Samedi soir, 21h53, l’arbitre met fin au débat entre Strasbourgeois et Bordelais, permettant à ces derniers d’empocher une quatrième victoire en 2018. C’est évident, les Girondins respirent après avoir vécu trois mois en enfer, ponctués par une 15e place à la trêve. Depuis, Jocelyn Gourvennec est parti, emmenant dans ses valises le capitaine Jérémy Toulalan. Malgré ces deux pertes de poids dans le vestiaire, le moral est remonté en flèche. Si les résultats n’y sont pas anodins, évidemment, Gustavo Poyet arrivé au soir du succès à Nantes, le 20 janvier, n’y est également pas étranger.
"Abordable, souriant et curieux"
Le timing de l’arrivée de l’ancien entraîneur de Sunderland était pourtant singulier, voire déroutant. Au micro de 'Canal +', Stéphane Martin le président s’empressait d’informer sa venue, laissant sans voix Benoît Costil et Eric Bédouet, qui assurait l’intérim. Il faut dire que comme de nombreux observateurs de la Ligue 1, peu de monde connaissait le pedigree de Poyet. Passé l’effet de surprise, le technicien uruguayen a pris ses marques petit à petit au Haillan. D’entrée il a voulu connaître tous les joueurs, mais également les employés. Lundi matin, avant d’effectuer la traditionnelle conférence de presse de présentation, le coach de 50 ans a fait le tour du propriétaire histoire d’en savoir un peu plus sur son lieu de travail.
Un salarié évoque pour Goal une personne "très abordable, souriante et qui s’est renseignée sur les coins sympathiques à visiter près de Bordeaux." Afin d’être au plus près du centre d’entraînement, le technicien uruguayen s’est empressé de louer une maison au Haillan, à moins de cinq minutes en voiture. Ses débuts en France présentaient un gros morceau puisque c’est l’Olympique Lyonnais, vainqueur du PSG une semaine avant qui débarquait au Matmut Atlantique. Si la patte Poyet ne se fait pas ressentir, Bordeaux affiche un visage conquérant et généreux avec une victoire 3-1 à la clé. En guise de récompense, le coach "paye sa tournée" avec un brunch et du champagne le lundi. Peu enthousiaste ces derniers temps, le vestiaire bordelais retrouve des couleurs et les nouveaux (Baysse, Meité et Braithwaite) s’intègrent parfaitement.
Au-delà des sourires, Gustavo Poyet est aussi très actif au bord du terrain. Face à l’OL il n’a cessé de faire des allers-retours dans sa zone technique, en replaçant ses joueurs à coups de sifflets. Lundi pour le traditionnel décrassage et entraînement des remplaçants, il était également là. Au Haillan d’habitude c’était l’adjoint ou le préparateur physique qui supervisait ce type de séance mais le Sud-Américain bouscule les codes. Évincé du Shanghai Shenhua en septembre 2017, il prend très à cœur cette nouvelle aventure. "Il a beaucoup d’enthousiasme et d’énergie, décrivait Paul Baysse au micro de 'Canal +'. Il parle très bien français. Il a en tête le jeu qu’il veut mettre en place et il va le mettre en place petit à petit. C’est le sourire, la banane, c’est peut-être ce qu’il fallait au groupe aussi. Retrouver le sourire, le plaisir de se retrouver tous les matins pour travailler dur ensemble. Il a beaucoup d’énergie positive.”
Le déplacement à Strasbourg lui donne un peu plus de crédit avec un succès maitrisé sur une pelouse délicate. Si le style de jeu doit encore s’affiner notamment dans les phases de possession, ces Girondins-là n’ont plus grand-chose à voir avec l’équipe fantôme de la fin de la première partie de saison. Pour autant, certains comme Benoît Costil, promu capitaine, n’oublient pas l’ancien staff. "Il est trop tôt pour tirer des bilans, indique le portier à Goal. Il faut être prudent et très respectueux à l’égard du travail de Jocelyn Gourvennec et de son staff, pendant un an et demi. C’est quelqu’un de très compétent et de très bien humainement. On doit passer à autre chose. Les conclusions se feront plus tard." Pas d’enflammade donc du côté des Girondins mais la satisfaction d’avoir retrouvé une dynamique et une joie de vivre au quotidien. C’est sans doute la première réussite de Gustavo Poyet.