Le club de la capitale voyage dans le nord-est de l'Ukraine avec la qualification déjà en poche, avant même les deux dernières journées de la phase de groupe. Ce n'est pas du luxe pour les demi-finalistes de la dernière édition, secouées par la violente agression subie par Hamraoui le 4 novembre et ses soubresauts internes.
La milieu de terrain de 31 ans, victime d'un guet-apens au retour d'un dîner d'équipe, était restée jusqu'à présent à l'écart du collectif parisien, comme sa coéquipière Diallo. Cette dernière, présente lors de l'agression, a été interpellée puis gardée à vue dans le cadre de l'enquête, avant d'être laissée libre sans charge retenue contre elle.
"Le club a pris la décision ce week-end de les réintégrer au niveau du groupe. Elles vont reprendre l'entraînement collectif ce matin", a annoncé mardi l'entraîneur Didier Ollé-Nicolle, sans s'avancer sur un éventuel retour à la compétition.
"Je considère qu'elles ont été blessées depuis un mois, il faut laisser du temps au temps pour revenir physiquement et psychologiquement", a-t-il ajouté durant une visio-conférence de presse.
Médiation et cohabitation
L'amitié entre les deux joueuses, concurrentes en club et en sélection, a été abîmée par l'agression de Hamraoui et la garde à vue de Diallo.
Réentendue le 29 novembre par les enquêteurs, qui l'interrogeaient sur sa vie personnelle et notamment ses liens avec l'ex-international Eric Abidal, Kheira Hamraoui a affirmé avoir été la cible, après son agression, de menaces d'Aminata Diallo, ont confié deux sources proches du dossier à l'AFP.
Selon ces sources, la joueuse a raconté aux enquêteurs qu'Aminata Diallo aurait, au cours de la semaine du 22 novembre, dit au garde du corps de Hamraoui: "tu diras à Kheira que je vais la niquer".
Des propos qu'Aminata Diallo "réfute totalement avoir tenu", a rétorqué auprès de l'AFP son avocat Mourad Battikh. "Elle souhaite que l'acharnement médiatique cesse et qu'on lui laisse la chance de reprendre sa vie professionnelle", a-t-il ajouté.
Depuis une semaine, la direction sportive a fait en sorte de les rapprocher, en organisant notamment jeudi une réunion sous l'égide d'une médiatrice indépendante. Le même jour, Hamraoui et Diallo se sont entraînées ensemble pour la première fois, avant de reproduire l'expérience lundi.
Le manager de la section sportive, Ulrich Ramé, "est hyper-méticuleux, il prend le temps de tout bien faire", explique une source au sein du club. "Il n'y a pas d'exemple sur lequel s'appuyer. L'idée, c'est d'y aller étape par étape plutôt que de brusquer les choses."
L'ancien gardien international de Bordeaux doit gérer en parallèle les négociations avec plusieurs joueuses en fin de contrat, notamment la milieu allemande Sara Däbritz (26 ans) et, surtout, les pépites françaises Sandy Baltimore (21 ans) et Marie-Antoinette Katoto (23 ans), toutes deux formées au club.
Ollé-Nicolle, entraîneur bâtisseur
Les négociations, lancées depuis plusieurs semaines, sont "bien avancées" concernant l'une des trois, reconnaît le club. Le contrat d'autres joueuses, à commencer par Léa Khelifi, Ramona Bachmann et Aminata Diallo, arrive également à échéance l'été prochain.
"L'année dernière, il y a eu la fin d'un cycle avec des joueuses d'expérience qui ont quitté le club pour des raisons diverses", a relevé mardi Ollé-Nicolle, orphelin de la capitaine Irène Paredes et de la gardienne Christiane Endler. "On a rebâti une équipe jeune": l'idée, c'est "d'avancer avec ce groupe", a poursuivi l'autoproclamé "entraîneur bâtisseur".
Vendredi, il a pu se réjouir de la prolongation jusqu'en 2024 de sa capitaine Grace Geyoro, milieu de 24 ans formée au club.
Interrogée par l'AFP, l'internationale française avait exprimé son "envie d'aller chercher de grandes compétitions comme la Ligue des champions". "L'année dernière, on s'est fait éliminer en demi-finales (par le FC Barcelone futur vainqueur, ndlr). L'objectif, c'est de se servir de nos petites erreurs et de continuer à gagner des matches, étape par étape, pour essayer d'aller jusqu'au bout."