Désormais au Club Africain, en Tunisie, Victor Zvunka n'oublie pas ses années guingampaises où il a connu des déceptions, comme une réléguation en National, mais aussi des immenses joies, à l'image de la Coupe de France 2009 remportée en finale contre Rennes (2-1). Le technicien de 67 ans évoque pour Goal ce succès qui avait fait la renommée de l'En Avant à l'époque tout en expliquant sa faculté à performer dans les coupes nationales. L'équipe bretonne défie Strasbourg ce samedi en finale de la Coupe de la Ligue (21h05) pour un troisième sacre en dix ans, bien plus que l'OM, l'OL ou Monaco.
Quand vous repensez à cette fameuse finale de 2009, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ?
Victor Zvunka : Le premier souvenir c’est l’arbitre qui siffle à la fin, c’est la joie de toute une ville de remporter son premier grand trophée. Avant, il y avait eu le titre de L2 et le Coupe Intertoto mais là, c’était la grosse récompense. Le déroulement du match avec ce scénario renversant c’était quelque chose. On pouvait écrire l’histoire 50 ans après Le Havre en étant une L2 à soulever ce trophée et on l’a fait.
Justement, le fait d’être en Ligue 2 à l’époque a été un atout selon vous ?
J’avais marqué sur le tableau l’histoire des 50 ans. On n’avait rien à perdre. On a préparé le match sur cet état d’esprit, en insistant sur le fait que, dans les moments difficiles, quand on est solidaire, on peut battre n’importe qui. On s’est comporté comme des professionnels, pas de photo du stade, pas de distraction. On savait pourquoi on venait.
La France avait notamment découvert Eduardo ce soir-là, auteur d’un doublé en finale…
Il a dû marquer à chaque match dans notre parcours. Pour nous c’était l’homme de la coupe. Il avait eu des pépins physiques, on avait préparé un programme spécifique pour lui, on le préservait pour le championnat en L2. Nous étions très attentifs car nous n’avions pas beaucoup de solutions offensives.
L’expérience est-elle primordiale pour ce type de rendez-vous ?
C’est vrai que l’on avait une équipe d’anciens avec Lionel Mathis, Wilson Oruma et Christian Bassila, ça nous avait bien aidé pour ce match. À Châteauroux, en 2004, je n’avais que Teddy Bertin et cela avait été préjudiciable.
"L’En Avant s’est fait connaître dans son histoire par les coupes nationales" Guingamp va disputer sa troisième finale en dix ans, mine de rien c’est immense pour un club de cette dimension…
Je pense que l’En Avant s’est fait connaître dans son histoire par les coupes nationales, notamment la Coupe de France. Ils étaient encore au niveau amateur mais réussissaient à sortir des professionnels. C’est dans le sang du club. Jocelyn Gourvennec va effectuer sa deuxième finale en quatre ans, il y a de la continuité.
Comment expliquez-vous cette faculté à réaliser des bons parcours en coupe ?
Les dirigeants n’insistent pas que sur la coupe mais c’est un petit moteur mine de rien. Noel Le Graët adorait ça. Quand tu rejoins Guingamp, tu te mets dans le mouvement et ça devient une motivation supplémentaire.
Justement, est-ce que ces épopées servent d’échappatoire par rapport au quotidien parfois délicat du championnat ?
Ça donne de la force naturellement. Je suis persuadé que ça leur sert cette saison. Je l’ai connu avec d’autres clubs, la coupe apporte toujours et je n’ai jamais vu ça comme une fatigue supplémentaire. Tout le monde peut être concerné, comme le deuxième gardien et des joueurs plus jeunes.
Comment percevez-vous l’évolution globale de Guingamp depuis votre départ en 2010 ?
Il y a eu la descente en national (2010) et le club a fait table rase en gardant très peu de joueurs. Le Graët est parti un an après et le nouveau président, Bertrand Desplat, a apporté le nouveau souffle nécessaire. Pour réussir dans des clubs comme ça, dans des petites villes, il faut travailler sur une dynamique, sur un projet basé sur 3-4 ans. Pour l’instant ils y parviennent chaque année depuis un moment à travers le maintien, même si ça sera serré cette année avec Caen et Dijon.
Et le travail effectué par Jocelyn Gourvennec ?
Je l’apprécie. Il a connu un semi-échec à Bordeaux mais tout dépend des moyens donnés et s’il a eu les mains libres. Ce club devrait être tous les ans en Europa League car c’est une équipe qui a marqué le football français. À Guingamp, il connaît très bien la maison. J’ai ressenti pareil à Châteauroux lors de mon deuxième passage. Quand tu connais tout le monde, on te laisse travailler plus librement.
Propos recueillis par Adrien Mathieu.