînement, a lancé à la cantonade: "Je joue sur une jambe !".
Mais ces quelques mots du sélectionneur, au-delà de ce qu'ils ont déclenché, soulignent avant tout l'état d'esprit du joueur, sa motivation extrême à l'approche de chaque joute internationale. Et ce, même si l'ancien défenseur de l'Atlético Madrid, formé en Espagne où il a vécu depuis ses sept ans et jusqu'à l'an dernier, n'est international français que depuis 18 mois.
- "Aller à la guerre" -
"Il est prêt à aller à la guerre, c'est un joueur généreux, et ça reflète également sa personnalité", résumait en septembre son capitaine en sélection Hugo Lloris, alors que son coéquipier du Bayern Corentin Tolisso insistait sur son côté "foufou".
Assez "foufou" pour vouloir mettre son corps en danger ? Lors du rassemblement de septembre, "je peux vous dire qu'il voulait jouer les deux matches (contre l'Albanie puis Andorre) ! Je ne l'ai pas fait jouer le deuxième car il revenait d'une longue indisponibilité" après une opération d'un genou, a glissé Deschamps lundi.
Coincé entre son club et les Bleus, Hernandez s'en est sorti par une pirouette au moment d'évoquer son cas personnel.
"J'écoute les ordres des chefs et, lorsque je suis en sélection, je dois écouter le coach de la sélection et surtout le docteur s'il dit que je suis apte à jouer", a tempéré le natif de Marseille sur RTL et M6, tout en confirmant se sentir "à 100%" en vue du match de vendredi.
Une manière aussi de confirmer la relation privilégiée qu'il entretient avec le sélectionneur des Bleus, malgré ses 23 ans et 16 sélections. Deschamps est toujours apparu complice avec le Bavarois, jamais décevant lorsqu'il a été aligné, et semble apprécier son côté boute-en-train.
- Relation privilégiée -
Le technicien n'hésite d'ailleurs pas à le chambrer, comme sur sa tendance à exagérer parfois après quelques coups reçus.
"Il en rajoute un peu, c'est son vécu à l'Atlético Madrid (...) mais je sais (faire la différence) quand il a quelque chose ou qu'il n'a pas grand-chose", avait ri le boss des Bleus après la victoire contre l'Albanie (4-1) début septembre.
Un match où Hernandez, de retour après onze mois d'absence en sélection pour blessure, s'était déjà distingué en délivrant une passe décisive et en étant à l'origine d'un penalty, finalement raté par Griezmann.
Désormais joueur le plus cher de la Bundesliga depuis son arrivée cet été au Bayern pour 80 millions d'euros, le défenseur connaît son statut. Celui d'un "bon cadre", comme il le disait récemment dans un entretien à L'Equipe. Celui, avant tout, d'un "guerrier", qui "sai(t) prendre (ses) responsabilités, tirer un groupe".
Tirer tout le monde vers le haut, sans tirer sur la corde, voilà l'objectif, aussi, du match en Islande pour Hernandez.