L'ensemble des clubs de Ligue 2 retrouveront la compétition ce week-end. Pour Le Havre, le coup d'envoi de la saison sera donné samedi au Moustoir (15h). À trois jours de la reprise, l'entraîneur havrais Oswald Tanchot a accepté de répondre à nos questions. Il dresse un bilan positif de la préparation estivale et confirme son intention de passer à autre chose après la défaite en playoffs contre Ajaccio. Quant au mercato, il espère que le HAC saura faire face en conservant ses joueurs cadres, malgré la récente approche de Rennes pour Harold Moukoudi, dont le contrat se termine en juin 2019.
Vous avez terminé la préparation par un large succès contre Caen (6-0). L'idéal pour arriver en pleine confiance samedi à Lorient...
"Je n'attache pas énormément d'importance aux résultats en préparation parce qu'il y a toujours des éléments qu'on ne maîtrise pas. Caen était en décalage dans sa préparation par rapport à nous. Des jeunes ont joué en deuxième mi-temps. Je préfère souligner la qualité de l'investissement dans le travail. On a validé tout ce qu'on avait prévu, on n'a pas eu de blessés et ce sont surtout ces éléments qui sont positifs même si c'est toujours mieux de terminer par une victoire et de marquer des buts. On est satisfait, mais on sait très bien que la compétition ce sera autre chose."
On en déduit que le bilan est plutôt positif...
"Les joueurs ont bien travaillé. La préparation a été studieuse. On a eu un peu moins de jours de préparation que la saison passée parce qu'on a terminé plus tard. Mais globalement, même si on sait qu'on ne sera pas prêt comme toutes les équipes en début de championnat, on a fait tout ce qu'on avait prévu de faire."
Il y a eu cette désillusion en barrage d'accession à la Ligue 1 en mai dernier. Avez-vous eu du mal à passer à autre chose ?
"Il y a eu l'été depuis, mais c'est toujours frustrant de finir ainsi. Ça a été une fin particulière. On nous disait qu'on ne pouvait pas partir en vacances parce qu'on jouerait peut-être contre Toulouse. On a attendu et on a fini par avoir un coup de fil pour nous dire que c'était terminé. Ça fait partie du passé, il ne faut pas s'éterniser là-dessus et aller de l'avant."
Comment se sont passées les retrouvailles avec le groupe ? Cette défaite contre Ajaccio est-elle revenue dans les discussions ?
"Les joueurs en parlent sans doute un petit peu, mais nous non. On veut passer à autre chose. Il y a eu ces événements, ce match, ce souvenir douloureux. Ça fait partie de l'histoire du club. Mais c'était hier et il faut penser à demain."
Ce n'est pas un sujet tabou pour autant...
"Non, pas du tout. Je pense simplement que ça n'amène rien de bon de ressasser ça."
Pour le moment, seul Jean-Philippe Mateta est parti parmi les titulaires de la saison passée. On imagine que ce n'est pas pour vous déplaire...
"C'était notre feuille de route. Avant de parler de recrutement, on voulait stabiliser l'effectif. Au Havre, on a chaque année des jeunes talents qui partent, mais là on a une base. Cette équipe a quand même pris 66 points la saison dernière, ce qui est le record du club depuis la montée en Ligue 1 en 2008. Il faut bien sûr continuer à faire progresser nos jeunes joueurs et intégrer au mieux nos recrues, mais je pense que le meilleur des recrutements est d'abord de conserver son effectif."
Aujourd'hui, il y a plus d'arrivants que de partants. La venue de Romain Basque était-elle la dernière attendue, sauf départ ?
"Il peut encore y avoir des arrivées, mais il peut aussi y avoir des départs. Tout ce que j'espère c'est qu'il n'y aura pas de départ d'un titulaire ou d'un joueur au temps de jeu conséquent. J'aimerais garder mon noyau dur et l'affiner, peut-être avec une arrivée. Aujourd'hui le gros du mercato a été fait, mais il peut encore se passer plein de choses."
Le week-end dernier, le représentant d'Harold Moukoudi (Me Granturco) a annoncé les intentions de départ de son joueur par le biais d'un message posté sur les réseaux sociaux. Comment avez-vous réagi ?
"Ça fait partie du football. Aujourd'hui, on voit des choses étonnantes. Ce type de communication, c'est rare, mais je n'y attache pas d'importance. Ce que je sais, c'est que le joueur est là. Il s'entraîne sérieusement, il est impliqué dans le projet. Comme pour tous les joueurs, on sait qu'il y a un environnement et un contexte, avec des gens qui ont d'autres intérêts que les entraîneurs. Ce que je souhaite, c'est que le joueur continue de travailler comme il le fait parce que c'est un garçon qui a une très bonne mentalité."
Ne pensez-vous pas que cela puisse perturber le joueur et le groupe ?
"Non. Je ne vois aucun changement dans le comportement du joueur. Je ne vois pas plus de changement au sein du groupe."
L'intérêt du Stade Rennais a été révélé ces dernières heures, vous confirmez ?
"Je ne connais pas l'identité de tous les clubs qui s'intéressent à lui, mais il plait à de nombreux clubs c'est évident. Le Stade Rennais fait un recrutement avec des jeunes talents, peut-être qu'Harold fait partie de leurs cibles. Je ne sais pas."
Vous le dîtes vous-même : Le Havre est un club formateur. Certains jeunes vous-ont ils fait bonne impression durant la préparation ?
"C'est vrai que contrairement à la saison dernière, on a intégré beaucoup de jeunes à l'équipe. Sur cette préparation, on est satisfait du comportement des jeunes qui sont montés avec nous. C'est une première étape. Maintenant, il faut rester constant pour être performant sur la durée."
Himad Abdelli est entré en jeu contre Caen par exemple, on pourrait le voir assez vite cette saison ?
"Lui comme d'autres. Himad n'est pas rentré dans le groupe pro de façon définitive. On l'a récompensé en lui ouvrant les portes de la préparation. Il s'était déjà entraîné avec nous toute la fin de saison dernière. On voulait le voir à un rythme supérieur. Il s'est bien adapté, il progresse et s'il continue comme ça il est sur la bonne voie."
Comment avez-vous vécu les critiques de la saison passée, notamment après l'envahissement de terrain face à QRM ?
"C'était un moment difficile et je ne pense pas avoir été le seul visé. C'était un tout. On avait du mal à prendre des points à l'extérieur et à la première défaite à domicile, les supporters ont manifesté leur mécontentement. On était encore loin de l'arrivée et c'était trop tôt pour tirer un bilan définitif. Je l'avais dit le soir du match. Pour moi, on était encore dans la course. Il fallait juste qu'on réalise une grosse fin de saison. On l'a fait. Mais c'est comme ça. Il y a un passif et ce sont souvent les gens présents au moment de la frustration qui payent pour les années passées."
Le groupe n'ayant pas trop changé, il pourra sûrement se nourrir de tout ça cette saison...
"La construction d'une équipe est faite de bons et de mauvais moments. Il y a eu cet envahissement de terrain, notre peine pour Samba (Diop). Ça forge les gens et ça fait partie du bagage de mes joueurs. Aujourd'hui, on a un peu plus de vécu que la saison dernière, mais le sport est une remise en question permanente et c'est cette capacité à se remettre en question qui fait la différence. On parle des critiques. Moi, je préfère retenir la communion avec notre public en fin de saison, que ce soit lors des derniers matches où quand ils sont venus nous remercier à l'aéroport. C'est là-dessus qu'il faut s'appuyer parce qu'une belle saison se construit avec tout un environnement. Les supporters en font partie et sont ultra-importants."
Justement, ce serait quoi une belle saison pour vous ?
"Je pense qu'il faut prendre comme repère ce qu'on a fait la saison dernière et essayer de faire mieux. Forcément, plus on prend de points, plus la marge est étroite. Là, avec 66 points, ce sera difficile de faire mieux, mais si on fait mieux en termes de points on pourra éventuellement se retrouver en belle position. On commence la saison à zéro, comme tout le monde, et c'est maintenant qu'il va falloir commencer à prendre des points."
La saison dernière, vous aviez bien débuté avec 4 victoires lors des 4 premiers matches de championnat. Voilà un exemple à suivre...
"Oui c'est sûr, même si on constate que ces dernières années les équipes qui montent sont celles qui sont bien lancées au printemps. Reims est une exception peut-être. On a failli faire la rémontée la saison dernière. Il nous a manqué une victoire ou deux qu'on aurait dû aller chercher à l'extérieur lors de notre hiver difficile. Mais il faut être réguliers et faire en sorte que les temps faibles soient les plus courts possibles. C'est tout ce qui compte."
Vous n'avez pas parlé de Ligue 1 durant toute l'interview, pourquoi ?
"En France, à part les très gros clubs, les équipes n'ont pas de grands effets d'annonce. La saison dernière, certains clubs qui étaient parmi les favoris ont eu des difficulté. La Ligue 2 est un championnat pour les humbles et les modestes qui travaillent et ne fanfaronnent pas. Il faut d'abord travailler, on fixera les objectifs au fur et à mesure."
Propos recueillis par Benjamin Quarez