Si l’on ne retiendra pas le contenu des 120 minutes de cette finale de la Coupe de la Ligue 2019, le vainqueur, lui, restera comme l’un des plus beaux et singuliers de son temps. Strasbourg revient de loin, et même de très loin. Son succès contre Guingamp aux tirs au but vient récompenser de multiples efforts pour un club qui était un champ de ruines il y a huit ans.
Rétrogradé en CFA2 en 2011 pour des raisons financières, le Racing est descendu très bas pour mieux remonter. Pas à pas, il a franchi les cols avec panache : CFA, National, Ligue 2, Ligue 1 et désormais l’Europe. Tout du moins, le second tour préliminaire que Lebo Mothiba et les siens disputeront en juillet prochain. Pour Thierry Laurey, le succès est bien là et il a le mérite de souligner à quel point Strasbourg s’est redressé en quelques années, pour redevenir de nouveau une place forte du football français. "J’ai dit que l’aventure devait continuer et c’est le cas, a indiqué l’entraîneur alsacien en conférence de presse. Ça n’aurait pas été grave en cas de défaite mais le club revient sur le devant de la scène. Cette Coupe de la Ligue ce n’est peut-être pas grand chose mais pour nous, ça l’est."
"Il n'y avait plus rien dans ce club"
L’un des plus fidèles lieutenants du Racing, Dimitri Liénard, était encore tout ému dans les travées du Stade Pierre Mauroy. Celui qui est présent au club depuis le niveau amateur (arrivée en 2013), a tout connu avec. Au point d’en devenir un vrai héros, avec sa panenka réussie lors de la séance des tirs au but.
"C’est un club de fou, indiquait-il en zone mixte. Strasbourg n’existait plus il n’y a pas si longtemps que ça… J’ai traversé des choses dingues avec, il n’y avait plus aucun trophée dans ce club, il n’y avait plus rien et maintenant, on ramène un trophée à la Meinau. Je suis heureux pour ce club et cette ville. On va penser à l’Europe, et c’est incroyable."
Liénard n’oublie pas aussi le public massivement présent à Lille. Comme un signe du destin, ces nombreux supporters présents pour regarder les matches en cinquième division contre Forbach, Pontarlier et la réserve de Dijon ont vu leur fidélité récompensée ce soir, certes au bout du suspens : "Vous avez vu le stade ? Interpelle le milieu de terrain alsacien. 75% de Strasbourgeois avec une ambiance de fou furieux. Franchement, bravo à tous les gens qui se sont déplacés. C’est beau ce qu'ils font pour ce club."
Strasbourg vit bien un conte de fée éveillé mais la belle histoire ne se reposera pas sur ce nouveau chapitre écrit à Lille. La participation à la Coupe d’Europe et les travaux à venir à la Meinau permettront encore au Racing de s’étendre, avec ses moyens et son état d’esprit rafraîchissant. "Le travail n’a pas été seulement fait par nous, souligne Thierry Laurey, mais aussi par les dirigeants, le public, les sponsors. Tout le monde avance. J’ai dit à mon goût que ça allait un peu vite donc il faut faire attention." Comme une mise en garde pour qu’Icare ne se brûle pas les ailes dans les prochains mois.
Adrien Mathieu, au Stade Pierre Mauroy, à Lille.