Si la 'Roja' va loin dans cette Coupe du monde, elle le devra peut-être au coup de patte de ce petit attaquant technique et têtu (1,76 m), qui n'a brillé dans sa carrière qu'au Celta Vigo, dans le cocon de son club formateur.
Sans le but d'Aspas lundi, l'Espagne aurait sans doute terminé deuxième du groupe B et se serait retrouvée dans la partie de tableau jugée la plus difficile. Au lieu de quoi, les Espagnols ont fini en tête et l'attaquant s'est montré digne d'avoir davantage de temps de jeu face aux Russes, comme remplaçant ou comme titulaire aux côtés du bulldozer Diego Costa (3 buts).
"Nous vivions un moment très difficile puisque nous étions en train de perdre", a souligné Aspas après la rencontre. "Avoir marqué ce but pour finir premier est une immense nouvelle pour nous. Je suis ravi parce que ma famille était là pour me voir jouer pour la première fois en Coupe du monde. C'est un but très important pour moi."
La trajectoire du gaucher galicien est aussi atypique que sa manière de jouer en "faux N.9", entre décrochages, appels et délicieux jeu de remises.
Voilà un attaquant qui n'a débuté en première division qu'à 25 ans avec le Celta, avant de se perdre dans ses problèmes d'adaptation à Liverpool (2013-2014) puis à Séville (2014-2015) et de revenir tête basse à Vigo... où son rendement a décollé : 14 buts en Liga, puis 19, puis 22 cette saison, au point de finir meilleur buteur espagnol du championnat.
Au point aussi de s'inviter dans la liste des 23 pour le Mondial, évinçant un attaquant du calibre d'Alvaro Morata, grâce à ses statistiques impressionnantes : 6 buts en 12 sélections!
A 30 ans, Aspas espère être encore décisif dimanche à Moscou, lui à qui on a souvent reproché de n'être pas prophète hors de Galice. Utilisé comme joker par le sélectionneur Fernando Hierro, il a pour l'instant joué 13 minutes face au Portugal, puis 16 contre le Maroc.
"J'aimerais jouer comme titulaire, mais c'est au sélectionneur de décider", prévenait-il avant le Mondial. "Je ne ressens aucune pression, je suis ici pour prendre du plaisir, profiter de mon temps de jeu en marquant, en délivrant des passes décisives et en travaillant."
Ce joueur à la culture footballistique impressionnante, amateur de "pocha" (un jeu de cartes) à ses heures perdues, peut néanmoins progresser dans la gestion de ses nerfs. En Espagne, les arbitres sont habitués à le voir récriminer chaque décision, avec un caractère qualifié de "volcanique" par la presse espagnole.
Peut-être sera-ce utile dans la chaude ambiance du stade Loujniki (81 000 places), où des dizaines de milliers de supporters russes seront massés dans les gradins ?
"C'est le pays hôte, un adversaire très difficile", a reconnu Aspas, tout en refusant de s'affoler face aux faiblesses, notamment défensives, montrées par l'Espagne au premier tour. "Ce Mondial n'est pas seulement difficile pour nous, c'est difficile pour tous les favoris, l'Argentine, l'Allemagne, le Brésil..."
Et la qualité de l'emblématique jeu de passes de l'Espagne, trop variable d'un match à l'autre ? Vraiment rien d'affolant, selon le Galicien : "Moi, ce qui me tranquillise, c'est de gagner, et tant que je gagne, je suis serein."