L'heure du retour a sonné pour Enock Kwateng. Exclu en fin de saison dernière pour avoir bousculé son vis à vis lors d'un match de CFA contre l'US Granville, le latéral droit du FC Nantes a raté le début de saison de son équipe, purgeant ainsi ses quatre matches de suspension. Et c'est à la Beaujoire, devant un public qui l'a soutenu durant cette période, qu'il s'apprête à effectuer son retour en compétition ce samedi contre Lyon (17h15). Un rendez-vous qu'il aborde avec une énorme envie de bien faire.
Ça y est, vous êtes enfin libre. On vous imagine soulagé et impatient de retrouver la compétition...
Enock Kwateng : Ah oui, là ça fait trop longtemps. Mon dernier match remonte à la Coupe du monde (fin mai, ndlr) et je suis hyper impatient. À l'entraînement, on fait beaucoup de jeu, alors forcément ça donne envie. Ma suspension m'a fait un peu de mal, mais je suis déterminé à revenir et faire un grand match si je suis amené à jouer.
Comment avez-vous vécu cette période sans compétition ?
Ce n'était pas simple. J'ai fait une bêtise et j'ai dû en assumer les conséquences, mais ça m'apprendra. C'est à moi de ne pas reproduire ce genre de comportement à l'avenir.
Vous avez pu compter sur le soutien des supporters, notamment sur les réseaux sociaux. On imagine que ça vous a aidé à digérer la chose...
À Nantes, on est réputé pour avoir de grands supporters. On est un peu une famille. J'ai reçu beaucoup de messages et ça m'a fait plaisir sachant qu'ils auraient pu m'insulter vu que j'avais fait une faute professionnelle, mais non. Ils m'ont fait comprendre que ça me servirait de leçon et je me dois maintenant de revenir plus fort.
Avez-vous cogité depuis ce carton rouge ?
Bien sûr, parce qu'au début j'avais pris sept matches. En plus, le coach est arrivé et il n'a pas pu compter sur moi dès le départ. Ça faisait beaucoup.
Vous parliez de l'ambiance de la Beaujoire et de son public, vous allez avoir l'occasion de le remercier samedi...
C'est un très, très beau retour. Je suis à bloc pour faire un bon match voire un gros match. C'est l'occasion de remercier les supporters et de me faire pardonner.
"Je suis certain que je vais progresser avec Ranieri" Cet été, vous avez repris en même temps que les non-internationaux malgré votre participation au Mondial U20. Un message pour Claudio Ranieri ?
Je devais revenir un peu plus tard, mais avec le président et mes agents, on a décidé que c'était le moment idéal pour reprendre sachant que j'avais pris sept matches de suspension et que j'étais à un poste de doublure à la Coupe du monde. On a pensé que je n'avais pas besoin de plus de vacances et que c'était mieux pour le coach qu'il me voit rapidement afin que je lui montre que malgré les sept matches de suspension j'étais prêt à faire quelque chose avec lui.
La saison dernière, vous êtes repassé par la case CFA, en voulez-vous à Sergio Conceiçao ?
Non, aujourd'hui c'est derrière moi. Conceiçao a fait un gros travail, il a sorti Nantes de la zone de relégation pour terminer 7e. L'équipe tournait bien sans moi. Qu'il ait décidé de ne pas m'intégrer à son groupe, c'est la vie et maintenant je veux travailler pour lui montrer que j'aurais pu jouer dans son équipe.
L'arrivée de Claudio Ranieri semble tout de même vous avoir reboosté...
Il n'hésite pas à lancer les jeunes et pour nous c'est magnifique. Être entraîné par un coach qui a gagné la Premier League, l'un des plus gros championnats du monde, c'est forcément positif. Il a entraîné des grands joueurs comme Mahrez et N'Golo Kanté et avec ce coach, je suis certain que je vais progresser.
Si d'un point de vue tactique, ces deux entraîneurs ont des similitudes, est-ce le cas également dans la gestion humaine ?
Ranieri est plus proche de ses joueurs que coach Conceiçao. En tout cas, avec moi. Avec d'autres joueurs, c'est peut-être l'inverse, mais avec moi il vient plus discuter. Il me dit ce qu'il ne va pas, contrairement à ce que pouvait faire Conceiçao.
"En m'écartant de l'équipe, Conceição m'a rendu plus fort" Claudio Ranieri a nommé Léo Dubois capitaine en début de saison, cela vous a-t-il fait douter ?
Non parce que moi et Léo (Dubois) on est en concurrence depuis deux ans. Cette année, c'est à moi d'aller le chercher et je sais que je vais avoir ma chance, donc ce sera à moi de donner le meilleur pour montrer au coach que je peux être devant Léo Dubois sur certains matches.
Finalement, vous allez devoir réécrire l'histoire inverse qui vous a lié à Clément Michelin lors de l'Euro U19...
Avec Clément, c'était un scénario différent. J'étais titulaire en sélection depuis quatre ans et un carton a tout bouleversé. J'ai été suspendu un match et Clément en a profité. Il a fait une très grosse partie et a fini par être titulaire. Je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même.
C'est quelque chose qui vous a sûrement marqué psychologiquement...
Oui, franchement. Je ne vais pas vous mentir. Ce qui m'est arrivé à l'Euro, ça m'a forgé mentalement parce que j'ai gagné en expérience. Avec Conceiçao, je n'ai pas joué un match, j'aurais pu craquer, mais ma famille, mes amis et mes coéquipiers étaient derrière moi pour me motiver. J'ai continué à travailler pour moi et aujourd'hui ça porte ses fruits. Le coach Ranieri aurait pu m'écarter du groupe, mais pour le moment il compte sur moi.
Vous voulez dire qu'en quelque sorte Conceiçao vous a rendu plus fort en vous laissant sur la touche ?
C'est tout à fait ça. Conceiçao m'a rendu plus fort. Passer six mois avec un coach sans jouer et ne faire qu'un groupe, pour moi c'est quelque chose de grave, mais malgré ça, j'ai continué à travailler. Je suis encore là et je ne vais rien lâcher.
Aujourd'hui, tout semble clair dans votre esprit et les rumeurs de départ semblent loin...
Je suis 100% Nantais. Il me reste deux années de contrat. Je suis à Nantes et je ne pense qu'à Nantes. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'être plus en confiance que la saison passée. À moi de le prouver sur le terrain.