Parmi ses trois prédécesseurs à la tête de la Conmebol, un est en prison aux Etats-Unis (Juan Angel Napout, 2014-2015), un est assigné à résidence en Uruguay (Eugenio Figueredo, 2014-2015), alors que le 3e guerroie pour éviter l'extradition vers les USA (Nicolas Leoz, 1986-2013).
Quand il est arrivé au pouvoir en janvier 2016, Dominguez savait qu'il s'installait sur un siège éjectable, et que tout faux-pas serait désastreux pour la Conmebol.
En deux ans, cet homme d'affaires paraguayen de 46 ans s'est imposé en gestionnaire austère, a mis en oeuvre la transparence qu'il avait promise et fait le ménage à tous les étages du siège de la Conmebol à Asuncion.
Plus d'impunité
Symboliquement, il a fait construire un terrain de football à la place de l'héliport, et l'organisation n'a plus le statut de représentation diplomatique, bouclier contre d'éventuelles perquisitions, dont elle jouissait sans raison.
"Il y a deux ans, quand j'ai assumé la présidence de la Conmebol, j'ai promis de grandes réformes: transparence dans les comptes, exiger la justice, professionnaliser la gestion, et surtout, augmenter les revenus. Aujourd'hui, je peux dire avec grande satisfaction, que nous avons tenu nos promesses", a-t-il dit avant son élection.
"On a mis de l'ordre dans la maison et le football sud-américain a repris le chemin de la croissance", fait-il remarquer. Le patron de la FIFA Gianni Infantino salue le bilan de Dominguez, "non seulement car les clubs reçoivent plus d'argent, mais pour l'image du football sud-américain".
Les cabinets d'audit américains ont aussi validé les comptes de la Conmebol. Fini le temps où les patrons tout puissants des fédérations argentine et brésilienne combinaient entre eux, et recevaient des millions de dollars de dessous de table en échange de droits TV, en toute impunité.
Amitiés présidentielles
Le FifaGate a permis de remettre les pendules à l'heure, et a favorisé l'émergence de nouveaux dirigeants comme Dominguez, arrivé à la tête de la Confédération sud-américaine de football en janvier 2016, quelques semaines après l'arrestation de son prédécesseur, Juan Angel Napout, dans le cadre du vaste scandale de corruption qui a secoué les instances dirigeantes du football.
Né le 25 janvier 1972 à Asuncion, Dominguez est le fils d'un chef d'entreprise ayant fait fortune dans le tabac, l'hôtellerie et l'immobilier.
Le père Dominguez, respectueusement surnommé "Don Osvaldo" au Paraguay, est populaire pour avoir présidé Olimpio, le club paraguayen le plus titré, pendant 30 ans.
Alejandro Dominguez a étudié dans le collège anglican San Andrès, établissement prestigieux, où il a fréquenté Mario Abdo Benitez, élu en avril président du Paraguay et qui prendra ses fonctions en août.
Il est également diplômé en économie de l'université du Kansas, aux Etats-Unis. Homme consensuel, Dominguez entretient à la fois des rapports d'amitié avec le futur président du Paraguay, et le sortant Horacio Cartès, qui sont brouillés.
Le frère aîné de Dominguez a été sénateur du parti Colorado (au pouvoir, droite), mais lui se tient à l'écart de la politique, se contentant de la politique sportive.
Visage poupin, ce père de trois enfants, protestant, est un homme plutôt austère dans son mode de vie, affable et très attaché à sa famille. Depuis le début de l'année, il a reçu trois fois le patron de la FIFA, à Lima, Buenos Aires puis Asuncion, un dirigeant pour qui il a beaucoup d'estime.
Avant de s'investir dans le football, Dominguez dirigeait le journal paraguayen La Nacion, revendu à la famille du président Horacio Cartès. Comme patron de presse, il était engagé au sein de la Société inter-américaine de presse (SIP) pour la liberté de la presse.
Son prochain objectif, est de peser de tout son poids pour que le Paraguay, l'Argentine et l'Uruguay obtiennent l'organisation du Mondial 2030, à l'occasion du centenaire de la compétition, disputée pour la première fois en Uruguay en 1930.