Il n'y a pas beaucoup d'entraîneurs trois fois couronnés en compétition continentale, et encore moins trois fois consécutivement. Unai Emery, Basque de 46 ans qui a coaché Valence et Almeria, fait partie de cette élite. Avec le Séville FC, il a en effet glané trois Europa League de 2014 à 2016, une performance qui a convaincu le Paris SG de l'attirer pour mieux figurer sur la scène continentale.
Deux ans plus tard, le bilan est plus que mitigé. Le PSG a quitté la Ligue des champions dès les huitièmes de finale deux fois de suite, avec en 2017 l'humiliation d'une défaite historique à Barcelone (6-1, après une étincelante victoire 4-0 à l'aller). En 2018, c'est face au Real Madrid (défaite 3-1 à l'aller, 2-1 au retour au Parc des Princes), avec Neymar, l'homme recruté 222 millions d'euros, blessé et indisponible au second match.
En 2017, le PSG s'était même fait déposséder de son titre de champion de France par une équipe de Monaco spectaculaire et enthousiasmante. Cette année, Paris a récupéré sa couronne. Mais la C1 a coûté sa non-reconduction à ce technicien au regard ardent, cheveux noirs gominés et tirés vers l'arrière.
Le penaltygate
"Quand il signe son contrat, il sait pourquoi il est là", observait, fataliste, l'un de ses prédécesseurs sur le banc parisien Antoine Kombouaré. "C'est surtout pour faire le meilleur parcours possible en Ligue des champions. Donc à partir du moment où il ne fait pas le 'taf', comme on dit, il est en difficulté".
Quelle est la part de responsabilité d'Emery dans ces désillusions continentales ? Au moment de son arrivée, son équipe venait de perdre deux cadres majeurs, Zlatan Ibrahimovic et David Luiz, six mois après le départ de l'ambianceur officiel du vestiaire, Ezequiel Lavezzi. Le club de la capitale avait dans la foulée raté son mercato d'été, attirant quatre joueurs dont seul Thomas Meunier a convaincu.
Et le discours d'Emery sur le changement de jeu - passer de la possession au contre - a mis du temps à passer chez les joueurs.
Cette saison, le PSG avait cassé sa tirelire en mettant plus de 400 millions d'euros sur deux joueurs, Neymar et Kylian Mbappé. Le club, propriété des Qataris depuis l'été 2011, est passé dans une autre dimension qu'Emery n'a pas su gérer. La preuve ? Le 'penaltygate' entre Edinson Cavani et Neymar (qui doit tirer les penaltys ?), problème qui a tardé à être réglé et qui a pollué la vie du vestiaire.
Echec au Spartak
Jusqu'à son passage au PSG, les états de service d'Emery étaient quasiment irréprochables. Petit-fils et fils de footballeur, il met vite un terme à sa carrière de joueur en raison d'une blessure à un genou. En 2004, il prend place sur le banc du Lorca Deportiva dans le sud-est de l'Espagne... Et fait monter en 2e division espagnole ce club qui n'avait jamais dépassé le troisième échelon national.
Rebelote à Almeria (2006-08), en Andalousie, qu'il fait grimper en Liga espagnole. Grand défenseur de la valeur travail, il tape ensuite dans l'oeil d'un grand d'Espagne, Valence (2008-12), avec qui il termine trois fois 3e en quatre saisons. Seul accroc: avant le succès continental à Séville, il a connu l'échec lors de son premier exil hors d'Espagne, au Spartak Moscou où il n'est resté que six mois en 2012.
Le natif de Fontarrabie, tout près de la frontière française, voit-il sa magie et son charisme s'étioler hors de la Liga ?
Le technicien volubile et passionné de psychologie, dont il use autant qu'il peut pour tirer le meilleur de ses joueurs, s'est donné la note de 7/10 au PSG, en référence aux sept trophées domestiques qu'il a gagnés. S'il aime les chiffres, il ne sera pas déçu à Arsenal, où il doit remplacer Arsène Wenger après un règne de 22 ans.